Aux Oblates de l’Assomption

SEP 1875 Oblates
Informations générales
  • Aux Oblates de l'Assomption
  • Retraite prêchée par le R. Père d'Alzon - 18 septembre 1875
    Sermon de clôture et de profession
  • CM 380, pp. 37-38.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DU CHRIST DANS L'AME
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 DESIR DE LA PERFECTION
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 JOIE SPIRITUELLE
    1 NOVICE
    1 OBLATES
    1 POSTULANT
    1 PROFESSION TEMPORAIRE
    1 RECHUTE
    1 RELIGIEUSES
    1 THOMAS D'AQUIN
    1 VIE DE SACRIFICE
    2 ANANIE
    2 SAPHIRE
  • Oblates de l'Assomption
  • Oblates
  • du 18 au 25 septembre 1875
  • SEP 1875
La lettre

Je ne m’adresserai pas aujourd’hui à vous seule, ma chère fille, quoique vous puissiez être, je crois, comme le résumé des dispositions de la communauté tout entière, et vos soeurs après cette retraite qui j’espère portera des fruits, vous chargent d’être dans ce moment leur ambassadrice pour s’offrir de nouveau, se donner à Celui qui va devenir votre Epoux. Tout doit se renouveler en vous, vous n’allez plus être simplement une novice, mais une religieuse. Or, écoutez saint Thomas: la différence, dit-il, qu’il y a entre un évêque et tout religieux ou religieuse, c’est que l’évêque est dans l’état de perfection et que les religieux doivent être parfaits. Vous êtes religieuse, voilà la raison du renouvellement qui doit s’opérer en vous, voilà pourquoi désormais vous devez être pure, chaste, dévouée et sainte. Soyez heureuses, mes chères filles, d’assister aujourd’hui à l’émission des voeux d’une de vos soeurs; que les postulantes se disent: un jour viendra où moi aussi je me donnerai et mon bonheur sera d’autant plus grand que je m’y serai mieux préparée. Pour les novices, je leur dirai: rentrez dans le sentiment profond de ce qui va se passer pour votre soeur aînée qui bientôt ne sera plus des vôtres. Examinez dans quel état vous seriez si c’était le moment pour vous de prononcer vos voeux, c’est pourquoi je vous dis: soyez prêtes par la ferveur de votre vie, à répondre toujours à l’appel divin. Veni sponsa Christi. Venez, épouse de Jésus-Christ, recevoir la couronne qui vous a été préparée de toute éternité. Ce bonheur que les anciennes ont déjà éprouvé d’appartenir irrévocablement à Dieu, cette joie qu’un coeur d’épouse et de vierge peut seul ressentir, elles vont le raviver en elles en renouvelant dans leurs coeurs leurs saints voeux dans un sentiment d’amour plus intime, plus profond encore. Vous vous êtes engagées, mes soeurs les anciennes et je pense avec joie, voudriez-vous reculer maintenant? Vous vous êtes données, auriez-vous des regrets, des réserves dans votre don? Mentiriez-vous au Saint-Esprit comme Ananie et Saphyre? non, je ne puis le croire, et ne parlons plus de ces choses qui pourraient assombrir le bonheur de ce jour. Nous allons, à partir de cette retraite, commencer un temps nouveau pour la Congrégation, on exigera de vous des sacrifices douloureux, on brisera vos volontés mais qu’importe? n’êtes-vous pas religieuses? n’avez-vous pas promis fidélité à Dieu? Oui tous nous devons prendre des engagements et il n’y a pas jusqu’à votre Mère qui par l’exemple de ses vertus doive vous dire: soyez mes imitatrices comme je le suis de Jésus-Christ. Vous donc, ma fille, appelée aujourd’hui à devenir l’épouse de Notre-Seigneur, honneur immense qui résume toutes les grâces dont il vous a comblée jusqu’ici et vous toutes qui goûtez déjà ce bonheur, dites dans l’allégresse de votre âme: oh, qu’il est bon d’être à vous, ô mon Dieu, de vous appartenir! Vraiment s’il se trouvait un seul regret parmi vous ce serait trop affreux.

Laissez-moi vous dire, mes filles: la retraite est finie mais elle doit continuer pour vous. Pour moi elle continuera; malgré même un peu de fatigue, je suis résolu à surveiller vos dispositions avec une nouvelle sollicitude. Plus donc de ces misères, il faut marcher, aller à Jésus-Christ. Qu’à partir de cet instant tout disparaisse, tout s’évanouisse devant la très pure action de Notre-Seigneur dans vos âmes. S’il y a encore des chutes parmi vous, sachez les réparer par la pénitence; vous devez être heureuses que l’on vous prenne plus au sérieux que jamais; le temps est venu de ne plus rien vous passer, tout doit être en vous embrasé de l’amour de Jésus-Christ. Si vous n’êtes pas dans de pareilles dispositions, pourquoi rester, pourquoi scandaliser vos soeurs? Je dirai comme le diacre dans la primitive Eglise, au moment des saints mystères: Foris canes, hors les chiens. Cette parole abominable indiquait que les indignes devaient se retirer; mais parmi vous, nous n’allons plus trouver dans les postulantes et les novices que des aspirantes à la sainteté et dans les professes que des âmes parfaites. Votre conversion doit être faite et si elle ne l’était pas, je vous dirai: il est trop tard. Grâce à Dieu, je connais vos bonnes dispositions, mes chères filles, c’est pourquoi je suis très heureux de terminer cette retraite par une profession.

Dans quelques instants, ma fille, lorsque vous vous approcherez de l’autel pour prononcer vos saints voeux, offrez-vous à votre divin Epoux comme l’ambassadrice de vos soeurs, ce sera un jour de joie pour vous mais croyez aussi au bonheur de toutes les personnes qui vous entourent et soyez persuadée que ce bonheur aura même son écho dans le Ciel.

Notes et post-scriptum