Procès-verbaux des réunions du Tiers-Ordre féminin de l’Assomption

1849 Nîmes Tertiaires Dames

Avertissement: voir E00273

Informations générales
  • Procès-verbaux des réunions du Tiers-Ordre féminin de l'Assomption
  • Carnet 1846-1851
    17 à 33. Du 23 janvier au 11 juillet 1849
  • CE 38, pp. 21-46.
Informations détaillées
  • 1 ABUS DES GRACES
    1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 AGONIE DE JESUS-CHRIST
    1 AMOUR DES AISES
    1 AMOUR-PROPRE
    1 APOSTOLAT DE LA VERITE
    1 AUMONE
    1 BENEDICTUS
    1 BON EXEMPLE
    1 CAREME
    1 CHAPITRE DES COULPES
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 CHATIMENT
    1 CONTRITION
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 CORRECTION FRATERNELLE
    1 DEGOUTS
    1 DESIR DE LA PERFECTION
    1 DISTINCTION
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 DONS DU SAINT-ESPRIT
    1 DOUCEUR
    1 ESPRIT CHRETIEN
    1 EXTENSION DU REGNE DE JESUS-CHRIST
    1 FOI
    1 GENEROSITE
    1 GLOIRE DE DIEU
    1 HEURES CANONIALES
    1 HUMILITE
    1 HUMILITE DE JESUS-CHRIST
    1 INFIDELITE
    1 LOUANGE
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 MAGNIFICAT
    1 MISSION DU CAP
    1 MORT
    1 MORTIFICATION
    1 NEUVAINES DE PRIERES ET DE PENITENCES
    1 PAIX DE L'AME
    1 PAUVRETE
    1 PECHE
    1 PENITENCES
    1 PEUR
    1 PORTEMENT DE LA CROIX PAR LE CHRETIEN
    1 PROVIDENCE
    1 RECHERCHE DE DIEU
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 REFORME DU CARACTERE
    1 REGLE DU TIERS-ORDRE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SAINTS DESIRS
    1 SALUT DES AMES
    1 SATAN
    1 SIMPLICITE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
    1 TENTATION
    1 TIERS-ORDRE FEMININ
    1 TRISTESSE
    1 UNION DES COEURS
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VERTU DE FORCE
    1 VETEMENT
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIE DE SILENCE
    1 VIE RELIGIEUSE
    1 VIGILANCE
    1 VOEUX DU TIERS-ORDRE
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 ACHARD, MARIE-MADELEINE
    2 BOLZE, MADAME SIMEON
    2 BOYER, MADAME EDOUARD
    2 CATHERINE DE SIENNE, SAINTE
    2 COIRARD, MIRRA
    2 COSTE, MADEMOISELLE
    2 DEVEREUX, AIDAN
    2 EMMERICH, CATHERINE
    2 FRANCOIS DE SALES, SAINT
    2 GAUDE, MARIE-RODRIGUEZ
    2 GERMER-DURAND, MADAME EUGENE
    2 MARIE-ANNE, SOEUR
    2 MARIE-THERESE, SOEUR
    2 REVEILHE, MADAME
    2 RIGOT, MADAME
    2 VERONIQUE, SAINTE
    3 NIMES, CHAPELLE DE LA CROIX
  • Tertiaires de l'Assomption
  • Tertiaires Dames
  • 1849
  • 1849
  • Nîmes
La lettre

[17] Séance du 23 janvier [18]49

Etaient présentes nos Soeurs M.-Cécile, Prieure, M.-Magdeleine assistante, M.-Dominique, M.-Adélaïde, Anne-M. et M.-Rose, secrétaire nommée dans cette séance. M. d’Alzon, notre supérieur, préside la réunion.

M. le Président nous adresse les paroles suivantes:

En réfléchissant à l’esprit que nous devons apporter dans le T.O., il me semble que nous devons y apporter un esprit complet d’abandon à Dieu qui se manifestera par la bonne volonté. Les paroles que prononcèrent les anges en quittant les bergers: « Gloire à Dieu dans le ciel et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté », doivent nous engager à entrer dans ces dispositions, afin de conquérir cette paix qui est vraiment précieuse et nécessaire pour donner à nos actes la plus grande perfection. La forte volonté détruit les difficultés qui s’élèvent dans l’esprit, les entraves qui naissent dans le coeur et les obstacles que présentent les sens; elle envisage son but et l’atteint malgré les ennuis intérieurs et extérieurs, parce que la grâce de Dieu la soutient. Voilà pourquoi nous étant nourries de cette bonne volonté, il nous sera facile de suivre notre règle; nous la suivrons même avec empressement, avec bonheur, sentant dans sa pratique les heureux fruits de notre exactitude. Nous devons aussi avoir un grand esprit de simplicité et de charité; cet esprit nous portera non seulement à chercher Dieu en toutes choses mais encore à nous communiquer avec discrétion et mesure nos pensées et nos sentiments; cette communication sera plus que profitable, elle sera nécessaire pour avoir l’esprit du T.O. qui nous oblige autant que nous le pouvons à mettre en commun nos biens et nos besoins spirituels. La simplicité fraternelle deviendra pour nous un moyen de correction réciproque à mesure que nous verrons combien nous sommes pauvres, pouvant néanmoins devenir riches par la grâce de J.C., surnaturalisant la vertu de simplicité afin qu’elle ne soit pas indiscrète et qu’elle nous laisse dans les bornes du respect que nous nous devons mutuellement, car la familiarité n’est point la simplicité mais un manque de dignité. Commençons donc à intéresser nos soeurs à nos grands besoins en les leur exposant et insensiblement nous acquerrons l’esprit si désirable de simplicité et de charité.

Comme voulant d’une manière particulière procurer la gloire de Dieu et établir le règne de J.C., nous devons dans ces jours que le monde consacre aux désordres, pratiquer d’une manière spéciale la pénitence et la mortification, afin d’établir cette balance entre le bien et le mal qui arrête la justice divine. Offrez-vous à N.S.J.C. pour les pécheurs, pour les chancelants, pour les faibles et vous leur obtiendrez de cette manière des grâces de salut. N’oublions pas que J.C. est mort pour nous sur la croix et que nous devons à son exemple être prêtes à mourir pour nos frères si leur salut le requérait. Cette disposition généreuse doit se trouver chez ceux qui se font gloire d’être les imitateurs de J.C. et qui veulent le faire connaître et aimer.

Le président nous a posé cette question avant de se retirer: chacune de vous est-elle dans la disposition de servir Dieu [ ] et de se donner à lui autant qu’elle le pourra dans la position de société où Dieu l’a placée?

[18] Séance du 6 février 1849

Présentes nos soeurs M.-Cécile prieure, M.-Magdeleine assistante, M.-Adélaïde, M.-Dominique, M.-Anne et M.-Rose, secrétaire.

Soeur M.-Thérèse était aussi présente et prenait rang parmi nous pour la première fois. La prieure présidait. Un quart d’heure de récréation avait été accordé avant la récitation de l’office en l’honneur de notre nouvelle soeur. Après une causerie pleine d’abandon et de simplicité, on a récité Vêpres et Complies. Notre soeur assistante a fait la lecture du directoire et de quelques pages des constitutions; ensuite la prieure a lu quelques développements faits par elle de la règle.

Coulpes. Les soeurs se sont imposé l’obligation rigoureuse de ne jamais s’entretenir entre elles de ce qui se passe dans les réunions.

[19] Séance du 20 février [18]49

Etaient présentes nos soeurs M.-Cécile prieure, M.-Magdeleine assistante, M.-Adélaïde, M.-Dominique, M.-Anne, M.-Thérèse, M.-Rose secrétaire.

M. le Directeur préside la réunion et nous présente la pensée suivante.

Il est nécessaire de développer en nous l’esprit apostolique qui doit être un des caractères du T.O. Faisons autour de nous tout le bien qu’il peut y avoir à faire et ensuite offrons nos prières pour les pécheurs qui nous sont connus, pour ceux aussi que nous ne connaissons pas et que nous ne connaîtrons peut-être jamais. Que notre prière puisse être utile à ce que grand nombre d’infidèles sur lesquels Dieu a des vues de grâce et de salut. Prions davantage pendant ces jours de pénitence, mortifions-nous le plus possible, chacune dans la mesure de ses forces, sachant mettre de la générosité dans nos moindres actions, car le sacrifice tire son prix non de la chose immolée mais de la disposition avec laquelle on l’immole. Ainsi restons à genoux un peu plus longtemps si nous le pouvons, contentons-nous de pain sec si nous ne pouvons jeûner. Attendons-nous pendant le carême à éprouver des tentations d’ennui, de tristesse, de dégoût: c’est un effet de la pénitence et aussi une suggestion maligne du démon; ne nous arrêtons pas à ces états passagers, mais souvenons-nous que J.C. a vaincu le monde et le démon et que nous vaincrons aussi par sa grâce. Il est bon d’être tenté, a dit l’Esprit… car celui qui n’a pas été tenté, que sait-il? Il ne sait point se connaître ni se défier de lui, le démon le méprise parce qu’il connaît sa faiblesse et qu’il se croit capable de le faire tomber quand il voudra; nous ne devons craindre le mépris de personne excepté celui du démon qui est une malédiction pour nous. Détruisons son empire à jamais dans nos esprits, nous mettant au-dessus de ses attaques et l’obligeant à se retirer par une lutte forte et sage à l’exemple de J.C.

Que la simplicité de nos vêtements nous permette de faire de plus abondantes aumônes, chacune selon nos moyens.

[20] 21 février [18]49

Présentes: Mesdames Durand et Bolze, Mlles Coirard, Gaude et Achard.

Cette séance est remplie par une communication importante. Une lettre de Madame la supérieure de l’Assomption nous communique le projet d’envoyer quelques soeurs de l’ordre fonder une mission au Cap de Bonne Espérance. Ces soeurs ont été demandées par Monseigneur Devéreux, évêque de [ ].

En même temps Mr le Directeur fait proposer par la Prieure à deux soeurs du T.O. de faire partie de la Mission; nos soeurs acceptent avec le plus grand zèle et le reste de la séance se passe à nous féliciter des bénédictions que Dieu accorde à notre association naissante, puisqu’il veut bien prendre dans son sein deux missionnaires.

[21] 10 mars [18]49

Etaient présentes nos soeurs M.-Cécile prieure, M.-Magdeleine assistante, M.-Adélaïde, M.-Dominique, M.-Rose secrétaire.

La prieure préside la réunion.

Après la récitation de l’office, la prieure lit quelques développements sur la règle concernant la vertu d’obéissance: pour mieux montrer la puissance de cette vertu, elle nous expose fort simplement la conduite de sainte Catherine de Sienne dans diverses circonstances de sa vie.

[22] 20 mars [18]49

Présentes nos soeurs M.-Cécile prieure, M.-Magdeleine assistante, M.-Dominique, M.-Adélaïde, M.-Anne, M.-Rose secrétaire.

Notre prieure préside la réunion. Après la récitation de l’office, notre prieure a relu le chapitre de l’obéissance et de la pauvreté, afin que les deux soeurs qui avaient été absentes de la dernière réunion par suite d’un malentendu, en eussent connaissance et afin aussi que ces devoirs de notre règle se gravassent bien profondément dans notre esprit et notre coeur et puissent devenir notre règle de conduite. Il nous a été proposé par notre prieure de faire une neuvaine pour notre soeur M.-Magdeleine afin d’obtenir la santé dont elle a besoin pour pouvoir rentrer au couvent; une seconde neuvaine a été proposée pour une personne inconnue qui voudrait appartenir à l’ordre des religieux; nos soeurs qui entrent avec joie dans les vues de la prieure et partagent ses désirs promettent de commencer de concert ces deux neuvaines. Il a été trouvé nécessaire par nos soeurs M.-Cécile et M.-Magdeleine que nous récitassions avant de nous séparer, Matines et Laudes afin de nous fortifier dans la psalmodie pour laquelle nous laissons encore à désirer et afin aussi de prier un peu plus longtemps en commun pendant le carême.

[23] Séance du 27 mars [18]49

Etaient présentes nos soeurs M.-Cécile prieure, Marie M. assistante, M.-Dominique, M.-Adélaïde, M.-Anne, M.-Thérèse, M.-Rose secrétaire.

Notre prieure préside la réunion. Récitation de l’office: la psalmodie nous a paru plus régulière, les choeurs s’harmonisaient mieux. Notre prieure a lu dans la douloureuse passion de Catherine Emmerich les souffrances de N.S. au jardin des olives, afin de comprendre par les douleurs inénarrables d’un Dieu fait homme pour nous, l’outrage que le péché fait à Dieu, l’horrible mal qu’il est en lui-même et quelle profonde contrition il doit résulter pour nous de l’intelligence de ces choses. Notre prieure a fait ensuite la réflexion suivante: la condamnation de N.S. doit nous rappeler la disposition dans laquelle nous sommes de mourir au monde et à nous-mêmes en devenant membres du T.O.; ne choisissons pas des croix, mais à l’exemple de J.C., laissons-nous charger de celles que Dieu dans son amour et selon nos besoins nous a préparées. Si comme J.C. nous tombons sous le fardeau, apprenons comme lui à nous relever, que la tendresse de ceux qui nous entourent et que nous aimons ne nous empêche jamais d’accomplir la volonté de Dieu, alors même qu’ils devraient être témoins de nos souffrances. Profitons des aides, des appuis que Dieu nous donne pour marcher à la perfection. Souvenons-nous qu’à l’exemple de sainte Véronique, qui pour témoigner son amour à son Maître vint lui essuyer la face et reçut en récompense la ressemblance de J.C. sur son linceul, nous devons devant l’erreur et le mensonge soutenir la vérité de J.C., afin de mériter que ce divin Maître imprime sa ressemblance dans notre esprit et dans notre coeur et dans nos actions. Il pourra nous arriver de tomber plusieurs fois, mais relevons-nous sans découragement et en considérant les souffrances de J.C. souvenons-nous que c’était les abominations de tous les siècles qu’il venait expier et que celles qui se commettent de nos jours firent peser beaucoup la balance des souffrances: pleurons donc sur nous et sur nos enfants.

Si après avoir marché longtemps dans le chemin de la perfection nous faisons des chutes, ne nous étonnons pas; tant que nous serons hommes, nous serons faibles et Dieu permet quelquefois nos chutes pour nous humilier. Laissons-nous dépouiller de nous-mêmes pour nous revêtir de la grâce de J.C. Soyons entre les mains de Dieu sans volonté et sans désir, mais d’une docilité sans borne pour recevoir tout ce qu’il nous enverra. Mettons-nous sous la protection de la Ste Vierge afin que les efforts que nous ferons sur la voie de la perfection où nous nous sommes engagées, soient soutenus et encouragés par elle et dérobés par elle aussi aux regards de notre amour-propre.

[24] Le 10 avril [18]49

Présentes Soeur M.-Cécile prieure, M.-Adélaïde, M.-Dominique, M.-Anne, M.-Thérèse, M.-Rose secrétaire.

Après la récitation de Vêpres et Complies qui laisse toujours beaucoup à désirer, une de nos soeurs a lu un chapitre de saint François de Sales sur l’obéissance. Notre Prieure nous a ensuite donné une petite récréation, après laquelle nous nous sommes retirées.

[25] Séance du 28 avril 1849

Etaient présentes nos soeurs M.-Cécile prieure, M.-Adélaïde, M.-Dominique, M.-Thérèse, M.-Rose secrétaire.

M. le Directeur préside la réunion. C’était après quelques jours de retraite et de préparation à la profession que notre directeur nous réunissait pour nous adresser les réflexions suivantes.

L’esprit du christianisme s’est considérablement affaibli et la ferveur des premiers siècles a disparu complètement de la terre. Le but de notre association est de le faire revivre en commençant d’abord à le développer en nous. Pour arriver à ce résultat il faut travailler sur nous-mêmes; il faut entreprendre la réformation par notre caractère car dans les familles c’est là l’écueil où vient se briser l’opinion que la plupart des hommes prennent de la religion d’après ce qu’ils voient de vous. J.C. fut doux et humble de coeur, voilà le modèle du chrétien et sans ces dispositions point de bien à opérer.

Dispositions à supporter chrétiennement les peines de notre état et de notre position, les peines qu’il plaira au monde de nous susciter, les peines que nous trouverons en nous-mêmes. Comment supporterons-nous toutes ces peines si nous sommes dépourvus de douceur et d’humilité? N’oublions pas que la vie est un passage, un état dans lequel nous devons nous transformer entièrement et que la mortification et la souffrance sont de puissants moyens de transformation. Appliquons-nous à développer dans nos âmes l’esprit de J.C. puisque par notre profession nous allons nous engager à étendre son règne par tous les actes de notre vie. L’esprit de N.S. se traduira en nous par l’esprit de prière que nous ne saurions trop nous appliquer à acquérir et l’esprit de charité sans lequel nos rapports avec nos semblables seront toujours infructueux.

[26] 30 avril 1849. Fête de sainte Catherine de Sienne

Etaient présentes au St Sacrifice, Soeur M.-Cécile prieure, M.-Adélaïde, M.-Anne, M.-Dominique, M.-Rose.

Le coeur plein de joie les soeurs se sont rendues à la cathédrale pour faire profession. M. le Directeur a offert le saint sacrifice dans la chapelle de la Croix, à sept heures du matin. Les soeurs se sont unies de toute la puissance de leur âme et lorsque le supérieur récitait le pater, chacune des soeurs à pris l’engagement suivant.

« En présence de la très sainte et très adorable Trinité et sous la protection de la bienheureuse Vierge Marie, mère de Dieu, moi Soeur… promets à mon Dieu que j’adore, ici présent dans cette hostie, de vivre pendant un an selon la règle du T.O. de l’Assomption de Notre-Dame et de me consacrer selon l’esprit de cette association à étendre par toute ma vie le règne de N.S.J.C. dans les âmes. »

Les soeurs ont participé au saint sacrifice et, après leur action de grâces, elles se sont réunies chez une d’elles pour chanter le Te Deum, se féliciter et se réjouir en Dieu quelques instants.

[27] Le 18 mai [18]49

Présentes nos soeurs M.-Cécile prieure, M.-Adélaïde, M.-Dominique, M.-Anne, M.-Thérèse, M.-Rose.

Après la récitation de Vêpres et Complies, la prieure a fait la lecture d’un chapitre du développement de notre règle qui traite de la charité. Nous avons fait les coulpes et après un instant de récréation nous nous sommes séparées.

[28] Séance du 12 mai [18]49

Etaient présentes nos soeurs M.-Cécile, M.-Adélaïde, M.-Rose secrétaire.

Après la psalmodie de Vêpres et Complies, une de nos soeurs a fait une lecture prise dans saint François de Sales. Après cette lecture notre prieure a dit quelques paroles sur les sept dons du St-Esprit. L’accusation des coulpes a lieu et nos soeurs se sont retirées après un petit moment de récréation.

[29] Dimanche 20 mai [18]49

Devaient être présentes au saint sacrifice les soeurs du T.O afin de se réunir une dernière fois aux pieds des autels à leur soeur M.-Thérèse qui doit partir dans ce même jour pour le couvent de l’Assomption. La maladie de Sr M.-Magdeleine l’empêche d’être du voyage et la retient au lit.

Les soeurs n’ont pu se réunir toutes pour la messe, mais elles viennent toutes prendre congé de leur soeur M.-Thérèse et la féliciter ainsi que la soeur converse qui part avec elle, d’avoir été choisie de Dieu pour la mission du Cap et d’avoir été prise sur un si petit nombre.

[30] Séance du 29 mai [18]49

La réunion a lieu dans la maison des orphelines. Présentes S. M.-Cécile prieure, M.-Anne, M.-Adélaïde, M.-Dominique, M.-Rose secrétaire. Mme Reveilhe, Mme Boyer.

M. le Directeur présidait la réunion.

Il nous adresse la parole en ces termes. Bénissons toujours Dieu dans ce qui nous arrive, et tâchons de reconnaître l’action de la Providence dans tout événement; quelquefois la volonté de l’homme s’oppose à la volonté de Dieu mais souvent Dieu dans sa miséricorde incline avec force et douceur la volonté de sa créature à servir son dessein. Il est essentiel de bien nous pénétrer de l’esprit que nous devons avoir comme soeur du T.O. et du caractère de perfection dont nous devons le plus possible marquer nos actes. Non seulement nous devons être les unes pour les autres un encouragement au bien, mais nous devons encore par toutes nos actions extérieures nous assurer une heureuse influence sur tous ceux qui ont des rapports avec nous. Le but du T.O., ne l’oublions pas, est de faire connaître J.C. et le plus sûr moyen de le faire connaître est de reproduire au dehors son esprit et ses sentiments après les avoir imprimés en nous. Tendre à la perfection, voilà notre tâche. Vouloir non seulement notre salut, notre sanctification à nous, mais le salut et la perfection de tous nos frères. Animons-nous de l’esprit de foi qui seul doit être le mobile de nos actions, appuyons-le sur l’esprit de charité, dont la tendance est de se répandre avec amour, pour faire du bien à tous ceux qui l’approchent. Pratiquons le silence à l’exemple de la Ste Vierge. Il deviendra pour nous un puissant moyen de perfection.

[31] Séance du 12 juin [18]49

Etaient présentes nos soeurs M.-Cécile prieure, M.-Adélaïde, M.-Dominique, M.-Anne, M.-Rose secrétaire, M[me] R[eveilhe], M[me] Boyer.

Notre prieure présidait la réunion.

Après avoir psalmodié Vêpres et Complies, une de nos soeurs a lu [une] paraphrase du Magnificat. La prieure nous a dit quelques mots relatifs à notre vocation de soeur du T.O. Nous avons ensuite fait nos coulpes et la récréation a terminé notre réunion.

[32] Séance du 27 juin [18]49

Etaient présentes nos soeurs M.-Cécile prieure, M.-Adélaïde, M.-Dominique, M.-Anne, M.-Rose secrétaire, Mme Boyer, Mlle Coste.

La prieure préside la réunion.

Selon l’habitude nous avons récité Vêpres et Complies. La prieure a désigné une de nos soeurs pour nous faire la lecture du règlement pour les réunions. Elle a lu ensuite elle-même la paraphrase du cantique Benedictus sur lequel elle a dit les paroles suivantes.

« Je voudrais, mes soeurs, pouvoir vous développer ce cantique qui est un des plus beaux morceaux de notre office, mais le mutisme dans lequel je me trouve par rapport à vous ne me le permettra pas; priez donc, mes soeurs, pour qu’il plaise à Dieu de faire cesser le motif de cet état et qu’à l’avenir je puisse vous faire davantage de bien. Marchons, mes soeurs, selon l’enseignement du cantique, en présence de Dieu afin de rendre notre voie droite et de devenir une lumière pour tous ceux devant lesquels nous devons marcher; n’oublions pas un seul instant notre vocation, mais souvenons-nous que c’est à l’ombre des regards du Seigneur que cette même vocation doit se perfectionner et se consolider. »

Mlle Coste qui est novice s’est retirée, chacune des soeurs a fait sa coulpe, la lecture du procès-verbal a terminé la séance, nous avons eu ensuite quelques moments de récréation.

[33] Séance du 11 juillet [18]49

Présentes nos soeurs M.-Cécile prieure, Anne-M., M.-Dominique, M.-Rose secrétaire, Mmes Reveil[he] et Boyer, Mlle Coste.

M. d’Alzon présidait la réunion.

M. le Directeur nous adresse les paroles suivantes:

« J’avais besoin, mes chères soeurs, de m’entretenir avec vous de la sainte mort de votre soeur M.-Magdeleine, qu’il a plu au Seigneur de rappeler à lui. Il est vrai que cette soeur prétendait à quelque chose de plus que le T.O. mais en attendant que sa santé lui permît de retourner dans le couvent, elle s’était jointe à vous et vous initiait à la vie religieuse par les pratiques qu’elle vous avait engagées à suivre, encore plus par son exemple; elle était au milieu de vous un sujet d’édification et d’encouragement, maintenant aux pieds du trône de Dieu elle sera l’avocate des besoins de votre petite association et la protègera plus puissamment qu’elle n’a pu le faire sur la terre. Elle a payé le tribut que nous payerons tous; la mort est la fin de toute créature, nous devons l’accepter comme la dernière expiation de nos péchés sur la terre et nous préparer par une vie surnaturelle à en détruire les horreurs. Toutefois N.S.J.C. lui-même a voulu connaître les horreurs de la mort quoiqu’il fût la sainteté même. N.S. voulut subir toutes les souffrances de l’humanité et il voulut jusqu’à la fin conserver son caractère de victime. On voit des âmes justes mourir dans des sentiments de crainte, d’autres dans des sentiments de crainte et d’amour. Cependant en général, la mort étant un châtiment, l’homme ne peut la considérer sans émotion, il est bon même pendant la vie de conserver cette crainte qui sera le correctif de toutes nos actions. Sans doute notre vie est bonne, mais ce qui est simplement bon n’est pas assez pour nous que Dieu a comblés de sa grâce; il faut que notre vie soit parfaite, soit sainte, afin de justifier les dons que Dieu nous a faits. On demandera beaucoup à celui qui a beaucoup reçu et c’est ce qui peut rendre terrible pour nous la pensée de la mort! Que de biens spirituels ont péri jusqu’à ce jour dans nos mains par notre faute! Réfléchissons sérieusement et sortons de notre négligence, de notre vie peut-être trop aisée et trop commode pour des disciples de J.C. Nous sommes naturellement si pauvres, si misérables que nous avons besoin d’une grande vigilance pour échapper à nous-mêmes; reconnaissons que nous avons besoin de changer, afin qu’à la mort nous puissions nous épargner les regrets du passé qui est alors sans remède.

Notes et post-scriptum