Procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes

1 feb 1846 Nîmes Tertiaires Hommes
Informations générales
  • Procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes
  • Cahier des procès-verbaux 1845-1847
    14. Séance du 1er février 1846. - L'esprit de l'éducation.
  • Ecrits spirituels, pp. 1329-1332 et Cahiers d'Alzon n° 4, pp. 143-147.
  • DI 208-210, pp. 11-12.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE LA VERITE A L'ASSOMPTION
    1 AMOUR DU PROCHAIN SOURCE DE L'APOSTOLAT
    1 APOSTOLAT DE LA VERITE
    1 ASSOCIATION DE L'ASSOMPTION
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CREATION
    1 ENSEIGNEMENT DE LA VERITE
    1 ESPRIT DE L'EDUCATION
    1 FOI
    1 FORMATION DES AMES DES ELEVES
    1 IMITATION DE DIEU
    1 INCONSTANCE
    1 INTELLIGENCE
    1 PERSEVERANCE
    1 PUISSANCES DE L'AME
    1 REDEMPTION
    1 REFORME DE LA VOLONTE
    1 RELATIONS DU PERE D'ALZON AVEC LES ASSOMPTIADES
    1 REPRESSION DES DEFAUTS DES JEUNES
    1 SPIRITUALITE TRINITAIRE
    1 TIERS-ORDRE MASCULIN
    1 VERTU DE FORCE
    1 VIE DE PRIERE
    2 BASTIEN, CLAUDE-HIPPOLYTE
    2 CARDENNE, VICTOR
    2 CUSSE, RENE
    2 DECKER, FRANCOIS-JOSEPH
    2 EVERLANGE, PIERRE-EMILE-LEON D'
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 GOUBIER, ACHILLE
    2 HENRI, EUGENE-LOUIS
    2 LAURENT, CHARLES
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 MONNIER, JULES
    2 SAUVAGE, EUGENE-LOUIS
    2 SURREL, FRANCOIS
    2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
  • Tertiaires de l'Assomption
  • Tertiaires Hommes
  • 1er février 1846
  • 1 feb 1846
  • Nîmes
  • Collège de l'Assomption
La lettre

[14] Séance du 1er février 1846.

Etaient présents: MM. d’Alzon, Henri, Tissot, Surrel, Laurent, Cusse – Cardenne, d’Everlange, Monnier – Bastien, Goubier, Sauvage, Durand, Decker.

M. d’Alzon lit une lettre de la supérieure de l’Assomption. Le but et l’opportunité de l’Association y sont tracés rapidement, mais de manière à nous faire sentir l’esprit de l’oeuvre, à savoir nous pénétrer fortement de la pensée chrétienne, par la force, par la foi, par l’amour puisés dans la connaissance de Dieu et de son Eglise, et répandre au-dehors, fortement et partout, dans l’intelligence et dans le coeur des enfants cette pensée chrétienne, afin d’agir sur leur être tout entier, sans nous décourager par les obstacles que nous opposeront leur légèreté et leur ignorance.

M. d’Alzon développe ces idées générales.

[Triple communication]

Comment communiquer cette force, cette foi, cet amour aux enfants? Quel est ce triple développement?

Si le chrétien, entrant en communication avec la vie divine, considère son âme comme une puissance, il la trouvera fécondée incessamment par tout l’être de Dieu. Dans le Père, elle développe sa force, dans le Fils, son intelligence; et, à mesure qu’elle connaît la vérité, elle se sent portée vers elle, elle s’y attache, elle l’aime: c’est le Saint-Esprit qui s’abaisse alors vers elle, qui la prend, qui la soulève. Sans ce triple développement, la vie de l’âme est incomplète; et pour réaliser en lui toute la perfection à laquelle il doit aspirer, le chrétien doit laisser agir en lui cette triple influence de la vie divine qui s’écoule en lui par une triple communication.

1. La force. Combien elle nous est nécessaire! Descendons dans notre coeur, nous y découvrons une volonté brisée, nous voulons et nous ne voulons pas. Le vice originel arrête nos élans et rend stériles nos efforts. Avec cette faiblesse intime, comment prétendre à manifester Dieu? Et quels moyens de nous y aider, si ce n’est de nous rendre à notre force primitive, en nous retrempant dans la puissance même de Dieu, en nous manifestant nous-mêmes, comme lui, par la puissance. Plus nous serons forts, plus nous manifesterons Dieu puissamment et efficacement; plus nous resterons dans notre faiblesse, plus nous serons impuissants à répandre la vie chrétienne dans les coeurs, et notre action sera sans effet. Sortons donc de notre faiblesse, et, les regards élevés vers Dieu, apprenons les ressources qui nous sont offertes pour nous relever, pour nous rendre à notre dignité, et reconquérir notre force.

Voyons comment Dieu lui-même agit, et comment il se manifeste: il crée, il répare; c’est par cette double action qu’il se manifeste dans le monde. Imitons Dieu dans son action réparatrice, et par elle manifestons en nous l’élément de la force, nous le pouvons. Réparons notre petit monde à nous, et le petit monde qui nous environne. Dans cette oeuvre de réparation, Dieu nous associe à lui, et a voulu que nous fussions ses coopérateurs. Comment craindre et hésiter? Aidés ainsi de la force de Dieu, recueillant en lui notre volonté divisée et partagée, nous communiquerons efficacement aux enfants la force qui leur manque et qui nous aura été transmise. Sans doute, il nous faut beaucoup de puissance pour lutter contre les obstacles nombreux que nous opposeront les caractères des enfants, contre leurs rebuts, contre le mal, contre toutes les influences de l’esprit de ténèbres. Il nous faut une force immense; mais nous l’aurons en Dieu et avec Dieu. Prions, persévérons; donnons nous-mêmes l’exemple, soyons de bons modèles, faisons comme Notre-Seigneur; coepit facere et docere.

2. L’intelligence. Un des moyens de communiquer cette force, c’est l’enseignement, par lequel nous ferons connaître la vérité. Mais combien notre intelligence est obscurcie! que de ténèbres se dissiperont peu à peu! Voyons ce que nous sommes, comprenons les oppositions de nos coeurs, entrons dans la connaissance du monde, apprécions-le à ce qu’il vaut; dégoûtons-nous de notre volonté faible qui sachant le bien fait toujours le mal. A la lumière de la foi ces misères nous seront clairement révélées; et dépossédés de l’orgueil, du mensonge, de l’illusion, nous serons préparés à recevoir la vérité à laquelle nous nous serons volontairement et courageusement crucifiés. C’est elle qui nous affranchira de l’esclavage de notre volonté languissante, et nous donnera le désir de sortir de cette confusion où nous sommes pour nous attirer vers elle et nous placer dans ses clartés.

Lorsque la vérité sera ainsi incorporée à nous, quand nous nous la serons appropriée, ne nous inquiétons pas de savoir comment nous la communiquerons. La bouche parle de l’abondance du coeur. A mesure que la vérité se sera inoculée dans nos âmes, elle fera irruption au-dehors; nous nous sentirons sollicités de diriger aussi les enfants vers Dieu, de les affranchir du mensonge, d’élever leur âme vers la vérité, de les transformer en elle, en leur faisant comprendre qu’il n’y a rien de réel, rien de bon que la vérité. Nous deviendrons ingénieux, la charité aidant, à nous emparer d’eux, à leur présenter la vérité sous toutes ses formes, à savoir découvrir dans ces caractères viciés la matière inflammable qui s’y cache et sur laquelle il suffit de jeter l’étincelle.

3. L’amour. La vérité n’est pas seulement un objet de système, un objet de pensée pour le chrétien. Elle est surtout un objet d’amour; et celui qui la cherche, qui la désire, une fois qu’il la possède, se passionne pour elle. Cet amour, où le puisons-nous sinon en Dieu lui-même, en entrant plus avant dans les réalités de l’Etre divin, en nous attachant fortement à la vie véritable qui est en Dieu, qui est dans l’Eglise. Si nous avons nous-mêmes cet amour de la vérité, nous travaillerons généreusement à la faire aimer aussi des enfants, à lutter contre les influences mauvaises qui entourent leur faiblesse, contre le mal qui est dans leur coeur; nous nous passionnerons du désir de les délivrer, de les affranchir, de les élever jusqu’à la vérité, de les y attacher, de les y dévouer.

Notes et post-scriptum