Procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes

1846 Nîmes Tertiaires Hommes
Informations générales
  • Procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes
  • Cahier des procès-verbaux 1845-1847
    21 à 23. Du 22 mars au 5 avril 1846.
  • DI 208-210, pp. 18-21.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 ADORATION DU SAINT-SACREMENT
    1 AMOUR DES ELEVES
    1 BON EXEMPLE
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 COMMUNION DES SAINTS
    1 CONVERSATIONS
    1 CRAINTE
    1 DEVOTION AU CRUCIFIX
    1 DEVOTION EUCHARISTIQUE
    1 EMPLOI DU TEMPS
    1 ENNEMIS DE LA RELIGION
    1 ETERNITE
    1 EXERCICES RELIGIEUX
    1 FIDELITE A L'ESPRIT DE LA REGLE
    1 FOI
    1 FRANCHISE
    1 GLOIRE DE DIEU
    1 HUMILITE
    1 JUGEMENT DERNIER
    1 LACHETE
    1 OUBLI DE SOI
    1 PARESSE
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PIETE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 PRIERES AU PIED DE LA CROIX
    1 PUNITION DES ELEVES
    1 RECONNAISSANCE
    1 REPRESSION DES DEFAUTS DES JEUNES
    1 ROUTINE
    1 SALUT DES AMES
    1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
    1 SURVEILLANCE DES ELEVES
    1 TIERS-ORDRE MASCULIN
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOIE UNITIVE
    2 BLANCHET, ELZEAR-FERDINAND
    2 CARDENNE, VICTOR
    2 CUSSE, RENE
    2 DECKER, FRANCOIS-JOSEPH
    2 EVERLANGE, PIERRE-EMILE-LEON D'
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 HENRI, EUGENE-LOUIS
    2 JOVENICH
    2 LAURENT, CHARLES
    2 MONNIER, JULES
    2 SAUVAGE, EUGENE-LOUIS
    2 SURREL, FRANCOIS
    2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
  • Tertiaires de l'Assomption
  • Tertiaires Hommes
  • du 22 mars au 5 avril 1846
  • 1846
  • Nîmes
  • Collège de l'Assomption
La lettre

[21] Séance du 22 mars 1846.

Etaient présents: MM. Surrel, Tissot, Henri, Laurent, Cusse – d’Everlange, Blanchet, Jovenich, Monnier – Sauvage, Decker, Germer-Durand.

Un membre revient sur la proposition faite dernièrement de nous réunir ensemble plus souvent, de causer entre nous avec plus d’intimité. Les heures où nous sommes libres soit de nos classes, soit de nos occupations, soit de nos fonctions particulières, sont déjà réservées à nos élèves, à qui nous les consacrons. Ne pourrait-on pas fixer quelques heures, régler d’une manière précise ces entretiens si désirables. – La Réunion préfère ne rien fixer à cet égard. – Il faut laisser venir ces conversations d’elles-mêmes, sous l’impression du moment; les rendre obligatoires serait en détruire la liberté, et par cela même, tout le fruit et tout l’avantage.

Nous nous occupons de nos séquestrés, nous nous les recommandons les uns aux autres. Ne les laissons pas seuls à eux-mêmes, soutenons-les.

A défaut d’une lettre du P. Directeur, on entend une seconde lecture de celle de dimanche dernier. – Nous revenons encore sur l’esprit de piété à inspirer à nos élèves. Deux membres expriment à ce sujet quelques craintes sur la petite Association commencée à la chapelle. N’a-t-elle pas eu la main forcée? N’est-il pas à craindre que les élèves n’aillent là que pour être vus et remarqués du Maître qui se trouve régulièrement à l’heure où ils vont à la chapelle? N’est-ce pas ensuite assujettir les enfants à une pratique un peu routinière?

La Réunion prend en considération ces diverses objections. Il faudra s’assurer si la présence seule de leur Maître rend en effet les élèves réguliers à l’Adoration. Il sera bon peut-être que peu à peu ils s’habituent à ne plus le trouver à la chapelle à l’heure où ils s’y rendent eux-mêmes. On pourra savoir alors si leur exactitude et leur régularité se maintiennent.

Relativement aux pratiques, nous devons nous efforcer d’élever avec soin nos enfants jusqu’au sens moral qu’elles renferment, – les sortir de l’esprit de routine – leur donner le sentiment du sérieux qu’il faut apporter dans ces actes extérieurs de foi, – leur apprendre à toujours les surnaturaliser – les placer dans l’esprit de prière – les faire prier les uns pour les autres – leur faire demander à Dieu d’être éclairés de leurs défauts – les arracher à l’esprit étroit et égoïste de cette dévotion qui hait et ridiculise le monde qui repousse et condamne la religion.

Approuvé dans la réunion du 29.

Le Secrétaire, Monnier – Le Président, Surrel.

[22] Séance du 29 mars 1846.

Etaient présents:

Le président donne lecture de la lettre de M. d’Alzon.

M. d’Alzon appelle notre attention sur l’emploi du temps et nous engage à l’examiner en regard de l’éternité d’un côté, et de l’autre en souvenir des âmes pieuses qui remplissent d’oeuvres leur vie toute dévouée à Dieu. Que faisons-nous pendant ce temps? Qu’avons-nous fait du passé qu’employaient si chrétiennement ces âmes généreuses? Que faisons-nous du présent qui nous mène à l’éternité?

« Sommes-nous fidèles à nos règlements? » nous dit encore M. d’Alzon. Quelques membres reviennent sur les difficultés d’observer fidèlement un règlement de vie. Il ne s’agit que de s’y mettre. Peu embrasser à la fois est le meilleur, renvoyer toujours est le moyen de grossir les difficultés. On perd dans ces hésitations un temps infiniment précieux.

Le plus difficile est d’accomplir toutes ses actions dans la présence de Dieu, de tout lui rapporter, de lui faire l’offrande générale de chacun des moments de sa journée.

La conversation s’engage sur ces pensées. Chacun de nous communique ses moyens, ses essais, ses expériences.

1. D’abord prier Dieu de nous mettre dans ces dispositions; on ne s’y met pas tout seul. Il faut désirer, vouloir, demander et on l’obtient. Deus dabit spiritum bonum.

Une foule de moyens peuvent nous placer dans cet esprit de prière. Tantôt on s’unit aux saints qui combattent dans le ciel, aux saints qui combattent sur la terre, avec les uns et les autres on chante le Credo de la joie et de l’espérance. De cette sorte on s’associe à la vie de l’humanité chrétienne et les actions prennent alors un caractère sérieux qui les grandit et les élève. On en sent toute la responsabilité, on comprend que l’acte le plus indifférent, accompli en union avec la société chrétienne, a sa valeur et son prix particulier, et qu’en toute chose on peut prier pour une âme, expier pour une âme, alléger une souffrance, acquitter une dette. Toutes les actions se font alors dans la charité, pour la plus grande gloire de Dieu, par dévouement et immolation aux âmes rachetées par Jésus crucifié.

2. Tantôt ce seront bien simplement de petits moyens extérieurs: les yeux se porteront vers le crucifix, dans les classes, dans les études, au réfectoire, à la bibliothèque, etc. et le regard de J.C. agira sur les âmes pour réprimer un ennui, un découragement, une impatience, un moment de laisser-aller, un goût de paresse, des distractions oisives. L’heure qui sonne pourra nous rappeler au souvenir du temps qui s’échappe et fuit, à la pensée du jugement où Dieu nous demandera compte de toutes nos heures et du bien que nous n’aurons pas fait et du bien que nous aurons mal fait.

3. Avant les classes, on pourra s’habituer à venir aux pieds du St Sacrement offrir son enseignement à Dieu, lui demander de le bénir. Après, lui rapporter là humblement tout le bien qu’on aura pu faire, le remercier du soutien qu’il nous aura donné, le remercier des ennuis ou des humiliations que nous aurons éprouvés.

4. De simples aspirations vers Dieu – la pensée de la mort, du jugement – l’exactitude dans la distribution du temps – une parole de l’Ecriture Sainte sur l’on se répétera dans la journée: Si modo moriturus esses quid faceres? – Quid hoc ad aeternitatem? – Quid nunc Christus? Ce sont autant de rappels au devoir par lesquels on peut soutenir son attention, et l’élever vers Dieu sans effort, paisiblement, à l’aise, sans préoccupation.

5. Avant tout ne cherchons pas à être les artisans de notre perfection, ne nous confions pas dans nos moyens, dans nos méthodes; une seule pensée nous suffit, celle-ci: l’avenir ne nous appartient pas. Il est le fruit de notre imagination. Dieu veut que nous agissions dans les limites qu’il nous trace lui-même, celles du moment présent. Reposons-nous là-dessus. Nous sommes certains en prenant les circonstances telles qu’elles sont de remplir la volonté de Dieu. Allons avec cela simplement, en toute confiance, et les appréhensions, les hésitations, les scrupules cesseront bientôt.

[23] Séance du 5 avril 1846.

Présents: MM. Surrel, président, Tissot, Henri, Laurent, Cusse – Blanchet, d’Everlange, Cardenne, Jovenich, Monnier – Durand, Sauvage, Decker.

M. Surrel donne lecture de la lettre de M. d’Alzon.

M. d’Alzon nous invite à méditer la passion de N.S.J.C.

La conversation s’engage sur les prières à la chapelle. On s’entretient des moyens d’y surveiller les élèves, de leur faire suivre avec plus d’attention et plus de recueillement les exercices religieux.

Prions d’abord avec eux en esprit de foi. Commençons nous-mêmes par bien prier. Notre prière fortifiera leur prière, unies entre elles elles formeront un faisceau beaucoup plus fort que les prières isolées.

En général lorsque nous parlons de la piété à donner à nos enfants, envisageons sévèrement la nôtre, et voyons ce que nous faisons nous-mêmes.

La méditation de la Passion occupe la fin de l’entretien.

Si nous nous replaçons les uns les autres au pied de la Croix, si nous savons y placer nos enfants, collègues nous nous aimerons plus vivement encore, maîtres nous nous sentirons davantage pressés du zèle de la charité pour nos élèves.

Nous avons parlé de quelques isolements regrettables entre nous, de certaines réserves, d’un manque d’ouverture. Réunissons-nous les uns les autres sous le regard de Jésus-Christ attaché à sa croix, et nous rougirons de nous isoler quand Dieu nous rapproche par ces tendres appels de la charité; nous nous reprocherons de nous réserver quand Dieu se donne tout à nous.

Les yeux attachés sur ce divin corps tout meurtri qui souffre pour les hommes, nous nous perdrons de vue nous-mêmes, nous nous détacherons de nos ennuis, de nos contrariétés, de nos peines, pour nous reporter avec amour et compassion sur les ennuis, sur les contrariétés, sur les peines des autres.

Et si nous sentons la patience nous manquer avec nos élèves, le découragement nous surmonter, ou bien le zèle du salut des âmes s’affaiblir, pensant avoir assez fait quand nous aurons rempli envers nos élèves ce que nous pouvons appeler nos fonctions extérieures: allons encore nous mettre au pied de la croix et, en interrogeant les souffrances que les chutes, les abandons, les trahisons de ces pauvres jeunes âmes causent à Jésus, nous retrouverons le zèle, l’amour, le dévouement que la charité nous commande d’avoir pour elles en vue de N.S. Jésus-Christ. – C’est dans la méditation des souffrances de N.S. pour les âmes que l’on prend les meilleures inspirations du zèle, et que l’on s’anime à soutenir toutes les faiblesses, à aider toutes les indigences de ces natures débiles, chancelantes, irrésolues, à pénétrer courageusement dans tous les vices, à descendre jusqu’au fond des plus tristes corruptions pour y aller dégager les coeurs.

Notes et post-scriptum