Procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes

1846 Nîmes Tertiaires Hommes
Informations générales
  • Procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes
  • Cahier des procès-verbaux 1845-1847
    36 à 38. Du 2 août au 1er novembre 1846.
  • DI 208-210, pp. 39-43.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DES AISES
    1 AMOUR DES ELEVES
    1 AMOUR DU CHRIST
    1 ASSOCIATION DE L'ASSOMPTION
    1 BON EXEMPLE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CRITIQUES
    1 DISTINCTION
    1 EDUCATION EN FAMILLE
    1 ENERGIE
    1 ESPRIT CHRETIEN
    1 ESPRIT SURNATUREL A L'ASSOMPTION
    1 FOI
    1 GENEROSITE
    1 IDEES DU MONDE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 MATERIALISME
    1 MORTIFICATION
    1 NEGLIGENCE
    1 OFFICE DE JESUS
    1 ORAISON
    1 OUBLI DE SOI
    1 PIETE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 REFORME DE LA VOLONTE
    1 REFORME DU CARACTERE
    1 REGLE DU TIERS-ORDRE
    1 RESPECT
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 SURVEILLANCE DES ELEVES
    1 TIEDEUR
    1 TIERS-ORDRE MASCULIN
    1 TOLERANCE
    1 TRAVAIL DE L'ETUDE
    1 VACANCES
    1 VERTU DE FORCE
    1 VIGILANCE
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 AUGIER
    2 BLANCHET, ELZEAR-FERDINAND
    2 CARDENNE, VICTOR
    2 CUSSE, RENE
    2 DECKER, FRANCOIS-JOSEPH
    2 DUROZOY
    2 FERRY, FRANCOIS-LEON
    2 GAIRAUD, ABBE
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 HENRI, EUGENE-LOUIS
    2 HENRI, ISIDORE
    2 JOVENICH
    2 LAURENT, CHARLES
    2 MONNIER, JULES
    2 PRADEL, ABBE
    2 ROCHER
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 SAUVAGE, EUGENE-LOUIS
    2 SURREL, FRANCOIS
    2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
  • Tertiaires de l'Assomption
  • Tertiaires Hommes
  • du 2 août au 1er novembre 1846
  • 1846
  • Nîmes
  • Collège de l'Assomption
La lettre

[36] Séance du 2 août 1846.

Présents: MM. d’Alzon, Tissot, Surrel, Laurent, Blanchet, Cusse, Cardenne, Monnier, Durand, Isidore, Decker.

Présidence de M. d’Alzon.

M. d’Alzon nous donne quelques avis sur l’emploi de nos vacances. Les vacances sont un temps d’épreuve. Les résolutions s’y oublient souvent, on y perd quelquefois les bonnes habitudes prises dans l’année. – Prions d’abord fidèlement les uns pour les autres, demandons pour chacun les grâces qui lui sont plus particulièrement nécessaires. – Il faut encore nous soutenir nous-mêmes par l’oraison. Ceux qui ont travaillé et ont besoin de repos prieront, méditeront, feront des lectures pieuses, emploieront leurs vacances à s’avancer dans la piété.

Avant de reprendre nos travaux à la rentrée des classes, nous nous recueillerons dans une Retraite à laquelle nous tâcherons d’assister. – Jusque-là maintenons-nous dans un esprit de vigilance, d’observation, de zèle.

Vigilance. – Nous pourrons courir des dangers au milieu des gens parmi lesquels nous allons nous trouver. Ils ne pensent pas comme nous, ils ont une vie plus commode, ils se laissent aller. Nous trouverons dans leur société des occasions de distraction, d’entraînement, tout aussi bien que nos élèves. Soyons donc exacts à commencer nos journées par la prière, et possédons-nous, autant que possible, dans la présence de Dieu, pendant la journée.

Observation. – Dans cette vie du dehors que nous font les vacances, nous avons une foule de choses à apprendre. On discutera nos idées, on nous fera des objections; il faut étudier ces idées contraires aux nôtres, nous nous éclairerons nous-mêmes par ces objections. Elles nous feront approfondir nos sentiments particuliers, elles en seront le contrôle nécessaire et avantageux. A ce point de vue nous pouvons profiter beaucoup des vacances. – La pensée de nos enfants ne doit pas non plus nous abandonner. Que d’observations à recueillir dans leur intérêt, sur les dangers que court la jeunesse au milieu des moeurs actuelles! Que de remarques particulières à faire sur les enfants, sur les familles! sur les influences diverses qui agissent sur nos élèves!

Zèle. – Notre mission étant de contribuer au salut des âmes dans la mesure de nos moyens d’action, soit par nos exemples, soit par nos conseils, – n’oublions pas que nous avons à faire respecter la religion par notre tenue. Notre position nous impose une certaine dignité dans la conduite, dans les paroles, dans l’extérieur. Nous sommes comme une lumière placée sur la montagne pour éclairer à l’entour. Chacun de nous a sa part de lumière à répandre: on nous regardera faire, on nous écoutera. Que tout en nous soit digne de notre mission.

M. d’Alzon ajoute à ces recommandations générales quelques avis particuliers. – Se faire un règlement. – Pratiquer quelques mortifications. – S’imposer un travail, se perfectionner dans ses études.

Nous nous ferons une obligation de conscience de la surveillance des élèves qui seront dans notre voisinage. Ceux de nous qui seront éloignés pourront écrire aux élèves sur lesquels ils avaient quelque influence. Occupons-nous enfin des moyens de gagner de plus en plus un ascendant moral sur nos élèves. Nous avons eu d’heureux et consolants résultats pendant cette année qui finit. Qu’ils nous encouragent à redoubler d’efforts pour l’année qui vient.

[37] Séance du 25 octobre 1846.

Présents: MM. d’Alzon, Tissot, Henri, Pradel, Blanchet, Cusse, Isidore, Cardenne – Monnier – Laurent, Durand, Sauvage, Decker, Gairaud, Rocher, Ferry.

Présidence de M. d’Alzon.

L’heure des Réunions, pendant l’hiver, est fixée, jusqu’à nouvel ordre, à 5 h. 1/2 du soir. Elles se termineront à 7 h.

M. d’Alzon propose, et la Réunion accepte comme membres particuliers, MM. Gairaud(1), Rocher et Ferry. – MM. Augier et Hippolyte assisteront aux Réunions en alternant avec MM. Isidore et Jovenich.

Quelques membres communiquent à la réunion les observations qu’ils ont faites pendant les vacances dans l’intérêt de l’Assomption. Ils ont été frappés du peu de coopération que nous avons à espérer de la part des familles. Les enfants, pendant les vacances, sont à peu près abandonnés à eux-mêmes. Les parents, même les plus chrétiens, négligent à leur égard leurs plus sérieux devoirs. Il faut nous y résigner. Nous avons à opérer le bien sans les parents, souvent même en opposition avec eux. C’est un fait affligeant assurément que cette incapacité des familles, et l’incurie déplorable qu’elles montrent dans une matière aussi grave est une des plaies les plus profondes de notre société. Mais cette incurie et cette incapacité sont bonnes en un sens: car nous y trouvons une leçon et un avertissement. Nous comprendrons mieux par là combien il est nécessaire de donner à nos élèves une éducation intelligente sous le rapport religieux. Leur éducation est, à ce point de vue, on ne peut plus grossière. Les laisser dans cette grossièreté, c’est perpétuer pour l’avenir les obstacles que le bien rencontre aujourd’hui. Il faut donc nous substituer aux parents, et réagir contre leur influence. Le mal, nous le voyons, vient de l’autorité. Les parents manquent à eux-mêmes. Aimons ces enfants mieux qu’ils ne sont aimés, imposons-nous une plus rigoureuse obligation du zèle et du dévouement; prenons contre les abus un esprit plus soutenu encore de force et d’énergie.

La bonne tenue à l’église de quelques-uns de nos élèves a été remarquée pendant les vacances, et a impressionné très favorablement certains parents. Cette bonne impression doit nous confirmer dans nos résolutions, et nous encourager à persister dans notre esprit. La difficulté sera toujours de réagir contre l’autorité de l’exemple et contre l’influence des habitudes de famille sans ruiner le respect et l’obéissance. Nous avons à abriter nos élèves contre leurs parents sans leur faire soupçonner nos légitimes défiances.

On renouvelle contre nous l’objection qui nous a été faite au commencement. L’Assomption, nous dit-on, est un oeuvre d’antagonisme religieux, une oeuvre de parti. – Il n’y a qu’à répondre avec la même politesse à ces puériles objections. Si l’on envisage au point de vue chrétien le but que nous nous sommes proposé d’atteindre, évidemment nous faisons une oeuvre d’antagonisme. Quiconque veut le bien doit combattre contre le mal. Quant aux intentions que l’on nous prête de faire une oeuvre de parti, nous n’avons simplement qu’une fin de non-recevoir à apporter à cette accusation. Elle n’est fondée sur aucun fait.

M. d’Alzon consulte la Réunion sur les travaux particuliers que nous avions eu le projet de régulariser dans nos réunions. Ce projet demeure ajourné. M. d’Alzon invite toutefois ceux de nous qui trouveraient des loisirs au milieu de leurs occupations à ne point renoncer à ces travaux, et il désire en voir réaliser quelques-uns.

Il consulte la Réunion sur le choix des sujets à traiter de préférence dans nos conférences de cette année. Un cours de pédagogie chrétienne semble plus particulièrement utile, et est choisi à l’unanimité.

M. d’Alzon termine la séance par quelques réflexions sur l’esprit de dévouement. – L’inculquer fortement à nos élèves. Il se perd chaque jour, sous l’influence du matérialisme des gouvernants, dans la société; dans les familles on ne songe plus qu’à faire fortune, les parents inspirent à leurs enfants dès le berceau des idées de matérialisme pratique qui leur font aimer l’or, la vie commode, et les rendent instinctivement avares. – Résistons à cette funeste influence en ramenant nos enfants à l’esprit de générosité, au dévouement, dans la prière comme dans l’étude. – Mais n’oublions pas que pour communiquer l’esprit de dévouement, il faut l’avoir en nous. De là l’obligation pour nous de revenir fortement à Jésus-Christ, de nous unir à lui, d’apprendre de lui à nous dévouer continuellement.

[38] Séance du 1 novembre 1846.

Présents: MM. d’Alzon, Tissot, Henri, Pradel, Cusse, Isidore, Cardenne – Jovenich, Monnier, Hippolyte – Laurent, Durand, Sauvage, Decker, Ferry, Rocher.

Présidence de M. d’Alzon.

M. d’Alzon propose comme un postulant M. Durozois, et arrête la liste des m[embres] de l’Association.

La Réunion décide l’impression du p[etit] office des Grandeurs de Jésus.

M. d’Alzon donne aux nouveaux membres quelques détails sur l’esprit de l’Association, indique les pratiques à observer, et répond à quelques objections qui lui sont faites.

L’esprit de J.C. est devenu étranger à un bien grand nombre de chrétiens. Si nous voulons agir sur les âmes, nous devons aspirer cependant à nous empreindre fortement de cet esprit surnaturel, le mettre en nous à l’état de vie, le faire passer chez nous à l’état d’habitude. – C’est le but de notre Association. Nous cherchons, par une étude plus sérieuse de la foi, à éclairer notre esprit des lumières de la vérité, par une vie plus disciplinée et plus austère, à fortifier notre volonté, à relever de plus en plus nos caractères. Ainsi nous nous dépouillerons des idées mondaines dont s’est mélangée la foi dans la plupart des esprits, et nous protesterons contre les désordres de la sensualité, de l’égoïsme, de l’ignorance, par le savoir, le dévouement et la mortification.

Objection. – Cette discipline à laquelle nous essaierons de ployer notre coeur et notre esprit n’aura-t-elle pas le grave inconvénient de modifier trop sensiblement nos habitudes extérieures, et ne risquons-nous pas ainsi de perdre l’influence que nous désirons exercer pour le bien?

Cet inconvénient subsiste sans doute très fâcheux, très désagréable chez les caractères faibles qui s’absorbent dans les pratiques pieuses, et y laissent périr leur individualité, au lieu de s’aider de ces pratiques pour fortifier leur faiblesse ou régler leur énergie. C’est un abus. Mais nous n’avons pas à nous occuper des abus possibles. Il doit nous suffire de nous tenir en garde contre eux et de nous surveiller nous-mêmes sur ce qui pourrait nous y entraîner. L’esprit de force que nous prendrons d’ailleurs dans une union plus intime avec J.C. nous préservera de ces entraînements.

Objection. – Mais le monde ne se blessera-t-il pas de notre protestation contre ses idées?

Inévitablement nous le blesserons, et malgré tous les ménagements viendra un moment où nous lui déplairons. J.C. a été moqué: on se moquera de nous. J.C. a été repoussé par le monde, on nous repoussera. C’est la règle. Mais là n’est pas la difficulté principale. A quelles limites doivent s’arrêter les concessions que nous devons faire? Jusqu’où doivent reculer la foi et le courage du chrétien qui veut avancer dans l’amour de J.C. et vivre de son esprit? Ramenées à notre question, les difficultés sont peut-être moins embarrassantes à résoudre, ce n’est plus qu’une question de plus ou moins dans la bonne volonté.

Notes et post-scriptum
1. Le manuscrit a *Gairand*.