Procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes

mar 1847 Nîmes Tertiaires Hommes
Informations générales
  • Procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes
  • Cahier des procès-verbaux 1845-1847
    52 et 53. Séances des 14 et 21 mars 1847. - La sagesse.
  • Ecrits spirituels, pp. 1315-1320, et Cahiers d'Alzon, n° 5, pp. 163-170.
  • DI 208-210, pp. 70-70 quinto.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE GRACES
    1 AMOUR-PROPRE
    1 ASSOCIATION DE L'ASSOMPTION
    1 CIEL
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONFIRMATION
    1 CONTRARIETES
    1 DONS DU SAINT-ESPRIT
    1 EDUCATION RELIGIEUSE
    1 EFFORT
    1 EXERCICES RELIGIEUX
    1 FOI
    1 GLOIRE DE DIEU
    1 HAINE
    1 LUTTE CONTRE LE MAL
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 MAISONS DE CAMPAGNE
    1 MAUVAISES CONVERSATIONS
    1 MAUVAISES PENSEES
    1 MEDISANCE
    1 MISSION DES LAICS
    1 MORALE
    1 ORDRE SURNATUREL
    1 PARESSE
    1 PRIERES AU PIED DE LA CROIX
    1 PRUDENCE DE LA CHAIR
    1 PURETE D'INTENTION
    1 RESISTANCE A LA GRACE
    1 ROUTINE
    1 SAGESSE DE DIEU
    1 SAGESSE HUMAINE
    1 TIEDEUR
    1 TIERS-ORDRE MASCULIN
    2 BLANCHET, ELZEAR-FERDINAND
    2 CARDENNE, VICTOR
    2 CUSSE, RENE
    2 DUROZOY
    2 FERRY, FRANCOIS-LEON
    2 GAIRAUD, ABBE
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 HENRI, EUGENE-LOUIS
    2 PRADEL, ABBE
    2 ROCHER
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 SAUVAGE, EUGENE-LOUIS
    2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
  • Tertiaires de l'Assomption
  • Tertiaires Hommes
  • 14 et 21 mars 1847
  • mar 1847
  • Nîmes
  • Collège de l'Assomption
La lettre

[52] Séance du 14 mars 1847.

Présidence de M. d’Alzon. – Présents: MM. Tissot, Sauvage, Pradel, Gairaud, Durozoy, Cardenne, Rocher, Blanchet, Ferry, Germer-Durand, Cusse, Henri (Eug.), Saugrain.

L’instruction a pour objet la vertu de sagesse.

[La vertu de sagesse]

La sagesse est une vertu qui consiste à donner à nos actes bons un motif supérieur. Elle est un don du Saint-Esprit, don bien précieux, d’autant plus précieux qu’il est plus rare. Si l’on examine l’ensemble de la vie chrétienne, même de la meilleure, on la trouvera toujours empreinte de taches, de fautes qui en ternissent l’éclat. Toutes les actions qui en forment le tissu ne sont pas faites pour des motifs surnaturels. Et pourtant c’est là ce que la sagesse demande. Elle nous ordonne de tout faire avec la pensée et la crainte du Seigneur: Sapientia timor Domini. Mais bien loin qu’il en soit ainsi d’ordinaire on accomplit tout d’une manière commune, vulgaire, étrangère à toute pensée de foi. Essayons de donner à chacun de nos actes l’importance convenable, et que cette importance grandisse par le sentiment surnaturel, le sentiment de foi auquel nous rapportons ces actes. La chose n’est pas facile sans doute. Il faudra d’abord beaucoup d’efforts dans la prière pour écarter toutes les distractions. Parmi nous, les uns disent l’office, les autres y assistent: nous faisons tous des actes de piété; la distraction, venant à nous saisir pendant que nous les accomplissons, arrête la direction de notre pensée vers un but surnaturel. Cela n’arriverait pas si nous étions bien convaincus de l’importance de ces actes. Malheureusement, nous ne le sommes pas, ou du moins nous ne le sommes pas assez. Et c’est là en quoi nous sommes insensés, en quoi nous manquons de sagesse. Dans ces moments où il semble intérieurement que nous voulons nous rapprocher de Dieu, nous ne nous mettons pas, lorsque nous pourrions et le devrions, dans les relations les plus humbles et les plus intimes avec Lui. Qu’en résulte-t-il? C’est que nos actes perdent le caractère de sagesse qu’ils pourraient avoir pour revêtir un caractère humain, vide, stérile.

Que reste-t-il, en effet, d’un acte surnaturel fait sans une intention suffisante? Rien, ou presque rien. Faisons donc tous nos efforts pour entrer plus avant dans les vues de Dieu, pour apporter toute la perfection possible dans nos rapports avec Lui. L’attention la plus grande dans ces rapports nous est nécessaire si nous voulons pratiquer cette sagesse que Salomon demande à Dieu pour bien régner: Da mihi sedium tuarum assistricem sapientiam (Sag. IX, 4). Implorons le secours de cette sagesse pour qu’elle nous assiste et travaille avec nous à nous rendre plus parfaits.

[Sa Source]

Mais cette sagesse, où la puiser sinon en Dieu? Comprenons-en toute l’importance; et à mesure que nous en sentirons mieux le prix, Dieu nous en accordera une plus grande part. Pour estimer cette sagesse comme elle le mérite, jetons un regard sur notre vie. Quand donnons-nous à nos actions la hauteur de but et d’intention qu’elles doivent avoir? Le matin, dans nos prières, nous prenons des résolutions, nous nous excitons à la présence de Dieu, nous nous promettons d’accomplir tous nos actes avec une pensée de foi. Mais nous oublions bien vite toutes ces intentions du matin; la journée se déroule avec les occupations et les actions qui doivent la remplir et nous reprenons le courant de la vie ordinaire et si, à une heure donnée, nous faisons un retour sur nous-mêmes pour scruter le mobile qui nous a guidés, nous reprenons dans chacun de ces actes, peut-être bons en apparence, les motifs communs, vulgaires, et quelquefois même des motifs bas et honteux que nous nous avouons à peine; ce sera, par exemple, un sentiment de paresse ou de rancune, ou ce seront des médisances, de mauvaises pensées, de mauvaises conversations, de mauvais jugements. C’est que notre sagesse consiste en une sagesse humaine fondée sur notre intérêt personnel et que, s’il se présente à notre esprit quelques-unes de ces pensées de foi qui ne se laissent jamais détourner de leur but, nous les laissons bientôt échapper.

Dieu enfin n’est pas le mobile de nos actions, c’est nous-mêmes, et c’est en quoi il y a folie. Nous avons le sentiment des devoirs chrétiens pour les accomplir extérieurement, mais il y a au fond de notre coeur quelque chose qui nous arrête, soit parce que nous nous sommes dit: je n’irai pas plus loin (et malheur au chrétien qui veut se poser une limite dans les perfections! il faut qu’il monte sans cesse et qu’il réponde à tous les appels de la grâce), soit que, par l’effet d’une funeste nonchalance, nous soyons tombés dans cet état de fausse sécurité où nous croyons que Dieu ne nous demande plus rien. La sagesse de Dieu nous fait toujours découvrir un point plus haut de sagesse. Nous sommes coupables si nous ne donnons pas à Dieu tout ce qu’il nous demande dans cette direction. Un chrétien de cette sorte fatigue la patience de Dieu et tombe dans la tiédeur, sinon plus bas. Si nous nous laissons aller à cette vie vulgaire, si nous retombons sans cesse dans notre routine, c’est que nous ne savons pas voir dans la sagesse de Dieu, ni considérer les choses à la clarté de ses rayons. Elle seule pourtant peut nous apprendre à envisager un but surnaturel dans toutes nos actions; à découvrir les moyens nécessaires pour triompher dans nos luttes contre les entraînements vulgaires, contre cette pesanteur naturelle qui ramène sans cesse notre âme sur la terre, lorsqu’elle voudrait s’élever. Comment faire pour acquérir cette sagesse si précieuse? Prier beaucoup, régler sa vie dans la prière au pied du Crucifix, dans l’action de grâces après la communion. Voilà les sources de la sagesse; si nous voulons y puiser, il faut nécessairement nous en approcher.

[Son importance]

Quand nous aurons la sagesse au fond de notre coeur, il faudra refouler la prudence humaine et il y aura là des luttes difficiles à soutenir. Lorsque grâce à la sagesse, un mobile surnaturel supérieur éclairera toutes nos actions, la prudence humaine viendra s’opposer à ces élans de la foi. D’autres obstacles surgiront aussi en foule. Si nous voulons enseigner cette sagesse à nos enfants – et nous devons nous efforcer de la leur enseigner; car combien ne les relèverait-elle pas? – quelle énergie et quelle supériorité ne donnerait-elle pas à leur caractère en leur faisant voir tout ce qu’il y a de vide et de misères dans leurs petites passions? Mais pour leur donner ce principe supérieur d’action, il faut que nous le pratiquions nous-mêmes. Or, nous ne le faisons pas, retenus que nous sommes encore par les calculs de la prudence du monde, obligés d’acquérir la sagesse pour nous-mêmes, obligés de la communiquer aux autres, nous ne pouvons le faire qu’en sortant des notions humaines.

[Examen]

Sommes-nous réellement sages de cette sagesse? Avouons-le, il y a bien des points dans lesquels nous sommes obligés de dire: Non, la sagesse de Jésus-Christ n’est pas en nous. Quel contraste en effet n’y a-t-il point entre nos défauts d’intention et cette persévérance avec laquelle Notre-Seigneur Jésus-Christ tend constamment vers son but qui est la gloire de son Père? Toute action sage implique un but: quels buts chrétiens avons-nous eus dans cette journée? Nous avons prié, nous avons lu, causé, étudié: combien de moments y a-t-il eu où nous avons agi avec la raison chrétienne? La sagesse, étant une lumière qui vient de Dieu, doit nous éclairer sur tous nos devoirs: quelle est la perfection que nous avons cherché à donner à nos diverses actions pendant cette journée? Nous avons eu la messe, les vêpres, etc… Avons-nous rendu à Dieu tout l’honneur qu’il est en droit d’attendre? Et si nous avons agi en tout cela sans intention, machinalement, avons-nous été sages? Et si notre vie se compose d’une succession de jours pareils à celui-ci, au terme qu’y aura-t-il eu de sage en nous?

L’Ecriture dit de l’homme injuste: Noluit intelligere ut bene ageret (Ps. 35, 4). Cette parole s’applique aussi au chrétien qui ne fait pas le mal, mais ne fait pas le bien, qui ne veut pas comprendre de peur d’avoir trop à donner à Dieu; qui, dans une foule de circonstances où il pourrait agir surnaturellement ne le fait pas; qui, trouvant trop pénible d’avoir toujours le coeur en haut, retombe sur lui-même et s’en remet aux fausses lumières de la prudence humaine. Nous avions cependant reçu l’esprit de sagesse dans le sacrement de la Confirmation. Qu’en avons-nous fait? Nous l’avons étouffé ou du moins nous n’avons rien fait pour le développer. Il est resté stérile dans notre coeur: pourquoi? parce que nous ne sommes que boue et péché, et que le péché est le contraire de la suprême raison. Mais le chrétien peut s’affranchir de ce honteux esclavage en se laissant toujours guider par des motifs supérieurs, en vivant conformément à la sagesse divine. Etudions-la donc dans ses oracles; écoutons-la dans notre coeur quand Notre-Seigneur vient y reposer. Tout ce que nous faisons, faisons-le dans la vue de Dieu et de sa gloire et nous pourrons espérer d’avoir un jour cette sagesse elle-même pour récompense dans l’Eternité.

[53] Séance du 21 mars 1847 [texte incomplet].

M. le Directeur nous dit qu’après avoir consulté et mûrement réfléchi, il s’est décidé à transporter à la campagne notre nouvelle Maison. Des questions de l’ordre matériel peuvent seules l’arrêter désormais: il s’en réserve personnellement la solution. Mais il est un grand nombre de problèmes de l’ordre moral à résoudre au sujet de cette translation, lesquels rentrent dans les attributs du T.O. Il s’agit de prévoir le plus possible les inconvénients qu’amènera notre séjour à la campagne et de chercher par quels moyens on pourra les écarter ou les neutraliser, afin de nous établir là avec une sorte d’expérience anticipée et des mesures prises contre les premiers embarras.

Dans un certain sens, cette question ne doit pas être étudiée en vue de l’Association Religieuse puisque celle-ci a besoin de solitude pour se former, se développer, se maintenir dans l’esprit qui doit être sa base; c’est principalement en vue des laïques qu’elle doit être considérée; car c’est pour eux que la campagne a des dangers sous le rapport de l’esprit qu’ils doivent prendre, de l’action qu’ils doivent exercer, soit dans la Maison, soit les uns sur les autres, soit au-dehors.

Les dangers sont réels, et quelque graves que puissent être ceux que nous prévoyons déjà, le temps et l’expérience [ici s’arrête le manuscrit].

Notes et post-scriptum
1. Le texte des *Ecrits spirituels* est celui de la séance du 14 mars.