Aux élèves du collège

29 mar 1871 Nîmes COLLEGE élèves

L’Eglise a le droit d’enseigner, de s’associer, de posséder – La négation de ces droits est à l’origine des désordres actuels.

Informations générales
  • Aux élèves du collège
  • Instructions de carême aux élèves du collège (1871)
    La négation des droits de l'Eglise, source des désordres actuels
  • OK 184 (lettre du 31 mars de J. Ferret au P. Hippolyte).
Informations détaillées
  • 1 ASSOCIATION
    1 AUTORITE DE L'EGLISE
    1 CAREME
    1 CAUSE DE L'EGLISE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 COMMUNE
    1 DEFENSE DE L'EGLISE
    1 DROITS DE DIEU
    1 ELEVES
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 FRANC-MACONNERIE
    1 LIBERTE DE L'ENSEIGNEMENT
    1 PEUPLES DU MONDE
    1 POUVOIR TEMPOREL DU PAPE
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 SERMONS
    2 FERRET, JULES
    2 PIERRE, SAINT
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 Belleville, PARIS, BELLEVILLE
    3 PARIS
  • Elèves du collège
  • COLLEGE élèves
  • [29 mars 1871]
  • 29 mar 1871
  • Nîmes
  • Collège de l'Assomption
La lettre

Mes chers enfants, certes ce n’était pas un sermon d’actualité que je m’étais proposé de faire; depuis longtemps le plan en était arrêté; mais les événements, je parle des événements accomplis depuis huit jours(1), viennent former un commentaire très clair à mes paroles. Tous les désordres passés et présents viennent de ce point, c’est qu’on a voulu nier à l’Eglise le droit d’enseigner, de s’associer et de posséder.

Le pape, dit-on, n’a pas besoin d’un pouvoir temporel. Examinons un peu le principe de la propriété. J.C., quelque temps avant de quitter la terre, dit à ses disciples: « toute puissance m’a été donnée au ciel et sur la terre… enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père [et du Fils] et du S. Esprit. Laissons de côté la puissance que possède J.C. dans le ciel; puisque toute puissance lui a été donnée sur la terre, il a des droits sur quelque chose en ce bas monde, et puisque c’est toute puissance qu’il a reçu, cela veut dire qu’il peut tout, que rien n’échappe à son domaine. Donc J.C. est le premier, le grand propriétaire.

En second lieu, « les baptisant au nom du Père, du Fils et du S. Esprit »; c’est-à-dire: « allez, parcourez les nations, et faites-les entrer dans la société de l’Eglise par le baptême, résumé et germe de tous les sacrements et des lois qui régissent cette sainte société. Voilà donc que J.C., lui qui a toute puissance sur la terre, donne à ses apôtres le pouvoir de faire une société parmi les nations, le pouvoir de s’associer.

Il leur donne en même temps la liberté de l’enseignement par ces paroles: « allez, enseignez toutes les nations ».

Donc c’est l’Eglise qui a au premier chef le droit d’enseigner, le droit de s’associer et le droit de posséder, car le droit de l’Eglise c’est le droit de Dieu. Peut-on après cela s’étonner que la négation de ce droit divin fasse évanouir la justice de tous les autres droits? Vous direz qu’aux premiers temps de l’Eglise les papes ne possédaient pas. Sans doute S. Pierre dit au pauvre perclus à la porte du temple: « argentum et aurum non est mihi. » Mihi, à moi homme; cependant c’était aux pieds de S. Pierre considéré comme chef de l’Eglise que les fidèles venaient déposer leur argent.

Notre triste position ne doit donc plus nous étonner; nous avons méconnu le droit qu’a l’Eglise de posséder, de s’associer et d’enseigner. Les Prussiens et à leur suite les Bellevillois nous volent nos biens; à la place de la société de l’Eglise s’est formée dans les ténèbres la société des francs-maçons, qui du fond de leurs antres obscurs tiennent les fils secrets qui font tourner les événements à notre perte et à notre ruine.

Notes et post-scriptum
1. La proclamation de la Commune de Paris.