Procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes

15 jun 1864 Nîmes Tertiaires Hommes
Informations générales
  • Procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes
  • Réunion du Tiers-Ordre de l'Assomption [1864]
    [5] Réunion du 15 juin 1864
  • Cahier CE 16.
Informations détaillées
  • 1 ADMISSION AU TIERS-ORDRE
    1 AMOUR-PROPRE
    1 APPRECIATION DES DONS DE DIEU
    1 AUGUSTIN
    1 BONTE
    1 CAUSE DE L'EGLISE
    1 CHAPITRE DES COULPES
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 COLERE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 EXAMEN PARTICULIER
    1 EXTENSION DU REGNE DE JESUS-CHRIST
    1 GUERRE
    1 JOIE SPIRITUELLE
    1 ORAISON
    1 ORGUEIL
    1 PAIX
    1 PATIENCE
    1 PRUDENCE
    1 PRUDENCE DE LA CHAIR
    1 SAINTETE
    1 TIERS-ORDRE MASCULIN
    1 TRISTESSE
    2 ALLEMAND, LOUIS
    2 BARDONNENCHE, CYRILLE
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 EVERLANGE, HENRI D'
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 JEAN DE SAINT-FACOND, SAINT
    2 LAMARQUE
    2 PANSIER, RAYMOND
    2 PAUL, SAINT
    2 SABRAN
    2 SAUVAGE, HENRI
    2 THIBON, LOUIS
    2 THOMAS DE CANTORBERY, SAINT
    2 TROTMAN, EDOUARD
  • Tertiaires de l'Assomption
  • Tertiaires Hommes
  • 15 juin 1864
  • 15 jun 1864
  • Nîmes
  • Collège de l'Assomption
La lettre

Présidence du T.R.P. d’Alzon.

Présents: Les Frères Germer-Durand – Sauvage – Bardonnenche – Trotman – Allemand.

La messe est suivie, comme à l’ordinaire, d’une courte instruction.

Le saint, que l’Eglise honore en ce jour, est loué dans l’oraison de la messe pour la merveilleuse grâce qui lui avait été donnée d’apaiser les querelles et les séditions. Notre T.O. a pour but de procurer l’extension du règne de Jésus-Christ. Or il a été dit de Jésus: et erit ipse pax. Il a dit lui-même(1): je viens apporter la paix… Je vous donne ma paix… Je vous laisse ma paix… et, si un jour il a demandé le glaive, n’était-ce pas pour pratiquer la paix, pour nous apprendre à faire la guerre dans le but unique de fonder la paix. Avec Jésus-Christ, la paix est descendue sur les hommes de bonne volonté.

Imitons S. Jean de St Fagondez(2); et souvenons-nous que la paix est le magnifique sillon que laisse après elle le passage de la sainteté. La division apporte le trouble dans une âme; ainsi, dans le monde, un grand apaisement se fait toujours sur les pas d’un saint.

Trois conditions pour remplir cette mission de paix. La première est négative. Il faut combattre l’orgueil qui nous pousse à lutter sans cesse pour nos droits vrais ou prétendus. Que St Thomas de Cantorbéry défende jusqu’au sang les droits de l’Eglise: témoin de l’épouse, il aura droit aux mêmes palmes que les témoins de l’époux Jésus. Mais, en vérité, où sont nos droits? Ne sont-ils pas souvent une création de notre orgueil? D’où vient que nous n’en pouvons rien rabattre pour procurer la paix autour de nous, la paix dans nos familles, entre nos amis, chez tous ceux qui dépendent de nous ou sur qui notre influence chrétienne peut s’exercer? Il en coûte donc beaucoup de faire tel petit sacrifice d’amour-propre qui, en purifiant les âmes, les ferait entrer dans le royaume de Jésus que nous nous sommes engagés à étendre? Nos droits! Qu’avons-nous donc que nous n’ayons reçu? Et si nous avons tout reçu, quels titres peut avoir notre orgueil qui ne doive céder devant les titres de celui qui a été appelé le prince de la paix ou simplement la paix, et erit ipse pax(3).

2ème condition. La bienveillance, l’amour, la charité. La paix, dit St Augustin, est la tranquillité de l’ordre. Or la Charité est l’amour dans l’ordre: la charité est le lien de notre âme et de son intelligence. La charité enflamme tout ce que l’intelligence éclaire. Elle est patiente, bienveillante, sans envie, sans enflure, sans ambition. Elle ne se cherche pas elle-même, ne s’aigrit pas, ne se lasse jamais. Elle souffre tout, elle croit tout, elle espère tout, elle survivra à tout(4). Comment ne serait-elle pas pleine de tact et d’une délicatesse infinie pour apaiser les dissensions et les querelles? Elle se réjouit avec ceux qui se réjouissent, alors même qu’elle aurait des sujets particuliers de tristesse. Elle pleure avec ceux qui pleurent au moment même où ses intérêts propres, ses intérêts de famille satisfaits lui procurent un grand sujet de joie. Par la charité, nous avons la paix avec tous, et nous devons apaiser tous nos frères. La charité est la plénitude de la loi. La charité édifie. Edifier, c’est apaiser, puisque la paix est l’oeuvre de l’ordre. Par la charité, on trouve une prévenance qui désarme la colère et fait tomber les préventions.

3ème condition, la prudence. Il y a une prudence de la chair; elle est mortelle. Il y a une prudence de l’esprit, elle est la vie et la paix. La charité nous initiera aux secrets de cette prudence qui apaise. Nous devons nous appliquer à en faire les oeuvres; nous devons nous exercer à trouver ces mots qui vont au coeur et y portent le calme et la tranquillité de l’ordre. Examinons nos sentiments et nos actes à ce point de vue, soit dans l’oraison, soit dans l’examen particulier du soir. Voyons ce que nous avons fait jusqu’ici et ce que nous voulons faire désormais pour que nos frères ne soient point déshérités de cette paix que Jésus-Christ a voulu leur laisser, pour que sa volonté soit accomplie et que sa paix règne sur la terre chez les hommes de bonne volonté comme au ciel parmi les saints et les anges.

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Les procès-verbaux des réunions précédentes (12 mai, 17 mai, 25 mai, 1er juin) sont lus et adoptés.

Le Prieur rendra compte au Père, en particulier des renseignements qu’il avait été chargé de prendre.

On proposera à Mrs Pansier, Lamarque, d’Everlange, Sabran et l’abbé Thibon(5) de faire partie du T.O. Mr l’abbé Barnouin, déjà reçu, sera invité à assister à nos séances.

La proposition qui est faite de renvoyer au mois d’octobre l’admission de membres nouveaux n’est pas adoptée. S’il y a interruption pendant les vacances, on pourra leur donner rendez-vous pour la 1ère séance d’octobre.

Les coulpes auront lieu à la chapelle. La Conférence continuera à se tenir à l’issue de la messe, cette heure paraissant devoir être plus favorable à la plupart des membres du T.O.

Le Conseil se réunira à d’autres heures qu’on fixera plus tard. On ne décide rien encore pour la formation du bureau.

La séance est levée à 7 h 1/2.

Le secrétaire L. Allemand. Le président

Notes et post-scriptum
1. Jn 14, 27.
2. Ainsi devait être transcrit au sanctoral du temps le nom de Saint Jean de Sahagun ou de Saint-Facond dont la fête a été déplacée au 12 juin. Le texte de l'oraison correspond tout à fait: "Deus, auctor pacis et amator caritatis, qui beatum Joannem Confessorem tuum mirifica dissidentes componendi gratia decorasti: ejus meritis et intercessione concede; ut, in tua caritate firmati, nullis a te tentationibus separemur. Per Dominum".
3. Selon Eph. 2, 14.
4. Nous reconnaissons là sans peine un développement alzonien à partir de l'hymne à la charité de St Paul dans I Co 13.
5. Le secrétaire a écrit *Deverlange* et *Tibon*.