Procès-verbaux du Comité catholique de Nîmes (1875-1876)

8 mar 1875 Nîmes
Informations générales
  • Procès-verbaux du Comité catholique de Nîmes (1875-1876)
  • Séances destinées à préparer les travaux du Congrès
    Séance du 8 mars 1875
  • CC 6, pp. 10-16.
Informations détaillées
  • 1 AGRICULTEURS
    1 APOSTOLAT DE LA VERITE
    1 ASSOCIATION D'ELEVES
    1 CERCLES CATHOLIQUES
    1 CERCLES MILITAIRES
    1 CERCLES OUVRIERS
    1 CLASSES INFERIEURES
    1 CLERGE
    1 CORPORATIONS
    1 FORMATION DU GOUT
    1 JEUNESSE
    1 MISSION DES LAICS
    1 MORALISATION DU PAUVRE
    1 OEUVRES DE PIETE
    1 OEUVRES SOCIALES
    1 PELERINAGES
    1 PERE DE FAMILLE
    1 PLANS D'ACTION
    1 PREDICATIONS DE CAREME
    1 PRESSE CATHOLIQUE
    1 PROCESSIONS
    1 RESPECT HUMAIN
    1 TRANSFORMATION SOCIALE
    2 ALLEMAND, LOUIS
    2 BONALD, LOUIS DE
    2 BOUET, LAURENT-MARIE
    2 COUREGE, DE
    2 DENIS, SAINT
    2 GOUBIER, LOUIS-GUSTAVE
    2 KEBLE, JOHN
    2 KOLPING, ADOLPHE
    2 PEIGNE, ABBE
    2 RENE, ABBE
    2 VINCENT DE PAUL, SAINT
    3 ALLEMAGNE
    3 AMIENS
    3 FRANCE
    3 MARSEILLE, MENPENTI
    3 NANTES
    3 PARIS
  • 8 mars 1875
  • 8 mar 1875
  • Nîmes
La lettre

La séance s’est ouverte à l’heure habituelle, sous la présidence du R.P. d’Alzon. Etaient présents M. l’abbé René,MM. Allemand, de Courège, Goubier et Bouet.

Après la récitation du Veni Sancte Spiritus, M. le président a fait appel au concours des jeunes gens. C’est à eux, dit-il, que Dieu a confié la mission de rendre à la France la plénitude de la vie chrétienne. Et pour les encourager, que du prodiges! Faut-il énumérer toutes les merveilles de foi dont nous sommes les spectateurs en plein XIXe siècle? Mépris toujours croissant du respect humain, pèlerinages innombrables, processions jubilaires imposantes, et toutes les semaines quinze ou vingt fondations d’oeuvres pieuses!

La parole est donnée à M. Allemand, qui veut bien nous entretenir de la question des cercles.

Le cercle est un mal et un remède. Le mauvais cercle a précédé le bon et en a provoqué l’établissement.

Les bons cercles sont politiques, religieux ou mixtes, c.à.d. à la fois politiques et religieux.

M. Allemand ne dira qu’un mot des cercles politiques. Il y voit beaucoup d’inconvénients et, relativement, peu d’avantages. Ce sont là, sans doute, des groupes tout créés pour la défense sociale. Mais:

1° Ils retiennent le père de famille loin du foyer domestique.

2° Ils donnent l’habitude des divertissements onéreux.

3° Ils développent le goût des discussions politiques, dans un milieu où il y a souvent plus d’ardeur que de science et plus de témérité que de réflexion.

4° Ils font à leurs chefs de la popularité un besoin et souvent de la flatterie un moyen.

5° Par leur nature, ils écartent le clergé de leurs réunions.

6° Ils éloignent les chrétiens qui ne se rangent pas sous leur bannière politique.

7° Enfin la centralisation est impossible, et le cercle est sous l’influence personnelle des présidents.

Ces défauts se communiquent aux cercles politico-religieux.

Les cercles purement religieux offrent moins d’inconvénients. Ainsi l’on peut les rattacher à des centres communs et le clergé y exerce une influence légitime. Pourtant le bien n’y est pas sans mélange.

On peut diviser en quatre catégories les cercles purement religieux:

1° cercles d’ouvriers qui vivent en famille;

2° cercles d’ouvriers qui vivent loin de leurs familles;

3° cercles d’étudiants;

4° cercles militaires.

Les conférences, les réunions religieuses, les bonnes lectures, voilà les avantages que le cercle religieux présente à l’ouvrier père de famille. Mais la désertion du foyer domestique est un de ses inconvénients. Il n’existe pas pour l’ouvrier qui est loin de sa famille. Mais comment ouvrir à ce dernier une réunion qui serait fermée à l’autre? On crée des maisons hospitalières où les travailleurs sans famille trouvent une image du foyer paternel.

Le R.P. d’Alzon, prenant alors la parole, cite les 80.000 ouvriers recueillis en Allemagne par Kolping dans des asiles analogues; l’association des patrons, créée à Nantes par l’abbé Peigné, et ces tables d’hôte où, malgré des différences d’éducation, l’on réunit des contre-maîtres, des étudiants et des professeurs.

Les cercles d’étudiants, dit M. Allemand, reprenant la suite de sa conférence, sont nécessaires à condition d’être une oeuvre catholique. En fait, malheureusement, ce caractère n’est pas toujours observé.

Enfin les cercles militaires, d’une utilité incontestable, réussiraient facilement. Des documents sérieux le démontrent. La discipline militaire exige que des officiers n’y soient pas mêlés aux soldats.

Les cercles religieux ont besoin de secours intellectuels, moraux et religieux. Dans ce triple but, des conférences, des occupations charitables, des oeuvres pieuses doivent s’inscrire à leur programme. C’est ainsi qu’à Paris des conférenciers distingués apportent à l’oeuvre de Jésus ouvrier le concours de leur talent. A Amiens, on a traité récemment du courage chrétien sur les champs de bataille. Les Cercles catholiques font, à Paris, des pèlerinages à St Denis, à la Châsse de St V. de P. Les membres se font de l’assistance à l’office divin un agréable devoir. A Mempenti (Marseille), le Cercle délivre des bons aux pauvres. Les Cercles catholiques doivent, en un mot, se rapprocher de l’Oeuvre de la jeunesse, que l’âge seul de ses membres distingue des cercles religieux, mais qui en est le type et le mobile.

Le R.P. d’Alzon dénonce une théorie qui tend à prévaloir dans quelques cercles catholiques. Il faut, dit-on, en éloigner le prêtre et, si on l’admet, que ce soit pour le dominer. – Sans doute l’expansion de l’élément laïque doit être l’objet de nos désirs. Mais le clergé doit intervenir toutes les fois qu’il s’agit ou de distribuer l’instruction ou de préserver de la corruption la nature humaine. Il faut proscrire cette prétendue liberté de principes qui est la négation tout à la fois des principes et de la vraie liberté.

M. Allemand donne ensuite des détails sur les cercles italiens. Une communion générale précède leur inauguration. On voit bientôt d’organiser sous leur initiative l’Ecole des Pauvres, des neuvaines publiques, des services religieux pour les membres défunts. Ils sont en relation avec les laïques et les comptent parmi leurs associés honoraires. Souvent ils portent le nom d’un saint et, comme gage de leur fidélité à l’Eglise, ils ont donné une place dans leur bureau à un ecclésiastique, revêtu des fonctions d’assistant. Des cabinets de lecture et des académies sont annexés aux cercles catholiques. Les membres, jaloux d’affirmer leur foi par leurs oeuvres, préparent les jeunes gens au devoir pascal, assistent aux processions, créent des bibliothèques de circulation pour la propagande, contribuent à l’oeuvre de l’exonération des clercs et à celle de la Bonne Presse. Reliant les villes aux campagnes, ils établissent des cercles secondaires dans les communes rurales. Ils ne laissent à formuler qu’un regret: ils ne sont guère accessibles aux ouvriers. Ce sont des comités catholiques très étendus.

M. Allemand termine son étude, intéressante à bien des égards, en signalant la tendance des cercles à ramener aux corporations, et il conclut en ces termes: « Il y aurait danger à heurter les cercles, mais il faut se préoccuper de leur développement. » Il rappelle une pensée de M. de Bonald: « Il est toujours dangereux d’assembler les hommes en dehors de l’Eglise ou du Camp. » C’est l’idée que cette conférence a pour effet de justifier.

Après avoir remercié M. Allemand d’un si utile travail, M. le président fait remarquer que l’instruction adaptée aux cercles est toute nouvelle. Il faut une expérience particulière pour les diriger, le zèle du bien, le mépris de la population malsaine, l’amour de la science, et le désir ardent d’élever par elle les classes ouvrières à un niveau supérieur. Les jeunes laïques peuvent, comme les recrues du sacerdoce, se livrer à ce travail. Elever à la haute et belle littérature, disait Keeble, voilà le moyen d’assainir le peuple. Mais il faut refaire toutes les études et surtout passer à un examen sérieux toutes les idées que l’on a reçues des historiens de notre temps.

En finissant, le R.P. d’Alzon invite M. Allemand à résumer son travail dans quelques formules qui seront les base de discussions ultérieures. Il demande que la question des relations des cercles catholiques avec la campagne soit prochainement traitée dans nos réunions.

La séance prochaine est renvoyée au lundi 22, à raison des retraites quadragésimales qui commenceront le lundi 15 et dureront toute la semaine.

Il a été omis de dire en tête du présent procès-verbal que celui de la séance précédente avait été lu et adopté.

Après le Sub tuum dit par M. le président, la séance est levée à dix heures.

Notes et post-scriptum