A des dames ou jeunes filles

sep 1863 Nîmes
Informations générales
  • A des dames ou jeunes filles
  • Retraite à Saint-Maur en 1863
    Deuxième instruction - Toute la terre, avec ce qu'elle renferme, appartient à Dieu
  • BZ 9, pp. 65-71.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE DIEU POUR SA CREATURE
    1 APPRECIATION DES DONS DE DIEU
    1 BONHEUR
    1 BUT DE LA VIE
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 CHATIMENT
    1 CIEL
    1 CONCUPISCENCE DES YEUX
    1 CREATURES
    1 DOMINATION DE DIEU
    1 DON DE SOI A DIEU
    1 DROITS DE DIEU
    1 ETERNITE
    1 HOMME CREE A L'IMAGE DE DIEU
    1 HUMILITE
    1 INCONSTANCE
    1 INGRATITUDE
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 MONDE CREE
    1 ORIGINES DE L'HOMME
    1 PERFECTIONS DE DIEU
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 PUISSANCES DE L'AME
    1 REDEMPTION
    1 SAGESSE DE DIEU
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 SOUMISSION DE L'ESPRIT
    1 SOUVERAINETE DIVINE
    1 VERITE
    1 VOIE UNITIVE
    2 SALOMON
  • Du 15 au 20 septembre 1863
  • sep 1863
  • Nîmes
La lettre

Le vaste univers, riche de beautés, annonce la puissance et la grandeur de son créateur; il révèle la magnificence et les perfections de celui qui, d’une seule parole, la fit sortir du néant. Après avoir préparé ce palais magnifique, il voulut créer un roi pour l’habiter. Il fit l’homme… L’homme, ce chef-d’oeuvre de la création, reconnut la grandeur de son Dieu, un hymne de reconnaissance et d’amour s’échappa de son coeur, et il reconnut les droits que son créateur avait sur lui.

Quels sont donc les droits de Dieu sur nous? Droits infinis, parce qu’il est infini. Le créateur, infini dans sa nature, infini dans ses perfections, doit avoir sur les hommes des droits également infinis. Rien de fini ne peut le satisfaire, parce que le fini n’est pas compatible avec l’infini. Infini dans sa puissance, Dieu la manifeste en tout et partout; la nature, avec ce qui la décore, publia cette perfection, les hommes, avec leur admirable organisation, sont une image frappante de cette puissance infinie. Reconnaissez en ces jours de retraite le souverain domaine de Dieu sur vous. La nature s’incline, si je puis m’exprimer ainsi, devant cette autorité infinie qui lui commande; et depuis qu’elle est sortie du néant, elle n’a jamais dépassé les limites que son créateur lui avait présentées, elle a suivi avec ordre le mouvement qui lui avait été donné; elle a conservé l’harmonie que Dieu y avait établie, parce qu’elle a reconnu et a adoré les droits infinis que Dieu avait sur elle. Ce que la nature fait, pourquoi l’homme ne voudrait-il pas le faire aussi? Qu’est-il? N’est-ce pas une créature de la divinité? Et comme telle, son divin auteur n’a-t-il pas de droits sur elle? Oh! vous qui n’avez pas voulu reconnaître les droits infinis de Dieu sur vous, humiliez-vous et supportez que votre créateur vous demande des sacrifices, vous envoie des peines, des souffrances, parce qu’il a sur vous des droits, et des droits infinis, parce qu’il est lui-même infini dans sa puissance, infini dans sa sagesse et infini dans son amour.

Mais si Dieu est infini dans sa toute-puissance, nous lui devons une dépendance entière de tout nous-mêmes/

D’où venons-nous? de Dieu. Où devons-nous aller? à Dieu. Questions auxquelles il me sera très facile de répondre en vous prouvant que puisque vous venez de Dieu, donc vous dépendez de lui, et que cette dépendance conclura la seconde demande en vous conduisant à Dieu. De même que tout dans ce vaste univers dépend de Dieu, l’homme également dépend de son auteur, parce que sa puissance infinie s’étend aussi bien sur lui que sur la nature. Donc, nous lui devons une dépendance entière, puisqu’il est tout puissant. Qu’avons-nous que nous n’ayons reçu de Dieu? Rien, et puisque tout ce que vous possédez: biens, richesses, esprit, talents, vient de Dieu, il est tout à fait naturel que vous reconnaissiez cette souveraine dépendance que vous devez avoir à l’égard du créateur. Il faut par conséquent avoir une entière soumission à la volonté divine qui se manifeste très souvent par les événements qui nous arrivent. Ils ne sont point, comme prétendent les impies, l’effet du hasard; non, ils viennent de Dieu, qui nous les envoie afin de nous éprouver, ou quelquefois pour nous punir dans ce monde, afin de nous épargner dans l’éternité.

Réfléchissez, si vous avez été toujours soumises à cette volonté divine, examinez si vous avez laissé N.S. imprimer dans votre coeur ce caractère de dépendance qu’il aime tant à trouver dans celles qui disent l’aimer. Prenez garde, Dieu est toute-puissance, et si sur la terre vous ne cherchez pas à dépendre en tout de lui, tôt ou tard, il exercera sur vous sa toute-puissance; vous reconnaîtrez alors, mais trop tard, que vous dépendiez de Dieu et non des créatures de qui vous avez voulu, peut-être, être le jouet pendant votre vie. Dieu étant la sagesse incréée, nous devons lui donner notre esprit, notre raison et notre intelligence. Quel meilleur usage pouvons-nous faire de ces facultés que de les consacrer à cette sagesse incréée, devant laquelle s’efface cette sagesse que le monde proclame, et qu’elle n’a pu admirer que dans un de ses rois. Oui, Salomon, proclamé la gloire d’Israël, tout sagesse qu’il était, ne pouvait approcher de cette sagesse incréée, divin attribut de Dieu. Nous devons lui donner notre esprit. Lui seul pourra l’éclairer de ce flambeau céleste dont la divine clarté nous fait toujours envisager la vérité. Notre esprit animé de l’esprit de Dieu sera toujours dans le vrai, et si, un moment écarté de la vérité, il s’est détourné de sa route, il sera promptement rappelé par cette sagesse infinie qui, en le rappelant doucement, lui fera voir le précipice dans lequel il allait se jeter. Notre raison éclairée par ce flambeau ne s’égarera jamais des limites que lui a tracées son créateur. Sage conductrice, elle guidera, guidée elle-même par Dieu, elle guidera, dis-je, nos pas à travers ce tourbillon que l’on appelle monde. Notre intelligence, éclairée par l’intelligence même de Dieu, nous fera discerner le bien avec le mal, elle nous inspirera ce dégoût qu’éprouvent les âmes véritablement pieuses pour les biens de la terre, en nous faisant discerner la différence qui existe entre les biens de l’éternité et ceux du temps. Oh! donnez à Dieu, la sagesse incréée, votre esprit, votre raison et votre intelligence, mais par-dessus tout donnez-lui votre coeur, parce qu’il est tout amour.

Oui, Dieu est tout amour, il aime les hommes, son plus bel ouvrage, mais il l’aime d’un amour infini. Voyez, que n’a-t-il pas fait pour prouver à sa créature son amour? Il a été prodigue de ses dons et de ses bienfaits. Il a créé ce vaste univers pour le plaisir et le bonheur de l’homme; et lorsque ce même homme devient prévaricateur, anéantit-il son ouvrage? Non, il envoie son Fils… Et que fait cette seconde personne de la Ste Trinité? elle répand jusqu’à la dernière goutte de son sang, et pourquoi? pour lui prouver combien il l’aime…

Après tant de preuves d’amour, il est bien juste que Dieu exige un don de la part de sa créature. Que lui demande-t-il? Ma fille, donne-moi ton coeur! Ah! pourriez-vous refuser de donner votre coeur à celui qui est tout amour? Ne serait-ce pas la plus noire de toutes les ingratitudes que de donner la préférence aux créatures! Et malheureusement ne sommes-nous pas du nombre de ceux qui refusent à Dieu l’hommage de leur coeur et qui se donnent à des créatures indignes de leur affection?

Si, mes chères filles, vous vous sentez coupables d’une telle ingratitude, hâtez-vous de réparer cette injure, brisez cette affection peut-être funeste pour vous, et donnez votre coeur à celui qui est tout amour. Là, pas de déception, pas d’inconstance, et votre coeur embrasé de son amour s’élèvera sans cesse vers le Dieu de qui il dépend. Il reconnaîtra ses droits, s’y soumettra, et sans cesse brûlé de cette flamme divine, il se consumera d’amour jusqu’à l’heureux moment qui brisant les liens qui le retiennent captif, il ira dans le séjour des élus adorer éternellement les droits infinis de Dieu.

Notes et post-scriptum