A des dames ou jeunes filles

sep 1863 Nîmes
Informations générales
  • A des dames ou jeunes filles
  • Retraite à Saint-Maur en 1863
    Troisième instruction - Le Seigneur est le Dieu de toute justice
  • BZ 9, pp. 72-78.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DIVIN
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 CHATIMENT
    1 DESSEIN DE SALUT DE DIEU
    1 DISPOSITIONS AU PECHE
    1 DON DE CRAINTE
    1 DROITS DE DIEU
    1 EFFORT
    1 EXAMEN DE CONSCIENCE
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 INGRATITUDE
    1 JUGEMENT DERNIER
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 PARADIS TERRESTRE
    1 PECHE ORIGINEL
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 REFORME DU COEUR
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 SACRIFICE DE JESUS CHRIST
    1 SAGESSE DE DIEU
    1 SOUVERAINETE DIVINE
    1 VERTU DE PENITENCE
    1 VIE DE SILENCE
    2 ADAM
    3 JERUSALEM
  • Du 15 au 20 septembre 1863
  • sep 1863
  • Nîmes
La lettre

La justice appartient au Seigneur, il est le Dieu de toute justice et il l’exerce sur l’homme.

De même que Dieu est infiniment bon, il est aussi infiniment juste, et si par un pur effet de sa bonté il récompense l’homme de ses bonnes actions, il est de sa justice de le punir quand il s’est montré rebelle à son amour.

Après avoir créé l’homme, il le plaça dans le paradis terrestre, il le combla de biens, mais afin de l’éprouver, il lui défendit de toucher au fruit d’un arbre. Adam désobéit à son créateur, et par son péché s’attire la colère de Dieu. Il était donc juste que le Seigneur le punît; et la Genèse nous dit qu’il fut chassé de l’Eden et qu’un ange armé d’une épée flamboyante fut placé à la porte pour l’empêcher d’y rentrer.

Dieu exerce sa justice sur l’homme:

1° parce qu’il est tout-puissant;

2° parce qu’il est infiniment sage;

3° parce qu’il est tout amour.

Comme je vous l’ai déjà dit, Dieu a surtout des droits infinis à cause de sa toute-puissance, et si ces droits sont bien souvent des droits de miséricorde et d’amour, il a également sur l’homme des droits de justice. Dieu étant tout-puissant n’ignore rien des plus petites actions de l’homme; celles mêmes qui, en apparence, paraissent si indifférentes, ne lui sont pas inconnues, il doit donc les récompenser ou les punir, selon leur mérite. La toute-puissance du créateur s’étend sur tous et sur tout, il peut tout, et ces événements que l’incrédule se plaît à attribuer au hasard ne sont autres que les effets de la justice de Dieu.

Cette justice divine se manifestera surtout à cette heure dernière, lorsque vous comparaîtrez devant ce tribunal redoutable; alors le jour des miséricordes sera passé, celui de la justice sera venu. Dieu est tout-puissant et, par conséquent, infiniment juste. Vous serez jugées dans vos actions, donc vos paroles, donc vos affections, donc vos pensées; tout sera pesé au poids du sanctuaire, donc la balance de la justice divine. Examinez et voyez si vous n’avez pas à redouter cette justice; rappelez-vous que Dieu est tout-puissant et que rien ne lui échappe. Le jour est venu où vous pouvez, dans un examen sérieux, vous mettant en face de votre conscience, voir si vous avez mérité les coups de la justice divine, remercier le Seigneur de ce qu’il a bien voulu attendre avant de vous frapper, et écriez-vous à la vue de vos misères avec le roi prophète: Seigneur, ne me traitez pas selon la rigueur de votre justice, mais selon votre miséricorde. Ensuite faites pénitence de vos fautes, afin de prévenir cette justice divine, et si votre vie s’est écoulée dans une continuelle attention sur vous-mêmes, dans la pénitence vous pourrez encore, comme le prophète royal, vous écrier à l’heure de la mort: Seigneur, j’ai espéré en vous, et je n’ai pas été confondue.

Mais Dieu n’exerce pas seulement sa justice sur l’homme parce qu’il est tout-puissant, mais encore parce qu’il est infiniment sage.

Oui, N.S. étant la sagesse incréée ne peut souffrir le mal, et doit le punir là où il se trouve, et le coeur de l’homme se trouve bien souvent blessé parce qu’il a commis le mal dans ses sentiments et dans ses affections. Dieu étant un Dieu infini dans sa sagesse ne peut pas, même à raison de cet attribut, supporter le mal, il le punira dans cette vie, ou dans l’autre.

Voyez, mes chères filles, si vous n’avez pas offensé cette sagesse infinie; ne l’avez-vous pas souvent outragée par vos sentiments, par vos affections? Hélas! vous avez peut-être plus d’une fois obligé la sagesse divine à venir résider dans votre coeur, et vous avez peut-être placé ce Dieu en face d’un sentiment qui était tout à fait opposé à sa sagesse. Ah! prenez garde, la justice de Dieu est infinie, et elle n’est infinie que parce que sa sagesse est infinie; débarrassez donc vos coeurs de toute affection étrangère, rompez avec ce sentiment, et que tout tende désormais à éviter les effets de sa justice. Effets terribles, et auxquels vous ne pourrez échapper si vous persévérez à faire vivre en vous Dieu et le monde.

Le troisième motif pour lequel Dieu exerce sa justice sur l’homme: c’est parce qu’il est tout amour.

N.S. aime les hommes, il aime d’un amour infini toutes les créatures; il les aime, et pour leur prouver son amour, il n’a rien négligé. Dieu le Père a donné son Fils, et ce Fils a versé jusqu’à la dernière goutte de son sang. Dieu donc, étant tout amour, a le droit d’exiger de la part de sa créature une correspondance à son amour, et si elle se montre ingrate, punir dans sa justice cet amour méprisé.

Ecoutez le reproche qu’il fait à l’ingrate Jérusalem, à cette ville déicide: Ah! si tu connaissais le don de Dieu, si tu connaissais mon amour pour toi. Mais non! tu es insensible à mes avances, tu me rejettes, tu ne veux pas de mon amour. « Malheur à toi, ville coupable, un jour viendra où par un effet de ma justice il ne restera pas de tes monuments pierre sur pierre… » Et dans un autre endroit: « Combien de fois n’ai-je pas voulu te rassembler, te réunir comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et tu ne l’as pas voulu. Malheur à toi qui as méconnu mon amour… »

Oui, N.S. est un Dieu d’amour, mais il doit être juste dans son amour. Il doit exercer ce droit de sa justice infinie parce qu’il a aimé les hommes d’un amour infini. Ah! craignez, mes enfants, qu’après avoir été ici-bas sans cesse prévenues par cet amour infini, vous ne subissiez un jour le châtiment réservé à l’âme ingrate. Si Dieu n’avait pas tant aimé les hommes, il n’aurait pas tant souffert. Oh! vous à qui Dieu a donné un coeur capable d’aimer, mesurez, si cela se peut, la grandeur, l’immensité de l’amour de votre Dieu, et si, ensuite, rapprochant votre coeur de celui du bon Maître, vous êtes effrayées de la distance qui vous sépare, si vous redoutez les coups de la justice divine à la vue de votre ingratitude, je vous dirai: O heureuse crainte! frayeur salutaire! parce que en vous découvrant toute votre indifférence, toute votre froideur, elle vous convaincra de l’amour de Dieu et de la crainte que vous devez avoir de sa justice.

Si votre coeur, attaché aux vaines futilités du monde, n’a pas encore songé à la justice, à ce droit que Dieu a sur ses créatures parce qu’il est tout amour, il en est temps encore… Ces jours de retraite vous sont donnés, et c’est Dieu qui, par amour, vous a appelées ici, afin que dans le silence et le recueillement vous pensiez à ce qu’il a fait pour vous, et que vous preniez des résolutions pour correspondre, à l’avenir, à cet amour sans mesure: car, nous dit l’auteur de l’Imitation, « la mesure d’aimer Dieu, c’est de l’aimer sans mesure ». N.S. n’a mis pour vous aucune borne à son amour. Rendons lui donc amour pour amour et par là, loin de subir le droit de justice de Dieu sur nous, nous recevrons la récompense promise aux âmes qui auront toujours vécu dans l’amour de Dieu.

Notes et post-scriptum