Procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes

14 jan 1851 Nîmes Tertiaires Hommes

L’oraison: préparation et méthode.

Informations générales
  • Procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes
  • Cahier des procès verbaux 1847-1851
    53. Séance du 14 janvier 1851
  • Ecrits spirituels, 1320-1323.
  • CE 1, p.65-70.
Informations détaillées
  • 1 ANTIPATHIES
    1 BAVARDAGES
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 FAUTE D'HABITUDE
    1 HUMILITE
    1 ORAISON DOMINICALE
    1 ORGUEIL
    1 PERFECTIONS DE DIEU
    1 PRIERE AU SAINT-ESPRIT
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 REFORME DU COEUR
    1 SUSCEPTIBILITE
    1 TIERS-ORDRE MASCULIN
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIE DE RECUEILLEMENT
    1 VIGILANCE
    1 VOIE UNITIVE
    2 BASTIEN, CLAUDE-HIPPOLYTE
    2 BLANCHET, ELZEAR-FERDINAND
    2 BLAUD, CLAUDE-JULES
    2 BOISSON, LOUIS-FRANCOIS-ALEXIS
    2 DOYEN-CAYOL, ALEXANDRE
    2 EVERLANGE, PIERRE-EMILE-LEON D'
    2 FERRY, FRANCOIS-LEON
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 HENRI, EUGENE-LOUIS
    2 LAURENT, CHARLES
    2 LEGIER, ERNEST-GUSTAVE
    2 MAZEL, EUGENE
    2 MONNIER, JULES
    2 SAUVAGE, EUGENE-LOUIS
  • Tertiaires de l'Assomption
  • Tertiaires Hommes
  • 14 janvier 1851
  • 14 jan 1851
  • Nîmes
  • Collège de l'Assomption
La lettre

Procès-verbaux des réunions du Tiers-Ordre pendant l’année 1851

Séance du 14 janvier [1851]

Présidence de M. d’Alzon

Présents: M. Durand, Monnier, Ferry, Sauvage, Laurent, Blanchet, Bastien, Légier, Mazel, Blaud, Henri, Cayol, Boisson.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

M. Boisson, admis comme postulant, assiste à la réunion. M. le P[résiden]t fait connaître le renouvellement du Bureau arrêté dans la dernière séance du Conseil.

M. Durand, prieur

M. Sauvage, maître des novices

M. Monnier, secrétaire

M. Ferry, trésorier

M. d’Everlange, zélateur

M. le P[résiden]t trace ensuite quelques règles pratiques touchant l’oraison (1).

La méditation du Pater pourrait déjà être pour nous une matière inépuisable. Qui croirait jamais avoir assez savouré cette parole divine de Notre-Seigneur ? Toutefois, et pour plus de sûreté, demeurons-en aux règles ordinaires. Deux conditions sont nécessaires à l’oraison.

I. Préparation éloignée – Il faut songer à l’avance à son oraison, se recueillir. Lorsque nous avons sollicité l’audience d’un grand du monde, nous savons ce que nous voulons demander. Avant d’être introduits, nous nous sommes entretenus avec nous-mêmes de l’objet de cette audience. L’oraison est aussi une audience: nous allons parler à Dieu; y mettrons-nous moins de préparation parce que l’audience a moins de solennité ? Donc nécessité d’un certain recueillement. Avons-nous ce recueillement ? Nous pouvons en douter, sans nous faire tort. Acquérons-le: et, pour cela, retirons-nous des lectures inutiles, des conversations vaines, des spectacles dangereux; en un mot sachons mettre une garde à nos sens. Ces précautions sont autant de préparations lointaines à l’oraison. Pourquoi faisons-nous si peu de progrès dans l’oraison, sinon parce que nous vivons habituellement dans la dissipation ? Opposons-lui une vigilance générale, soutenue, active, en nous appliquant à des lectures plus sérieuses, en nous occupant à des oeuvres de charité, en fuyant les conversations oiseuses.

II. Préparation prochaine – L’esprit et le coeur mieux remplis, nous aurons toute facilité pour entrer dans la préparation positive. Choisissons alors un sujet particulier, revenons-y souvent, entretenons-nous la veille de ce sujet choisi de préférence à d’autres, de manière à n’avoir pas à improviser le lendemain, quand le moment sera venu. Invoquons le Saint-Esprit: c’est une bonne coutume; on se sent davantage en présence de Dieu, quand on a fait cette invocation. La méditation peut commencer après. On se rend compte de l’état de son âme. Pour nous y aider, opposons à notre imperfection la perfection de Dieu. Que notre regard se porte d’abord vers lui, et s’abaisse ensuite sur nous. Notre profonde misère ressortira plus fortement de cette comparaison.

III. Méthode – Peut-être accepterons-nous la méthode. Mais que d’objections ne ferons-nous pas! Que de difficultés viendra prétexter la nature! D’abord notre liberté, n’est-elle pas gênée par cette régularité si ponctuelle; puis de quoi causer dans cet entretien seul à seul avec Dieu, et comment causer ? – Avons-nous si peur de nous régler, et que perdons-nous à le faire ? Fixer notre distraction, est-ce donc si peu de chose ? De quoi causer ? Mais du plus pressant, de l’affaire la plus importante, de notre amendement spirituel. Bien des réformes sont ici urgentes. Nous voulons bien faire l’oraison: nous avons raison; seulement rappelons-nous que la difficulté n’est pas de savoir si l’on fait l’oraison avec facilité, mais si l’on a de la difficulté à s’y mettre. Or, nous aimerions à nous persuader qu’il y faut beaucoup de temps, une longue expérience, une science consommée. Ce ne sont là que de pauvres défaites. Quelle surcharge en effet qu’un simple quart d’heure, qu’une demi-heure au plus donnés à l’oraison! Et est-il besoin de temps ? – Mais on a des distractions: ne les examinons pas. Revenons doucement à l’objet de notre méditation par un acte d’humilité et d’amour de Dieu; protestons, malgré tout, de notre ferme désir de nous unir à lui. Mais nous allons vite à nos sympathies, à nos antipathies, à nos froissements; et Dieu s’oublie, et la vue de nos misère s’efface. Quelle bonne occasion de nous mépriser, de nous estimer ce que nous valons à l’épreuve. Mais les distractions laisseront notre oraison infructueuse. S’il y a de notre faute par manque de préparation, oui; mais nous n’avons pas à nous plaindre. Si la distraction est involontaire, non; nous aurons appris, une fois de plus, quels tristes personnages nous sommes, combien notre âme est encore sous le poids des sens. Puisque l’orgueil est notre grand ennemi: quelle bonne occasion de le combattre par la vive humiliation que nous pouvons ressentir de la vue de notre bassesse, de notre grossièreté spirituelle! Et dans cette humiliation même comment la prière ne naîtrait-elle pas ? Notre faiblesse bien sentie nous fait comprendre le besoin de recourir à Dieu: recourir à Dieu, mais c’est prier. Donc la distraction involontaire prise patiemment, sans dépit, humblement, nous ramènera vers la prière par la confusion que nous laissera le sentiment de notre incapacité. Ce n’est pas là une oraison qui soit improductive.

La séance est levée.

Notes et post-scriptum
1. Ce qui suit est reproduit dans les *Ecrits spirituels*, auxquels appartiennent les sous-titres.