Procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes

21 may 1851 Nîmes Tertiaires Hommes

Les dangers de la tiédeur et les moyens d’en sortir.

Informations générales
  • Procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes
  • Cahier des Procès-verbaux 1847-1851
    60. Séance du 21 mai 1851
  • CE 1, p.90-93.
Informations détaillées
  • 1 ABUS DES GRACES
    1 ADVENIAT REGNUM TUUM
    1 AMOUR DE DIEU POUR SA CREATURE
    1 AMOUR DES ELEVES
    1 AMOUR-PROPRE
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CRITIQUES
    1 HABITUDE DU PECHE VENIEL
    1 INGRATITUDE
    1 INSENSIBILITE
    1 LEGERETE
    1 MAITRES TERTIAIRES
    1 MANQUE DE FOI
    1 PAUVRETE SPIRITUELLE
    1 ROUTINE
    1 SACRIFICE DE LA CROIX
    1 TIEDEUR
    1 TIERS-ORDRE MASCULIN
    1 TRIPLE CONCUPISCENCE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VIE DE RECUEILLEMENT
    1 VIE DE SACRIFICE
    1 ZELE APOSTOLIQUE
    2 BASTIEN, CLAUDE-HIPPOLYTE
    2 BOISSON, LOUIS-FRANCOIS-ALEXIS
    2 DOYEN-CAYOL, ALEXANDRE
    2 EVERLANGE, PIERRE-EMILE-LEON D'
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 GUYOT, PHILIBERT
    2 HENRI, EUGENE-LOUIS
    2 LONDES, MARC-ALBERT
    2 MONNIER, JULES
  • Tertiaires de l'Assomption
  • Tertiaires Hommes
  • 21 mai 1851
  • 21 may 1851
  • Nîmes
  • Collège de l'Assomption
La lettre

Séance du 21 mai [1851]

V[ice]-Présidence de M. l’Abbé Henri

Absents: MM. Bastien, d’Everlange, Londès, Cayol, Monnier, Boisson, Guiot.

En l’absence de M. Monnier, M. Durand est désigné comme secrétaire.

M. l’Abbé Henri nous parle de la tiédeur; il en signale les caractères, en montre les dangers et les moyens d’y remédier.

« L’âme tiède est celle qui, gardant encore quelque souci du péché mortel, n’en a plus du péché véniel, et le commet sans y prendre garde. L’âme tiède est celle qui, sous les plus légers prétextes, abandonne ses pratiques de piété; qui, se confessant sans aucune préparation à la contrition, n’en retire aucune amélioration; qui communie par habitude, fait toutes ses actions sans ordre, d’une manière purement naturelle, et sans une pensée de foi; qui ne pratique pas le recueillement, fruit de la présence de Dieu, et se contente d’une dévotion médiocre, sans vouloir aller au delà. L’âme tiède ressemble à cet homme de l’Evangile, qui après avoir mis la main à la charrue, et tracé un peu de son sillon, s’arrête pour regarder en arrière, et se repose sans poursuivre son labeur. L’âme tiède est celle qui, au milieu d’une vie d’agitation, cherche à endormir les alarmes de sa conscience; qui voudrait allier avec l’amour de Dieu des attachements trop vifs pour certaines choses, pour certaines occupations, certaines créatures, qui critique tous et toute chose; qui méprise ses frères; qui, en accomplissant des actions extérieurement bonnes, se laisse dominer par un amour-propre qui en détruit tout le mérite et en dévore la substance; qui ne cherche que ce qui peut satisfaire son esprit et son imagination, et nullement ce qui peut élever et dilater son coeur.

« Tels sont les caractères de la tiédeur.

« Quelles sont les suites de cet état funeste.

« Dieu menace l’âme tiède de la vomir de sa bouche: quia tepidus es, incipiam evomere te(1). Oui, ce Dieu si bon, ce pasteur qui court après la brebis égarée, ce père qui accueille avec tant d’amour l’enfant prodigue qui lui revient, ne peut pas supporter cette âme tiède; il éprouve le besoin de la rejeter. Dieu aimerait mieux une âme entièrement froide, mais capable d’une résolution généreuse, énergique. Pourquoi ? Parce que la tiédeur est bien difficile à guérir.

La tiédeur en effet ne nous permet pas d’être touchés de notre état. Nous ne nous voyons pas malades. Nullius egeo, dirons-nous. Mais le St-Esprit nous répond; Nescis quia tu es miser, et pauper, et caecus, et nudus. Notre pauvreté est manifeste: notre coeur est pauvre de l’amour de Dieu. Nous sommes aveugles, puisqu’au lieu de nous laisser guider par l’esprit de foi, qui est l’oeil de l’âme chrétienne, nous ne nous confions qu’aux fausses lueurs de l’amour-propre. Nous sommes nus car nous sommes dépouillés d’oeuvres. Seulement, dans une semblable maladie, les remèdes eux-mêmes produisent quelquefois l’effet du poison. Car plus nous recevons de Dieu, plus nous sommes comptables à son égard. Or, l’âme tiède, continuant à pratiquer, quoique sans ferveur, les sacrements, y reçoit des grâces abondantes, et s’endette tous les jours davantage à l’égard de Dieu.

« Enfin la tiédeur est difficile à guérir parce que l’habitude de laisser échapper les dons de Dieu fait craindre qu’elle ne dissipe toujours les dons accordés.

« Cependant cet état n’est pas sans remède. Il est difficile d’en guérir, mais avec l’assistance divine, c’est une guérison qui est encore en notre pouvoir.

« Pour l’obtenir, rentrons d’abord en nous-mêmes, pensons au maître que nous avons. Comment mérite-t-il d’être servi ? Songeons aussi à la grandeur de l’amour de Dieu pour nous: Sic Deus dilexit mundum, ut Filium suum Unigenitum daret(2). De temps à autre jetons un regard sur la croix arrosée du sang du fils de Dieu. Certes une larme de N.S.J.C. aurait suffi pour réparer nos outrages et satisfaire à la justice de son Père; mais cela n’eût pas suffi à son amour; il a voulu verser tout son sang pour nous racheter.

« Pour nous en particulier, n’avons-nous pas, comme tertiaires, une mission à remplir à l’égard des élèves ? Le but de notre oeuvre, c’est l’extension du règne de J.C. dans les âmes par l’éducation. Comment pouvons-nous étendre son Royaume dans les âmes des enfants, si notre coeur lui-même n’est pas embrasé de son amour. Dilige et fac. Aimons Dieu et notre action s’exercera sans effort.

« La chaleur de l’amour se sent à distance, comme celle d’un foyer ardent. En un mot, soyons saints, et, à notre insu, cette sainteté rayonnera de notre coeur à celui des enfants.

« Autre moyen de sortir de la tiédeur: prenons l’habitude d’offrir à Dieu un petit sacrifice chaque jour. Faisons pour reconquérir la ferveur, le contraire de ce qui, peu à peu, nous a fait descendre à l’état de tiédeur. C’est surtout par l’abandon des bonnes pratiques, par le mépris des petites choses que nous sommes tombés. Reprenons l’assiduité à tous nos exercices, l’habitude de la prière sous toutes ses formes, soit comme Office, soit comme adoration du St-Sacrement, ou méditation etc. Et nous sentirons notre coeur s’enflammer, et nous nous établirons dans cet état de ferveur que Dieu demande de nous. »

Après cette Instruction, le Prieur constate avec plaisir un peu plus d’exactitude à l’Office, et, sur l’observation d’un membre, l’heure de la récitation de Vêpres et Complies du samedi est mise à la même heure que les autres jours, et non plus après les litanies de la Ste Vierge. – La séance est levée.

Notes et post-scriptum
1. Apoc 3, 16.
2. Jn 3, 16.