Procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes

3 jun 1851 Nîmes Tertiaires Hommes

La perfection chrétienne – L’esprit de foi est bien peu développé en nous – Il faut surnaturaliser tous nos actes.

Informations générales
  • Procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes
  • Cahier des procès-verbaux 1847-1851
    61. Séance du 3 juin 1851
  • CE 1, p.93-96.
Informations détaillées
  • 1 BIEN SUPREME
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 CHRIST CENTRE DE LA VIE SPIRITUELLE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 DEFAUTS
    1 DETACHEMENT
    1 FOI
    1 HOMME CREE A L'IMAGE DE DIEU
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 ORAISON
    1 ORDRE SURNATUREL
    1 PERFECTION
    1 PRIERES AU PIED DE LA CROIX
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 RECHERCHE INTERIEURE
    1 RECITATION DE L'OFFICE
    1 RENONCEMENT
    1 TIERS-ORDRE MASCULIN
    1 VIE DE PRIERE
    2 BASTIEN, CLAUDE-HIPPOLYTE
    2 BOISSON, LOUIS-FRANCOIS-ALEXIS
    2 EVERLANGE, PIERRE-EMILE-LEON D'
    2 HENRI, EUGENE-LOUIS
    2 LONDES, MARC-ALBERT
  • Tertiaires de l'Assomption
  • Tertiaires Hommes
  • 3 juin 1851
  • 3 jun 1851
  • Nîmes
  • Collège de l'Assomption
La lettre

Séance du 3 juin [1851]

Vice-présidence de M. l’Abbé Henri

Absents: MM. Bastien, Londès, d’Everlange, Boisson.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et approuvé.

M. Henri appelle l’attention de la réunion sur la Perfection chrétienne. Cette perfection nous est prescrite par l’Evangile: n’en soyons pas surpris, n’est-elle pas la conséquence naturelle de notre création ? Faits à l’image de Dieu, nous sommes appelés à une fin surnaturelle, qui est la possession même de Dieu: Estote ergo perfecti sicut Pater vester coelestis perfectus est(1). Avant la venue de J.C., cette perfection était plus difficile à atteindre. Quel mobile avait l’homme pour en faire l’objet de son imitation ? Mais depuis que la lumière est venue du ciel, depuis que le Fils de Dieu s’est proposé à nous comme étant la voie, la vérité et la vie, les appuis ne nous manquent pas. Cette vie sacrée est un appel incessant et un constant modèle. Appliquons à tous les détails de notre vie les paroles de N.S.: Exemplum dedi vobis, ut quemadmodum ego feci, ita et vos faciatis(2). Oui, une vie surnaturelle fortement en opposition avec l’esprit du monde: c’est là ce que le chrétien doit s’imposer. L’explication du précepte ne peut être plus catégorique qu’elle ne l’est dans le sermon sur la montagne, et l’exposé si net et si précis des huit béatitudes. S’immoler, se renoncer, se dévouer: telle est la Règle de conduite du chrétien, telle, et plus rigoureuse encore, celle du Tertiaire. Nous sommes placés sur les confins de la vie religieuse, plus près toutefois de la vie du religieux. Ayons donc le regard de notre âme tourné vers cette fin surnaturelle qui est la nôtre: Justus ex fide vivit(3). Détachons-nous des créatures, de nous-mêmes, par la prière, par les sacrements, par la mortification, par une entière conformité de pensées et d’actions avec le divin modèle que nous devons suivre, par une conformité plus grande avec la vie de Jésus-Christ, par un commerce plus intime avec Dieu. Si nous n’avons pas compris que c’est là notre obligation, ne nous le dissimulons pas, nous n’avons rien compris à l’esprit du christianisme.

II. Faisons un retour sur nous-mêmes, et avouons bien simplement que cet esprit de foi est peu développé chez nous. Des mobiles purement humains nous font agir. La comparaison de notre passé avec notre présent semble nous rassurer; nous croyons pouvoir en demeurer là dans le bien. Alors nous nous bornons aux personnes qui sont à notre [un mot non déchiffré]: le cercle de nos relations se restreint à elles. Mais ce regard en arrière est-ce donc tout en effet ? Nous sommes moins mauvais, n’avons-nous pas à devenir meilleurs, et de meilleurs, parfaits ? Ayons devant les yeux les chrétiens plus avancés, qu’ils stimulent notre émulation languissante. Avançons à leur suite, en leur compagnie. Ne comptons pas avec Dieu! Allons toujours, ne nous reposons jamais sur ce que nous avons acquis. L’expérience ne nous a-t-elle pas montré combien était fragile cet édifice incomplet de vertus et de piété qui est le nôtre. Oui, nous sommes, beaucoup plus que nous ne le pensons, sous l’influence des préjugés du monde. Laissons-nous davantage conduire par l’esprit de Dieu. Recueillons-nous dans ces exercices que nos Constitutions nous recommandent. Un peu d’oraison, un peu de méditation. Replions-nous sur nous mêmes, et de l’intérieur de notre âme, sachons nous élever jusqu’à Dieu.

III. Il faut prendre la résolution de surnaturaliser tous nos actes. Assurément nous ne sommes pas incrédules: mais on croirait que nous sommes sans conviction parce que nous sommes sans entraînement. Manifestons notre foi dans nos destinées immortelles. Contemplons pieusement la vie et les exemples de N.S. Nos pensées seront moins humaines, leur horizon s’élargira. Nous sommes aveugles pour les choses de Dieu, recourons à la lumière essentielle, nous apprendrons à ordonner notre vie pour la fin surnaturelle à laquelle nous sommes appelés. Que d’entraînements fâcheux, que de saillies de mauvaise humeur n’aurions-nous pas évités dans l’occasion, si, le matin, nous avions arrêté notre attention sur nos défauts, sur nos faiblesses, comparant ce que nous sommes à ce que nous devrions être! Concaluit cor meum intra me, et exardescet in meditatione ignis. Le feu de la charité ne s’allume que dans ces considérations sérieuses du but de la vie humaine. On apprend plus au pied de la croix que dans les livres des plus grands docteurs: car elle nous instruit dans la science du vrai progrès, la science du salut. *Haec est vita aeterna ut cognoscant te, solum Deum verum, et quem misisti J.C. »(4).

On propose de remettre au samedi soir après les litanies, la récitation de Matines et Laudes. L’usage établi est maintenu. Il y a inconvénient à changer ainsi sans cesse les heures de l’Office.

La séance est levée.

Notes et post-scriptum
1. Mt 5, 48.
2. Jn 13, 5.
3. Rom 1, 17.
4. Jn 17, 3.