Procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes

• Procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes
• Cahier des procès-verbaux 1847-1851
  68. Séance du 17 novembre 1851
• Ecrits spirituels, 1325-1328
• CE 4 (brouillon non recopié, joint au cahier CE 1).

• 1 BON EXEMPLE
  1 CIEL
  1 COLLEGE DE NIMES
  1 CONSEIL SUPERIEUR DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
  1 CONVERSATIONS
  1 CRAINTE
  1 DEVOIRS DE CHRETIENS
  1 ELEVES
  1 ENFER
  1 FIDELITE
  1 FOI
  1 GRANDEUR MORALE
  1 LACHETE
  1 LIVRES
  1 MAITRES CHRETIENS
  1 MAITRISE DE SOI
  1 MORTIFICATION
  1 ORAISON
  1 OUBLI DE SOI
  1 PORTEMENT DE LA CROIX PAR LE CHRETIEN
  1 PURGATOIRE
  1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
  1 RESPECT HUMAIN
  1 SAINTETE
  1 SIGNE DE LA CROIX
  1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
  1 SPIRITUALITE TRINITAIRE
  1 TIERS-ORDRE MASCULIN
  1 VOIE UNITIVE
  1 ZELE APOSTOLIQUE
  2 BOISSON, LOUIS-FRANCOIS-ALEXIS
  2 BOURDALOUE, LOUIS
  2 DOYEN-CAYOL, ALEXANDRE
  2 EVERLANGE, PIERRE-EMILE-LEON D'
  2 FERRY, FRANCOIS-LEON
  2 GERMER-DURAND, EUGENE
  2 GUYOT, PHILIBERT
  2 HENRI, EUGENE-LOUIS
  2 JACOB
  2 LONDES, MARC-ALBERT
  2 MAZEL, EUGENE
  2 MONNIER, JULES
  2 NAPOLEON III
  2 RODRIGUEZ, ALPHONSE
  2 SAUVAGE, EUGENE-LOUIS
  2 VAILHE, SIMEON
  2 VERGNES, AUGUSTE
  2 YZALGUIER, M.-DOMINIQUE-EUGENE D'
  3 NIMES
  3 PARIS
• Tertiaires de l'Assomption
• Tertiaires Hommes
• 17 novembre 1851
• 17 nov 1851
• Nîmes
• Collège de l'Assomption

Séance du 17 nov[embre 18]51

Présidence de M. d’Alzon

Présents MM. Londès, d’Everlange, Henri, d’Yzalguier, Cayol, Vergnes, Boisson, Mazel, Ferry, Sauvage, Durand, Guiot, Monnier.

Le procès-verbal est lu et adopté.

Il (1) donne à la réunion quelques renseignements sur les dispositions chrétiennes d’un certain nombre d’élèves. Un travail lent mais sûr se fait dans ces jeunes âmes. Il y a élan vers le bien. On peut espérer qu’il y aura là des chrétiens résolus, qui se poseront dans le monde d’une manière excellente. – Que ce soit pour nous un aiguillon qui nous excite à marcher en avant.

M. d’Alzon doit, avant son départ (2), faire une série d’instructions à la chapelle. L’heure est fixée à 5 h.(3)

Préoccupons-nous particulièrement de la fidélité aux petites choses. Combien d’actes dans la piété dont le mérite est perdu pour nous parce que nous y apportons trop peu d’attention. Ils auraient cependant une valeur positive si nous voulions réfléchir davantage, pour les rendre plus personnels. Qu’est-ce que le signe de croix par exemple ? Bien peu de chose en apparence. Et cependant que d’enseignements ne renferme-t-il pas ?

Elevons nos pensées. Deux grands faits doivent être le terme de notre vie: le Ciel et l’Enfer. Entre les deux, plaçons le purgatoire. – Songeons-nous bien qu’une série d’actes irréfléchis peuvent préparer pour nous une chute; qu’à force de demeurer indifférents sur certaines choses, nous pouvons affaiblir la vigueur de la foi en nous. Si nous mourions avec un péché mortel n’avons-nous pas lieu de trembler à cette seule pensée ? Ecartons-la. Arrêtons-nous au purgatoire. Une série de mérites attachés à une foule de petits faits ne peut-elle pas nous acquérir des grâces qui nous font éviter les flammes du purgatoire ? Des vertus nouvelles se formeraient, se développeraient en nous sous l’influence de ces grâces. Examinons le signe de la croix à ce seul point de vue.

Invocation – Nous invoquons d’abord la Sainte Trinité. Si nous apportons dans cette invocation un sentiment de foi, ne nous unissons-nous pas alors, par l’adoration, à Dieu dont la possession doit être, au-delà du temps, la consommation de notre vie terrestre. S’unir à Dieu dès ici-bas, est-ce si peu de chose ? – L’image de Dieu est empreinte sur l’homme. Invoquer sur nous la Sainte Trinité n’est-ce pas faire acte d’obéissance au Père, d’adhésion au Fils, d’amour au Saint-Esprit ? Que nous approfondissions ces pensées chaque fois que nous faisons le signe de la croix, ce serait trop nous demander. Mais si quelquefois, si une fois dans la semaine nous nous efforcions d’appliquer notre esprit à ces pensées, l’exercice les rendrait insensiblement plus intenses et nous arriverions ainsi à nous mettre plus fréquemment en contact avec la Sagesse, la Vérité infinie, avec l’Amour souverainement parfait.

Enseignement – Entrons dans la pratique. Le signe de la croix n’enseigne-t-il pas éloquemment le professeur qui le fait avec foi ? Au commencement de sa classe, le signe de la croix lui dit que sa parole, par quelque côté, va être une manifestation de la vérité, une initiation à la sagesse, un rayonnement du foyer même de l’amour. A la fin de sa classe, le signe de la croix peut être une offrande d’immolation et de sacrifice. Il présente à Dieu cette fatigue de son travail, ces ennuis, ces peines qu’il a pu éprouver, comme l’holocauste de résignation et de soumission, comme une expiation des péchés. – Ah! qu’il est plus fort, qu’il est digne l’enseignement qui s’unit ainsi à Dieu! Quelle intensité il revêt, quel caractère respectable lui est imprimé! Le maître parle alors comme au nom de Dieu, tamquam Deo exhortante per nos. Il est un ambassadeur de la toute-puissance céleste. – En retour, l’élève grandit aussi. Car enfin, lui également, est une puissance avec laquelle Dieu veut bien daigner traiter, vers laquelle il députe en quelque sorte le maître chrétien. Dans ces pensées comme il a le sentiment de sa dignité et de la dignité de ses jeunes auditeurs!

N’est-ce donc pas tout mettre dans le signe de la croix ? En définitive la croix n’est-elle pas tout, n’est-ce pas cette échelle que vit Jacob, et qui allait de la terre au ciel ? – Voulons-nous aller plus loin ? Nous faisons ce signe de croix sur nos corps. Qu’est-ce à dire ? Nous acceptons la nécessité, disons mieux, le devoir de porter notre croix comme la porta Jésus. Oui, l’enseignement a ses ennuis, l’étude a ses labeurs. Acceptons-les, chargeons-en nos épaules. Dès le matin, en nous levant, prenons la croix par l’acceptation volontaire, et à l’avance, des peines de notre journée. C’est ainsi que notre vie sera saisie tout entière par la pensée de la foi. – Et nous serons alors véritablement des hommes de devoir et de dévouement. – Appliquons-nous à juger notre passé, notre présent à la lumière de ces réflexions.

Concluons à la rigoureuse obligation où nous sommes d’agir dans ces pensées de foi, de nous rappeler sans cesse que nous sommes faits pour la perfection, qu’il faut y avancer, que s’arrêter c’est reculer, que nous devons avancer dans cette voie beaucoup plus loin que nous le pensons. Pourquoi donc cette mollesse d’efforts, pourquoi ces hésitations ? Jusqu’où avons-nous accepté la souffrance ? Autrement dit jusqu’où avons-nous aimé ? Oui, si une seule fois par semaine nous faisions avec lenteur, avec réflexion, en esprit parfait de prière et d’adoration notre signe de croix, la croix entrerait dans nos âmes, y porterait ses fruits. Nous ne sommes pas appelés seulement à être des rachetés du sang de Jésus-Christ: le Sauveur veut aussi que nous soyons des saints.

M. d’Alzon interroge quelques membres sur leurs lectures.

M. d’Yzalguier a été surtout frappé dans Rodriguez des considérations sur la mortification. Extérieure et intérieure, elle nous aide puissamment à nous posséder, à rester maîtres de nous-mêmes. – Dans l’oraison il est indispensable d’unir la réflexion et le sentiment. L’une nous aide à creuser la pensée que nous méditons, l’autre à la mettre en pratique: la réflexion seule aboutirait à une spéculation sèche; le sentiment isolé risquerait de n’être qu’une impression passagère. M. Henri a remarqué l’insistance de Bourdaloue à nous exhorter à la sanctification des entretiens. Il y a là un acte généreux de foi et une marque de zèle chrétien. Nous n’osons pas le faire le plus souvent, plus par timidité et embarras que par faiblesse et lâcheté. On n’ose pas se montrer tel que l’on est. Sous prétexte de condescendance polie nous inclinons au respect humain.

M. d’Alzon désire que les Tertiaires se communiquent souvent les impressions de leur lecture. Outre l’édification commune qui doit en résulter, ils acquerront l’habitude de se rendre compte de leurs réflexions, de leurs impressions, et leur oraison y gagnerait assurément.

Le Tiers-Ordre est convoqué pour Lundi 23.