Procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes.

26 jan 1852 Nîmes Tertiaires Hommes

La charité est le ciment de la communauté mais l’humilité est la base de l’édifice – Entrons dans les sentiments de Jésus mourant sur la croix.

Informations générales
  • Procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes.
  • Dossier des procès-verbaux 1852-1853.
    3. Réunion du 26 janvier 1852
  • DI 138.
Informations détaillées
  • 1 AMITIES PARTICULIERES
    1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CORPS MYSTIQUE
    1 CROIX DE JESUS-CHRIST
    1 DEFAUTS
    1 ESPRIT DE COMMUNAUTE
    1 EXAMEN DE CONSCIENCE
    1 HUMILITE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DU PARDON
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 MISERICORDE
    1 PARDON
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 REFORME DU COEUR
    1 RESPECT
    1 SALUT DES AMES
    1 TIERS-ORDRE DE L'ASSOMPTION
    1 TIERS-ORDRE MASCULIN
    1 UNION DES COEURS
    1 VERTUS
    2 BLAUD, CLAUDE-JULES
    2 LONDES, MARC-ALBERT
    2 MAZEL, EUGENE
    3 NIMES
  • Tertiaires de l'Assomption
  • Tertiaires Hommes
  • 26 janvier 1852
  • 26 jan 1852
  • Nîmes
  • Collège de l'Assomption
La lettre

Séance du 26 janvier [18]52

Absents: MM. Blaud, Mazel, Londès.

Présidence de M. d’Alzon.

M. d’Alzon désirerait voir l’esprit de charité se développer plus fortement dans le Tiers-Ordre.

La charité est le ciment qui devrait nous unir, mais pour adhérer au ciment, il faut comme les pierres d’un édifice, se laisser tailler d’abord, et puis ne présenter plus toutes ses saillies, s’effacer; autrement dit, l’individualité doit de plus en plus disparaître. Mais c’est à quoi nous ne pouvons nous résoudre. Si nous voulons cependant fonder un édifice, une oeuvre qui fasse corps, il faut bien s’effacer ainsi en un sens, et entrer dans une pensée commune. En un mot il est indispensable d’avoir de l’humilité. Nous pouvons bien avoir tout l’esprit du monde, même celui de l’enfer, mais nous n’avons pas assurément l’esprit du ciel, si nous ne sommes pas humbles. Nous ne vaudrons pas grand’chose comme chrétiens, car la valeur de l’homme, dans la vie chrétienne, se mesure à son degré d’humilité.

Nous sommes des pierres anguleuses, nous avons des défauts. Il n’en est que plus nécessaire de nous reposer sur un ciment commun qui nous fasse adhérer les uns aux autres. Si nous étions des saints, il ne serait pas malaisé de nous juxtaposer. Mais nous sommes mal taillés, bien anguleux. Donc nécessité plus grande d’adoucir nos défauts par la charité, et de faire des progrès en ce sens.

N’y a-t-il aucun point de contact entre nous ? Descendons au fond de nous-mêmes. Demandons-nous ce que Jésus-Christ mettrait à la place de nos dispositions personnelles, de nos défauts, de nos considérations orgueilleuses des défauts des autres. Elevons les yeux vers la croix: voyons Jésus près d’expirer, jetant un regard dans l’avenir avant la consommation de son sacrifice. Quoi donc ? Se fait-il illusion sur l’ingratitude des chrétiens, sur leurs oublis, leurs lâchetés ? Non. Mais il aime les hommes. Et il oppose une bienveillance générale à ces oublis, à ces lâchetés, à cette ingratitude. Faisons comme J.C. Dans nos relations laissons dominer cet esprit de bienveillance. Et plus ces relations deviennent fréquentes, journalières, comme les relations que nous avons entre nous, plus nous sommes rapprochés les uns des autres, plus aussi nous devons être bons, affectueux. Il n’y aura pas de danger alors à envisager les défauts des autres: leur vue n’excitera que le zèle de la charité. Et par retour la vue de nos défauts nous portera à les adoucir pour les rendre de plus en plus supportables, et moins embarrassants.

Le prochain a tels ou tels défauts: qui le conteste ? Mais enfin J.C. ne voit-il pas aussi ces défauts ? J.C. a-t-il une sensibilité moins vive à leur égard ? Et cependant il se donne à cette âme, il lui offre son corps mystique, il lui promet son Paradis. Cette considération n’est-elle donc pas faite pour apaiser un peu nos irritabilités, nos sévérités, nos rigueurs ? Et d’ailleurs oublions-nous que la mesure du pardon dont nous avons usé envers les autres sera celle dont il sera usé envers nous au jugement dernier ? Cette disposition de bienveillance et de générosité c’est la meilleure vérification des comptes que nous avons à rendre à Dieu. Notre dette à sa justice peut s’apprécier excellemment à ce contrôle. Cette pensée véritablement peut suffire à empêcher tous les échauffements de l’amour-propre, et à calmer de vaniteuses susceptibilités.

Prenons J.C. pour modèle. Continuons son action miséricordieuse, pacifiante. Nous semblons croire qu’il s’agit pour nous de vaincre, de châtier le mal: c’est l’affaire de la puissance de Dieu et de sa justice. Pour nous, sachons inspirer le Bien. Préoccupons-nous moins de réprimer le mal que de le prévenir et de mettre à sa place le bien. L’homme n’est ni positivement bon, ni positivement mauvais. Détournons avec adresse vers le bien toute passion, c’est-à-dire toute force dont la puissance incline vers le mal, exerçons une direction de vertus.

Tout cela c’est de la charité, et de la charité respectueuses. Car il faut ce respect des âmes si on veut faire du bien. La charité sans respect tourne aisément à une amitié particulière, et gâte plus qu’elle n’améliore.

Charité humble, active, respectueuse, c’est là où il faut arriver si nous voulons nous faire du bien les uns aux autres, et en faire à nos élèves. Dans cet ordre de pensées, on va forcément au fond des choses, l’examen de conscience n’en reste pas à la surface, pour ainsi dire à l’extérieur. On s’interroge sur ses intentions. C’est le seul moyen de s’éprouver et le régime vigoureux auquel il faut se soumettre quand on veut se perfectionner et avancer dans la vie chrétienne.

Notes et post-scriptum