- Procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes
- Cahier des procès-verbaux 1854-1857
5. Séance du 27 mars 1854 - CE 8-15, p. 5-6.
- 1 APOSTOLAT DE LA VERITE
1 BEAU LITTERAIRE
1 CHAPITRE DES COULPES
1 COLLEGE DE NIMES
1 CONSERVATEURS ADVERSAIRES
1 DISTINCTION
1 ESPRIT ETROIT
1 FECONDITE APOSTOLIQUE
1 GRANDEUR MORALE
1 HARDIESSE DE L'APOTRE
1 LARGEUR DE VUE APOSTOLIQUE
1 LIVRES
1 OEUVRES DE PIETE
1 OUBLI DE SOI
1 REFORME DE L'INTELLIGENCE
1 REFORME DU COEUR
1 TIERS-ORDRE DE L'ASSOMPTION
1 TIERS-ORDRE MASCULIN
1 TRAVAIL DE L'ETUDE
2 MONNIER, JULES
2 VEUILLOT, LOUIS
3 NIMES - Tertiaires de l'Assomption
- Tertiaires Hommes
- 27 mars 1854
- 27 mar 1854
- Nîmes
- Collège de l'Assomption
27 mars [1854]
Présidence du P. d’Alzon.
Le P.V. du 20 est lu et approuvé.
Le P., après avoir donné lecture à la Réunion de quelques réflexions de M. L. Veuillot sur les travaux à faire dans l’intérêt de la vérité, commente ces réflexions et en tire quelques applications pratiques.
I. M. Veuillot a parlé d’une Bibliothèque, commencée sous sa direction, qui n’a pu arriver à terme. A ce sujet, il dit ce qu’il avait souhaité faire, et ce qui n’a pas été fait. Desiderata. C’est là l’histoire de toute oeuvre humaine. Il y aura toujours de l’inachevé, toujours à refaire, oui. Après tout, n’est-ce pas consolant ? C’est là un dessein miséricordieux du bon Dieu. Il faut bien qu’il reste toujours quelque chose à faire: une génération ne doit pas tout prendre pour elle.
Mais si Dieu veut bien réserver quelque chose à faire, il y a donc obligation de faire quelque chose; et pour faire quelque chose, il faut se préparer, se développer. Que faisons-nous ? Comment nous développons-nous ?
Aujourd’hui plus que jamais, il faut s’appliquer à prendre les choses de haut. Sans cela on s’expose insensiblement à se vulgariser. Sachons élever nos pensées, ne sevrons pas nos esprits et nos coeurs. Par cela même que nous sommes catholiques il y a dans nous une vie répandue et communiquée qui nous rend féconds. Pourquoi donc nous rendrions-nous stériles ?
II. Un rapprochement. Il y a en littérature une certaine élévation soutenue qui est le cachet du grand style. Acquérons cette élévation soutenue dans nos pensées, dans nos sentiments, dans notre caractère, dans nos actes. Pour cela, que l’union se fasse entre notre tête et notre coeur, que de l’une descendent, par le travail, par une habitude de pensées sérieuses, d’études relevées, des inspirations qui, tombant sur les coeurs, en remonteront comme une sève vigoureuse, vers l’intelligence. Ne nous isolons ni dans l’un ni dans l’autre. Etre un homme d’esprit ce n’est pas assez, être un homme de coeur n’est pas tout.
L’intelligence a aussi sa noblesse. Comprenons cette noblesse. Ce n’est pas la comprendre que de ne pas la placer dans un milieu distingué, que de lui refuser cette alimentaion des grandes idées qui, seules, entretiennent et développent chez elle les aptitudes de noblesse déposées au fond de toute intelligence catholique.
Donnons de l’étendue à notre intelligence. Envisageons nos études à ce point de vue. Sortons de l’ordre vulgaire dont nous emblons nous contenter. Ceci est le devoir de l’homme de lettres, du savant, du professeur. Dans l’ordre même de la piété, dans l’idée religieuse pure il y a aussi une certaine vulgarité contre laquelle il faut se tenir sans cesse en défiance.
Les chrétiens, qui ne sont qu’honnêtes chrétiens, se sont fait un christianisme vulgaire. Ainsi par exemple, l’action catholique, qui la comprend dans un certain monde de chrétiens même pieux ? Et cependant qui dit piété, devrait dire dévouement, largesse de coeur, élan. Mais avec les inconséquences du coeur et tant d’autres, il y a aussi les inconséquences de la piété: on pourrait, on devrait s’agrandir, on se rappetisse.
Echappons à ces inconséquences.
Il y a quelque chose à faire pour la défense de la vérité. Ne devenons pas incapables d’agir pour elle, par défaut de coeur, par étroitesse d’esprit.
La séance est levée après la coulpe.
Le Président:|Le Secrétaire: J. Monnier.