- Sermons divers
- Carême prêché en 1861 à St-Charles de Nîmes
Vendredi de la première semaine: *De la Tradition.* - GO 1, p.51-85; Ecrits du P. Bailly, p.181-187.
- 1 ANGLICANISME
1 APOTRES
1 AUGUSTIN
1 CONCILE DE TRENTE
1 CONCILE OECUMENIQUE
1 DOCTRINE CATHOLIQUE
1 ECRITURE SAINTE
1 EGLISE
1 ENFER ADVERSAIRE
1 ENSEIGNEMENT DE L'HISTOIRE
1 EPREUVES DE L'EGLISE
1 FOI
1 HAINE ENVERS LA VERITE
1 HERESIE
1 HISTOIRE DE L'EGLISE
1 INSPIRATION BIBLIQUE
1 JESUS-CHRIST
1 JUIFS
1 JURIDICTION ECCLESIASTIQUE
1 LIBRE PENSEE
1 MAGISTERE
1 MARTYRS
1 MIRACLES DE JESUS-CHRIST
1 PAPE
1 PEUPLE DE DIEU
1 PHILOSOPHIE MODERNE
1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
1 RATIONALISME
1 REVELATION
1 REVOLUTION DE 1789
1 ROI DIVIN
1 SAINT-ESPRIT
1 SUCCESSION APOSTOLIQUE
1 THOMAS D'AQUIN
1 TRADITION
1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
2 ANANIE
2 ATHANASE, SAINT
2 BERNARD DE CLAIRVAUX, SAINT
2 BOSSUET
2 EUTYCHES
2 HILAIRE, SAINT
2 IRENEE, SAINT
2 LACTANCE
2 NESTORIUS
2 NEWMAN, JOHN-HENRY
2 PAPIN, DENIS
2 PAUL, SAINT
2 PIERRE, SAINT
2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
2 SAPHIRE
3 ALEXANDRIE, EGYPTE
3 ANGLETERRE
3 FRANCE - 22 février 1861
- 22 feb 1861
- Nîmes
- Eglise St-Charles
Non in solo pane vivit homo, sed in omni verbo quod procedit de ore Dei.
La Bible,nous l’avons vu, est cette parole, mais elle n’est pas excellemment cette parole, car si à cette parole écrite ne vient s’ajouter une parole parlée, la Bible est un code ouvert à tous les avocats et à tous les mauvais plaideurs où chacun trouverait tout ce qu’il voudrait y trouver; c’est ce qui est arrivé en effet depuis 300 ans.
De même que dans toute société bien organisée il faut un tribunal pour interpréter les lois, et qu’aux lois les plus excellentes il faut un tribunal chargé de leur interprétation, une jurisprudence en un mot, de même dans la plus parfaite des sociétés, il y a un code de lois et à ce code il faut une interprétation légitime qui ne se laisse pas dévier au gré de tous les caprices, de tous les systèmes et de toutes les passions.
Il y a donc une parole autre que la parole écrite.
En effet, si la parole écrite suffit, expliquez comment après 15 siècles des hommes sont venus et ont dit: parmi les livres saints il y en a d’apocryphes. Ainsi pendant 15 siècles, ou tout au moins pedant dix siècles, si le canon des livres inspirés ne remonte qu’au 5e siècle, pendant dix siècles, dis-je, les livres saints ont été reçus comme inspirés et vous venez nous dire que plusieurs d’entr’eux sont apocryphes, mais comment pouvez-vous affirmer l’inspiration des autres? Ils sont inspirés pour vous, mais ils ne le seront pas pour d’autres, et cela s’est vu déjà.
Il ne peut donc y avoir de certitude dans la parole écrite que vous admettez. Vous dites: toute la Bible, mais savez-vous si vous la possédez complètement? Vous dites: rien que la Bible. Mais savez-vous si rien n’y a été ajouté? Au bout de 15 siècles, vous retranchez des ouvrages qui avaient été reconnus jusque-là, la conservation n’a donc pas été complète; rien ne peut être certain dans la parole écrite. Il faut donc une certitude puisée en dehors de cette parole et je dirai, après St Augustin: Je ne croirais pas à l’Evangile si l’autorité de l’Eglise ne m’y poussait.
C’est cette autorité que je viens examiner avec vous ce soir, non point à un point de vue général, ce sera l’objet de notre prochaine instruction, mais au point de vue de la seule Tradition, cette parole transmise et vivante dans l’histoire de l’Eglise, qui soutient la parole écrite, qui forme avec elle comme les deux arcs-boutants sur lesquels repose l’Eglise de Dieu.
Ainsi après avoir établi que l’Ecriture Sainte est notre propriété, j’établis aujourd’hui que la Tradition est notre force et qu’ayant seuls la Tradition, nous avons seuls la vérité et la plénitude de la vérité.
La Tradition est l’ensemble des enseignements que J.-C. a donné à ses apôtres et que le Saint-Esprit leur fit comprendre, c’est cet ensemble d’enseignements qui est arrivé jusqu’à nous par l’enseignement ordinaire et légitime des pasteurs.
Nous examinerons ce sujet à un double point de vue, de même que la société de Dieu avec les hommes se compose d’un élément humain et d’un élément divin, la Tradition elle aussi se compose de ces deux éléments, l’élément humain, c’est l’histoire, et l’élément divin c’est l’autorité.
Et maintenant, mes frères, si quelque bel esprit venait à me dire que ce sujet est trop relevé et qu’il passera sur la tête de mes auditeurs, je lui répondrais que votre attitude des jours passés me garantit l’intelligence que vous avez de ces choses et j’ai confiance que mes raisonnements pénètreront votre esprit et toucheront vos coeurs.
Ave Maria.
I. – Histoire. –
Aucune société ne subsiste si elle n’a son histoire. Qu’est-ce que l’histoire? L’histoire est le souvenir des choses passées qui sont les raisons de l’avenir, qui renferment les titres et les droits de chacun pour les rois comme pour les sujets.
Chaque famille a son histoire, et il n’y a que les familles honteuses qui cachent la leur. Plus un peuple est grand, plus son histoire est glorieuse et nous aimons à nous rappeler ce temps de l’histoire de France où les missels portaient pour la cérémonie de la création de ses chevaliers ces belles paroles: Gesta Dei per Francos, paroles que les événements ne démentaient point.
Mais au-dessus de la société française et de toutes les sociétés particulières, il y a la société universelle ou l’Eglise catholique dans laquelle les élus de Dieu étaient invités à venir se grouper sous un même roi représentant et successeur de J.-C. C’est cette royauté qui nous apparaît inébranlable au milieu des siècles, contre laquelle les peuples s’agitent et poussent des cris de fureur. Qu’ils forment de vains complots, peu importe! Les rois se mettront de la partie et les princes viendront à leur tour, peu importe!
La société éternelle restera debout, profitera de tout et à travers ces luttes poursuivra le cours de son histoire et de ses destinées.
Mais ce n’est pas à ce point de vue que je veux considérer l’histoire de l’Eglise, j’ai voulu dire seulement que si la France a son histoire, il faut que l’Eglise ait la sienne et de même qu’il faut que dans toute société l’histoire conserve et consigne les droits de tous, de même il faut que les annales de l’Eglise conservent et consignent les droits et les devoirs de toutes les intelligences.
Or les droits et les devoirs des intelligences sont les droits de la vérité. Voilà comment l’élément de l’histoire est essentiel.
L’histoire de l’Eglise est l’histoire de la transmission faite par J.-C. à ses apôtres; c’est l’histoire de ses luttes, c’est l’histoire du châtiment de tous les persécuteurs et nous savons comment les premiers ont fini, il y a 14 siècles que Lactance l’a écrit; c’est l’histoire de toutes les révoltes, des diverses hérésies qui ont voulu chacune jeter leur crachat à la face de J.-C. et qui, foudroyées, portent chacune au front le stigmate de sa honte comme le démon porte l’éternel stigmate de l’archange Michel.
L’histoire de l’Eglise est cette collection d’hommes prodigieux qui sont venus ou comme apôtres, ou comme apologistes la rassurer dans ses combats; c’est l’histoire de ces admirables assemblées qui venaient déclarer les vérités de foi et juger ceux qui voulaient apporter de nouveaux dogmes.
C’est l’histoire de cet homme si extraordinaire dans lequel nous vivons, c’est l’histoire de J.-C. qui s’est transmise à Pierre et à ses successeurs jusqu’à nos jours, de sorte qu’en voyant encore cet homme, son front fût-il ceint d’une couronne d’épines, nous nous écrions: Voilà Pierre!
Voilà ce que c’est que l’histoire et vous comprenez comment notre coeur palpite devant les exemples de haine infernale qui se produisent de nos jours. Ce qu’il y a de plus grand, de plus divin dans la personne de J.-C., c’est d’avoir annoncé les humiliations et les triomphes de son Eglise, d’avoir annoncé qu’elle serait sans cesse poursuivie par les persécuteurs, le schisme et l’hérésie, ou par le refroidissement de la charité qui amène toutes les défaillances et d’avoir annoncé en même temps le triomphe de la vérité et de l’intégrité de sa morale. Voilà l’histoire de l’Eglise, voilà sa force et voilà sa grandeur!
Aussi c’est là cette tradition, cette histoire magnifique qui est attaquée avec l’acharnement le plus grand. En général, c’est un triste signe pour une société, quand elle cherche à effacer son histoire; c’est ce qu’on fit au 16e siècle, lors de la Réforme; on effaça tout le passé, les institutions des Pères, la hiérarchie, etc., on ne veut que la Bible. Attendez quelques années et la Bible déchirée par la philosophie et le rationalisme, objet de la haine des libres-penseurs, ne deviendra qu’un livre humain et pire qu’un livre humain, car si la Bible est un livre humain, c’est une abominable imposture.
Pendant que les protestants détruisaient ainsi le passé nous le conservions soigneusement et aujourd’hui le beau mouvement vers le catholiicisme qui se produit si heureusement dans l’Eglise d’Angleterre vient surtout des hommes de bonne foi qui ont fouillé dans les archives de notre histoire.
Quand un peuple tombe dans la dégradation, il détruit ses annales; voyez 93, le passé accusait le présent, on ne voulait pas de ses anathèmes et on a cru qu’on pouvait l’anéantir en détruisant ses monuments comme la science d’Orient dans l’incendie de la Bibliothèque d’Alexandrie!
Nous qui trouvons dans l’histoire des titres nous aspirons à l’immortalité, nous voulons des annales, nous nous réjouissons d’avoir une famille, nous sommes fiers de nos ancêtres, nous voulons avoir des aïeux et c’est ce qui fait notre honneur. Toutefois l’histoire de l’Eglise ne se présente pas en détails, et comme l’a fait observé justement un protestant converti, Papin, on ne peut pas dire de l’histoire ecclésiastique qu’elle forme comme une chaîne où les anneaux se succèdent; c’est un cadre immense dans lequel chaque partie concourt au tout, de sorte qu’on ne peut pas dire qu’un anneau finit et qu’un autre anneau commence, les hommes, les croyances d’un siècle ne meurent pas à la fin de ce siècle pour faire place aux hommes et aux croyances du siècle suivant; vous ne pouvez pas dire qu’à un moment donné une croyance s’est perdue et qu’une autre a commencé; à chaque hérésie nous pouvons montrer le point sanglant de sa séparation. C’est un tout qui se déroule sans un point d’arrêt.
Lorsque j’envisage ce magnifique témoignage en présence de ces religions séparées qui s’élèvent contre nous, je leur réponds: je crois ce que croient tous les évêques établis pour régir les peuples, je crois ce que croyait le Concile de trente, représentant de l’Eglise universelle, ces grandes assises de la chrétienté qui ont condamné non seulement les erreurs de leur époque, mais aussi le germe des nouvelles erreurs qui devaient en sortir.
Si vous me demandez des noms propres, je vous dirai que je crois à l’enseignement de St Thomas d’Aquin et en lui à toute son époque, car je puis dire avec Bossuet que toute l’Ecole est résumée en lui.
Si je crois au Concile de Trente et à l’enseignement de St Thomas d’Aquin, j’arriverai à St Bernard ce grand docteur en qui s’éteignent les Sts Pères de l’Eglise et dont toute la synthèse est renfermée dans les écrits de St Thomas.
Si vous voulez que je remonte plus haut je trouve les martyrs dont le sang a pétri en quelque sorte les fondements de l’Eglise, je vois les chevalets, les bêtes féroces, la rage des hommes unie à celle de l’enfer.
Plus haut je vois les Apôtres et enfin je vois l’auteur et le consommateur de la Croix, ce réservoir de toutes les vérités dont les ondes se répandent comme un fleuve à travers tous les âges.
Les successeurs des Apôtres, les évêques ont été chargés spécialement de conserver ces vérités, car leur caractère est d’être juges, et laissez-moi vous dire en passant, mes frères, combien je suis heureux en ces temps malheureux de posséder un évêque qui ressemble aux Athanase d’Alexandrie, aux Hilaire de Poitiers, je ne dirai pas aux Irénée de Lyon, car je ne veux pas voir encore dans ses veines le sang des martyrs, comme j’y vois déjà le courage et la science des Docteurs!
II. Autorité. –
Ce que je viens de dire peut se prendre au point de vue humain; en effet, si vous supprimiez l’histoire de l’Eglise, vous seriez obligé de supprimer toute l’histoire, car je vous défie de trouver un peuple qui possède une tradition mieux établie; par conséquent à ce point de vue déjà l’histoire de l’Eglise mériterait nos hommages, mais ce n’est pas seulement sur cet élément humain qu’elle s’appuie, elle a de plus un élément divin. Lorsque Dieu après la création du monde voulut tirer l’homme du néant, il prit un peu de boue et d’un souffle divin inspira à ce limon son esprit de vie, c’est quelque chose de semblable qui s’accomplit dans la tradition de l’Eglise. Au temps des Apôtres et depuis je vois des pécheurs, des lâches et des traîtres, et si je parcours la chaîne des temps je suis obligé de reconnaître bien des oppositions à la vérité; mais en même temps je vois que cette société qui se dit la société de Dieu avec les hommes soutient un enseignement toujours le même, et c’est à ce caractère que je suis obligé de reconnaître la puissance et la force de l’enseignement de l’Eglise. Le doigt de Dieu est là, lui seul peut maintenir la vérité dans cette précision merveilleuse.
Que ceux qui ont le temps d’étudier se rendent compte de toutes les erreurs qui ont éclaté au milieu même des premières persécutions et si vous ne pouvez faire cette étude rendez-vous compte de toutes les absurdités qui sont crachées tous les jours par les hommes les plus savants contre J.-C. et son Eglise, voyez-les renouveler chaque jour la scène du prétoire, et ceux-là ne sont rien encore en présence de tous ces argumentateurs qui viennent nous dire à l’envi: l’Eglise a fait son temps.
Mais y songez-vous, est-ce que depuis le temps où les Apôtres ont composé leur symbole nous avons changé un mot à notre doctrine, à chaque attaque nouvelle l’Eglise s’est contentée d’ajouter un mot pour expliquer ou compléter, en sage dispensatrice elle répand sa lumière en raison des ténèbres qui s’efforcent de l’obscurcir; elle repousse les efforts des méchants et elle combat les erreurs des impies sans jamais se laisser aller à pencher trop dans le sens opposé à celui que proposent ses ennemis; ainsi dans la même question les hommes pencheront les uns d’un côté, les autres du côté opposé, elle suivra toujours la ligne droite de la vérité. Nestorius pourra soutenir qu’il y a deux personnes en J.-C., Eutychès au contraire qu’il n’y a en J.-C. qu’un seule nature, l’Eglise sans se laisser entraîner décidera contre Nestorius l’unité de la personnification du Christ et contre Eutychès la dualité des natures.
Voilà ce qu’il y a d’admirable, voilà ce qui ne peut se consommer sans le secours de l’Esprit-Saint.
Pour se rendre compte de ce phénomène, il faudrait l’analyser et il suffit pour cela de suivre l’Ecriture Sainte. J.-C dit: Pater omne judicium dedit Filio. Omne, n’excepte rien; J.C. viendra donc juger les hommes et les rois. Maintenant Jésus-Christ, maître de ce dépôt, transmet à la société qu’il établit la participation de jugement convenable et comme cette société est avant tout la société des intelligences, J.-C. donnera spécialement à son Eglise le droit de traiter les questions de l’intelligence; voici ses paroles: Sicut misit me Pater et ego mitto vos.
Voilà donc les Apôtres investis à leur tour du droit de juger et ce droit, nous voyons qu’ils l’exercent dans toute sa plénitude; rappelez-vous l’histoire de Pierre condamnant Saphire et Ananie, ils avaient commis une faute non dans l’ordre de la vérité, mais seulement une faute dans l’ordre des actions, un mensonge, et ils sont punis de mort.
Et si vous pensiez que ce droit a été limité aux seuls Apôtres et n’a pas été donné à leurs successeurs, je vous demanderais ce que veulent dire ces paroles: Euntes ergo docete omnes gentes, baptizantes eos in nomine Patris, et Filii et Spiritus Sancti, docentes eos servare omnia quaecumque mandavi vobis et ecce vobiscum sum omnibus diebus usque ad consummationem saeculi.
Docete omnes gentes, voilà bien la détermination du jugement dans l’enseignement, baptizantes eos in nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, voilà la détermination de la juridiction sur les âmes, usque ad consumationem saeculi, il s’agit donc des successeurs des Apôtres.
Que direz-vous aussi de ce commentaire de St Paul: J.-C. a établi les évêques pour gouverner l’Eglise de Dieu. Or, remarquons-le, si les évêques doivent gouverner l’Eglise de Dieu et si l’Eglise de Dieu est la société des intelligences, toutes les questions de l’intelligence rentrent dans leur juridiction.
Et combien de temps cela durera-t-il: Et ecce vobiscum sum usque ad consummationem saeculi.
Or si J.-C. est tous les jours avec son Eglise, il n’y a point de jour où elle puisse se tromper. J.-C. n’a-t-il pas dit: Ego sum via, veritas? Non, vous ne pouvez pas supposer que J.-C. étant avec son Eglise, il y ait des jours où elle soit dans l’erreur et comprenez l’étendue de la promesse: Usque ad consummationem saeculi; c’est-à-dire jusqu’au jugement dernier, il n’y aura pas un moment où l’erreur puisse s’établir dans l’Eglise; l’erreur rodera tout autour, elle pourra y entrer et c’est là la grande merveille et le grand mystère de l’Eglise, dit St Augustin, elle peut garder en son sein les méchants, les hérétiques jamais.
Sans doute le Seigneur aura-t-il toujours la paille et le bon grain dans son Eglise, mais si parmi les méchants qui sont la paille un hérétique paraît, il sera retranché aussitôt, il l’aura voulu en faisant son choix pour le mal, car tous sont appelés à demeurer avec celui qui a dit: Ego sum via et vita…et ecce vobiscum sum usque ad consummationem saeculi.
Ainsi donc dire que dans l’Eglise Satan a pu un jour enseigner le mensonge, c’est nier J.-C. et sa puissance.
De quoi se compose cette assistance que J.-C. prête à son Eglise? Elle comprend plusieurs éléments qu’on peut réduire ainsi:
1° L’Eglise a l’âme de J-C. ou l’esprit de J.-C., c’est-à-dire le St-Esprit, l’Esprit consolateur, l’Esprit de vérité, et comment jamais cet Esprit pourra-t-il tomber dans l’erreur?
2° L’Eglise a le don de la foi qui est accordé à l’homme soit au baptême, soit par des grâces dont le détail est incompréhensible et qui attirent les âmes jusqu’à Dieu.
(3° et 4°) Mais deux points où je veux insister sont les miracles et les prophéties et je suivrai ici Bossuet qui suit lui-même St Augustin.
N.-S. a voulu établir son Eglise sur deux bases: les miracles et les prophéties. Les Juifs et les Apôtres ont vu les miracles, mais ils sont demeurés un lagage muet pour les premiers; ils étaient comme cette nuée du désert visible aux uns, invisible aux autres. Les Apôtres, eux, ont bien vu ces miracles, mais ils ne voyaient pas encore l’accomplissement des prophéties, toutefois à cause des miracles ils croyaient aux prophéties. Quant à nous, je ne sais pas si ce n’est pas un grand bonheur que nous soyons venus après 18 siècles, car si nous n’avons pas vu les miracles, nous sommes témoins de l’accomplissement des prophéties.
Nous voyons accomplir cette prédiction incompréhensible au jour où elle fut dite à un pauvre pêcheur de Galilée: Simon, je change ton nom, tu t’appelleras Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle.
Combien d’hérésiarques sont tombés dans les premiers siècles rendant témoignage à cette promesse, combien depuis! Et il ne faut pas être prophète pour dire que nous allons en voir une fois de plus l’accomplissement. Sans aborder l’avenir il nous suffit d’ailleurs de regarder dans le passé des derniers siècles, combien de fois depuis 300 ans nous a-t-on annoncé la chute de Babylone et de l’antéchrist!
Bossuet conclut qu’il faut être catholique pour entendre ce témoignage et c’est là le privilège des vrais enfants de trouver dans leur famille leurs titres de noblesse.
Je termine, mes frères, en posant une question à ceux d’entre vous dont la foi aurait pu être ébranlée, cette question leur est faite par un homme admirable, autrefois la gloire de l’Eglise que de l’autre côté du détroit on appelle l’Eglise établie, et qui est revenu au catholicisme, la vraie religion de ses pères, sans compter avec les plus grands sacrifices; cet homme s’adressant à ses compatriotes qui n’ont pas eu le même bonheur et le même courage que lui leur dit: Après tout, mes chers frères, voyez si en croyant suivre la parole de Dieu, vous ne suivriez pas votre raison.
Si quelques-uns d’entre vous, mes frères, étaient ébranlés, méditez cette parole, voyez ce qui vous pousse à quitter votre Sauveur, *ne suivez-vous pas votre raison?
Je n’oserais vous faire cet appel s’il ne sortait d’une bouche qui a été protestante avant d’être sacerdotale.
Et vous, mes frères, qui avez le bonheur de croire, soyez fiers d’être sauvés par la foi, remerciez Dieu de vous avoir investis par la lumière de la foi. Enfants de Dieu nourris par la vérité, remerciez-le et vous ferez que cette lumière merveilleuse vous suive là où la foi n’aura plus de place, mais où au milieu de la contemplation de la Vérité éternelle,nous goûterons les joies qu’elle seule peut communiquer.
Ainsi soit-il.