Sermons divers

1 mar 1861 Nîmes
Informations générales
  • Sermons divers
  • Carême prêché en 1861 à St-Charles de Nîmes
    Vendredi de la seconde semaine. - *Sur le schisme*.
  • GO 1, p.165-197; Ecrits du P. Bailly, 18, p.201-207.
Informations détaillées
  • 1 ANGLICANISME
    1 ATHEISME
    1 AUTORITE PAPALE
    1 CHATIMENT DU PECHE
    1 CLERGE
    1 CONSTITUTION CIVILE DU CLERGE
    1 CORPS MYSTIQUE
    1 DECADENCE
    1 DEESSE RAISON
    1 EGLISE NATIONALE
    1 ENFER
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 FOI
    1 FONCTIONNAIRES
    1 HAINE
    1 HERESIE
    1 HIERARCHIE ECCLESIASTIQUE
    1 MAHOMETANISME
    1 PEUPLE DE DIEU
    1 POLITIQUE
    1 POUVOIR DES CLEFS
    1 PRIMAUTE DU PAPE
    1 PROTESTANTISME
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 REVOLUTION DE 1789
    1 ROI DIVIN
    1 SACREMENTS
    1 SACRILEGE
    1 SAINT-SIEGE
    1 SCHISME
    1 SCHISME GREC
    1 SCHISME ORIENTAL
    1 SERVICE DE L'EGLISE
    1 SIMONIE
    1 SOUVERAIN PROFANE
    1 SUCCESSION APOSTOLIQUE
    1 TERREUR
    1 UNITE CATHOLIQUE
    1 UNITE DE L'EGLISE
    2 ALBERT DE BRANDEBOURG
    2 BARDAS
    2 BASILE, SAINT
    2 BOLLEYN, ANNE
    2 BOSSUET
    2 CATHERINE D'ARAGON
    2 CORE, BIBLE
    2 CRANMER, THOMAS
    2 DABIRON
    2 DATHAN
    2 GERBET, PHILIPPE-OLYMPE
    2 HENRI VIII
    2 JEAN CHRYSOSTOME, SAINT
    2 JEAN, SAINT
    2 LOUIS XIV
    2 MATTHIEU, SAINT
    2 MICHEL CERULAIRE
    2 MIRABEAU
    2 NAPOLEON Ier
    2 OSIANDER
    2 PAUL, SAINT
    2 PHOTIUS
    2 PIE VI
    2 PIE VII
    2 PIERRE, SAINT
    2 VOLTAIRE
    3 ALLEMAGNE
    3 ANGLETERRE
    3 CANTERBURY
    3 CONSTANTINOPLE
    3 FRANCE
    3 MOSCOU
    3 PERPIGNAN
    3 PRUSSE
    3 RUSSIE
    3 SAINT-PETERSBOURG
    3 SAVONE
    3 SYRIE
    3 TURQUIE
  • 1 mars 1861
  • 1 mar 1861
  • Nîmes
  • Eglise St-Charles
La lettre

Unum corpus et unus spiritus, sicut vocati estis in una spe vocationis vestrae (Ephés.4, 4).

Ne formez qu’un seul corps et qu’un seul esprit, de même que vous avez été appelés dans l’unité des mêmes espérances de votre vocation.

Telles étaient les indications de St Paul aux chrétiens de la primitive Eglise, leur montrant dès le commencement les bienfaits de cette unité spirituelle qui est, à proprement parler, la vie de l’épouse du Sauveur et cette invitation n’était que l’écho de cette prière du Sauveur prêt à donner son sang pour les hommes: ut sint unum sicut et nos unum sumus (Joannis 12,22). Père Saint, l’heure est venue où votre Fils doit être glorifié et je n’ai perdu aucun de ceux que vous m’avez confiés; quant aux autres, qu’ils ne soient donc qu’un comme vous, mon Père, et moi nous ne sommes qu’un; qu’ils soient consommés en un seul dans l’unité de la gloire.

C’est cette unité dont nous avons essayé de vous dire quelque chose dimanche et sur laquelle il faut revenir ce soir, afin de vous signaler un des dangers les plus grands du temps présent, le schisme de l’Eglise nationale.

Des voix inconnues, et dans tous les cas peu autorisées, ont déjà mis en présence le Pape et les évêques; nous serons à l’aise pour traiter cette question, puisque ceux qui nous gouvernent ont déclaré qu’ils n’étaient pour rien dans ces publications sacrilèges; mais comme ils nous ont déclaré aussi que la force des événements peut contraindre quelquefois les intentions les plus loyales, il est bon d’aider les intentions loyales en signalant les conséquences de certains malheurs que des esprits funestes ne craignent pas de nous montrer comme un bonheur.

En abordant cette question, j’ai besoin de dire qu’il n’y a pas d’allusions dans mes paroles, je parle à face ouverte. Je déclare que je ne sacrifierai à aucun parti, je suis chrétien, je suis prêt à donner mon sang pour l’Eglise catholique, apostolique et romaine. La croix de Jésus-Christ, voilà mon seul drapeau.

Si cependant on disait de moi, comme on l’a dit d’autres, que je suis un de ces hommes qui cachent leurs intrigues sous le masque de la religion et qui ne craignent pas de les poursuivre sous le manteau de J.-C., si on disait, en un mot, que sers un parti, je déclarerais encore une fois et je le jure devant Dieu que je ne suis d’aucun parti, ma patrie à moi c’est l’Eglise de mon Sauveur et en passant je donnerai un conseil à ceux qui nous parlent d’intrigues et de masques, c’est qu’il est à craindre que le peuple ne s’émeuve et ne se demande après tout où sont les vraies intrigues et les vrais masques.

Ave Maria.

Dans notre entretien de mardi dernier, j’ai essayé de vous dire quelque chose de la grande ennemie de J.-C. et de son Eglise, la Révolution. Mais ce n’est pas seulement d’en bas que viennent les attaques. L’Eglise pour certains hommes est un moyen du pouvoir et ce sont ces hommes qui ont la malheureuse idée de réaliser quelquefois des Eglises nationales.

Or nous allons voir ensemble: 1° le crime du schisme; 2° l’avilissement du schisme.

1° Crime du schisme.

Notre divin Sauveur étant venu sur la terre a voulu y avoir un royaume: postula a me et dabo tibi gentes hereditatem tuam et possessionem tuam terminos terrae (Ps.2). Demande-moi et je te donnerai…[blanc]…

Le plan divin a été ceci, Jésus, Fils de Dieu, roi du ciel, a dû être dans la plénitude des temps roi de la terre, demande-moi, je te donnerai la terre, c’est la déclaration de son Père: Sede a dextris meis donec ponam inimicos tuos scabellum pedum tuorum. C’est là ce grand travail de la lutte par laquelle les ennemis de Dieu deviennent les escabeaux de ses pieds divins.

J.-C. étant le roi des intelligences, il devait régner d’après la loi des intelligences; et cette loi c’est l’unité, il est donc venu fonder une société qui doit avoir un seul corps, une seule unité.

Ce plan est-il assez magnifique et assez beau? Un Dieu s’inclinant sur la terre, y ramassant en quelque sorte l’humanité et s’en servant comme de ce peu de boue dont parle l’Evangile, pour lui rendre la vue, un Dieu se faisant lui-même le pain de l’humanité pour lui donner des gages de son unité merveilleuse, de sorte qu’étant plusieurs, cependant nous ne faisons qu’un, nous qui participons au même corps. Quoniam unus panis, unum corpus; multi sumus omnes qui de uno pane participamus (I Cor.10, 17).

Una fides, une seule foi, unité merveilleuse qui saisit toutes les âmes et les embrase d’amour!

C’est donc dans l’unité de foi, de sacrements et de gouvernement que consiste la beauté de cette société terrestre qu’on peut appeler le Vestibule du ciel.

Eh bien! Il s’est trouvé des hommes assez abominables pour dire à Dieu: Ces plans sont mauvais, cela nous déplaît, il faudra par conséquent que vous vouliez bien vous y résigner, au lieu d’une Eglise il y en aura plusieurs. Tu as dit: Unum ovile, unus pastor (J.10,16), il y en aura plusieurs, car nous voulons chacun le nôtre, à qui nous donnerons nous-mêmes les pasteurs qui nous conviendront, ceux qui seront les plus favorables à nos intentions, à nos intérêts, à nos ambitions, à nos appétits.

Voilà le crime de ces hommes abominables, crime contre Dieu dont ils détruisent l’oeuvre, crime contre Dieu dont ils attaquent la sagesse, crime contre Dieu dont ils insultent l’amour.

Et ce crime n’est pas seulement contre Dieu, c’est aussi un crime contre l’Eglise qu’ils veulent détruire.

L’intérêt de l’Eglise c’est l’unité; lorsque N.-S. commande à ses Apôtres d’aller enseigner les nations, il leur dit: Je serai avec vous jusqu’à la consommation des siècles; où sera-t-il avec eux dans cette dispersion?

Il faut, avons-nous dit, qu’il y ait une succession venant des Apôtres. Où sera-t-elle avec ces pasteurs séparés? Et s’il n’y a pas de succession, où est l’autorité de leur sacerdoce?

Si moi je vous parle ici, je le fais avec l’autorisation de mon évêque, qui tient son pouvoir du Souverain Pontife pasteur de tous les évêques. – Et puisque j’ai parlé du Pape je dirai en passant à son sujet quelques mots, quoique ceci rentre dans mon instruction de dimanche prochain.

Quand Dieu a donné à ses Apôtres leur mission il y en a un parmi eux, à qui Il a dit: Je te donne les clefs du royaume des cieux: Dabo tibi claves regni coelorum; il reçoit les clefs qui dans l’antiquité, vous le savez, étaient le symbole de la puissance, il devient en quelque sorte le portier de la patrie céleste. Il ouvrira l’abîme béant et les ennemis de l’Eglise y tomberont, il le refermera sur eux et les portes resteront éternellement fermées, autant au moins qu’il le voudra, sur les malheureux qu’il aura séparés de l’Eglise.

Or comment Pierre dépositaire de cette puissance pourra-t-il commander à l’Eglise, si on fractionne le corps en mille morceaux, et c’est ce fractionnement parricide que se proposent ceux qui veulent nous séparer de notre chef.

L’homme a besoin d’être enseigné, mais il a aussi besoin d’être pardonné; tout le monde, il est vrai, peut effacer la tache originelle par le baptême, mais quand il faudra donner l’absolution, comment fera-t-on si à la tête de l’Eglise, il n’y a pas celui à qui ont été données les clefs?

Il y a donc dans le schisme crime contre l’enseignement de l’Eglise, crime contre ses sacrements et contre son gouvernement, en un mot, crime contre l’Eglise tout entière.

Après tout nous connaissons les auteurs des schismes, ils naissent dans l’hérésie; les premiers furent les Donatistes qui par orgueil ont voulu purifier l’Eglise et ensuite se sont éloignés de la vraie foi; ils n’ont duré qu’un moment.

Puis, profitant de la décadence déplorable de l’Empire d’Orient, un homme d’un grand génie et d’une grande fourberie, d’une grande science et d’une grande habileté, Photius, jusque-là grand seigneur, qui avait été écuyer de je ne sais quel Michel, s’adressa à l’oncle de l’Empereur, Bardas, qui vivait avec sa belle-fille et lui dit: vous avez besoin de quelqu’un qui vous donne l’absolution, faites-moi nommer patriarche de Constantinople et je vous servirai. Le marché satanique fut conclu et c’est ainsi que le vieil Orient commence à se détacher de Rome jusqu’à ce que le schisme fût définitivement proclamé par [blanc].

Nous savons ce qu’est devenue depuis lors l’Eglise orientale. Ses patriarches qui ont refusé l’investiture de l’Eglise romaine la reçoivent du Grand Turc. Puis tout en restant à Constantinople, ils se sont transportés par je ne sais quelle combinaison à Moscou, puis à St-Pétersbourg, et alors un général entrera dans leur Eglise avec ses éperons pour leur dire ce qu’il faut croire.

Mais de la vigueur des Basile, de la science des Grégoire et l’éloquence des Chrysostome, il n’est plus question; à la place, il n’y a que la mort, la léthargie et la simonie!

En Russie nous connaissons par quels moyens le schisme s’est formé; nous savons comment dernièrement encore, c’est avec le knout que le czar a arraché plus de trois millions de catholiques à leur foi.

En Prusse c’est un moine défroqué qui prend une femme et qui pour l’attirer lui offre les biens qu’il a volés à l’Ordre Teutonique.

En Angleterre, j’ai déjà en parlant de Henri VIII dit qu’il s’était vanté à son lit de mort de n’avoir jamais refusé un homme à sa vengeance ni une femme à sa passion. Or c’est lui qui consomme le schisme avec un Cramer, Cramer qui d’abord prend femme en Allemagne, et c’était son droit, mais qui la répudie ensuite, se fait ordonner prêtre, vient à Rome, s’y fait nommer pénitencier, revient en Allemagne où il épouse la femme d’Osiander, s’embarque avec elle pour l’Angleterre, et comme Henri VIII pour le moment ne veut pas encore de prêtres mariés, qu’il les punit de mort, il la tient cachée et se fait nommer archevêque de Canterbury. Revêtu de cette dignité, il fera tout ce qu’on voudra: Henri VIII se dégoûterta de Catherine d’Aragon, il annulera son mariage, le roi deviendra épris d’Anne de Boleyn, Cramer bénira leur union, le roi se dégoûtera d’Anne de Boleyn, Cramer sera là pour rompre le mariage et ainsi de suite; il serait trop long d’énumérer les femmes qui se succèdent; c’était toutefois un parfait honnête homme que ce Cramer et son successeur sur le siège de Cantorbéry nous a déclaré que c’était le saint de la Réforme. Mais il n’en est pas moins vrai que cet homme, qui est mort en maudissant la messe, l’a dite pendant 13 ans pour Henri VIII sans y croire, qu’il a donné la communion pendant 13 ans sans croire à la présence réelle, qu’il a ordonné des prêtres sans croire à son pouvoir, qu’il a abjuré plusieurs fois l’hérésie ou la vraie foi selon ses intérêts et pour sauver sa vie; il est mort, il est vrai, en faisant une profession de foi protestante, mais quand il a été évident qu’il ne pouvait plus se sauver en faisant autrement. On peut lire cette étonnante histoire au Livre des variations de Bossuet.

Voilà les instruments des schismes. Parlerai-je aussi de notre patrie en ces jours néfastes où la Constituante proclama la Constitution civile du clergé? Un roi malheureux et faible, trompé par les conseils de deux évêques dont l’un est mort peu après sur l’échafaud, et l’autre sous un autre règne, en se repentant l’un et l’autre, ce roi, dis-je, signa à regret la Constitution civile et il le pleura amèrement devant Dieu puisque le pape Pie VI a pu dire à sa mort que c’était un martyr digne des honneurs que l’Eglise rend à ses saints.

Ce schisme fut l’oeuvre de la Révolution, d’abord elle a dépouillé le clergé de ses biens, elle lui a donné ensuite la Constitution civile qui chassait les évêques de leurs sièges et en réduisait le nombre de 135 à 83; elle attaque enfin et détruit le culte et fatigué de son absence elle est trop heureuse de le remplacer par celui de la déesse Raison.

Le corps de l’épiscopat, sauf quelques regrettables défections, et le plus grand nombre des prêtres protestèrent et montèrent à l’échafaud, ce qui fait dire à l’un de leurs plus grands ennemis Mirabeau: Nous leur avons enlevé leur argent, mais ils ont gardé leur honneur.

Après ces renversements effroyables, il se fit une lassitude en France, c’était la lassitude du crime; alors un homme d’un grand génie, aidé de l’élu du Seigneur Pie VII, je dis l’élu du Seigneur parce qu’en effet il a été élu de la manière la plus extraordinaire, les hommes de l’Extrême Nord et une flotte turque étant venus concourir à son élection; cet homme de génie, dis-je, rendit la paix à l’Eglise, lui donna la liberté ou au moins une liberté quelconque et l’Eglise de France, glorieuse de ses blessures et fière de ses cicatrices, s’efforça de réparer ses maux.

Toutefois cet homme se fatigua d’avoir marché dans la bonne voie, et avec son génie supérieur, il pensa que le meilleur moyen de combattre l’Eglise c’était d’enlever son chef; il le fit donc enfermer à Savone. Et chaque année maintenant nous constatons dans presque toute l’Eglise universelle le jour du 24 mai, fête où nous invoquons Marie sous le titre Auxilium christianorum, nous constatons, dis-je, que l’on doit considérer comme un miracle que Pie VII ayant été enlevé pendant 5 ans, et que l’Eglise subissant un genre de persécution inconnu jusqu’alors, la privation de communiquer avec son chef, elle ait pu traverser cette épreuve. Alors s’accomplit cette prophétie contenue dans l’Evangile de ce jour, où est racontée la parabole des vignerons qui mettent à mort les ouvriers et le fils aîné du père de famille. Nous avons vu que la pierre qu’ils ont repoussée est devenue la pierre d’angle, Nunquam legistis in scripturis lapidem quem reprobaverunt aedificantes, hic factus est in caput anguli. A Domino factum est istud (Math.21, 42). C’est l’oeuvre du Seigneur. Cette pierre est toujours là, toujours à Rome et quiconque tombera dessus s’y brisera et tout homme sur qui elle tombera sera anéanti.

Voilà comment Dieu sait se venger de certaines injures, mais il n’en est pas moins vrai que Photius, Cramer, Henri VIII, l’électeur de Brandebourg et les membres de la Constituante sont de grands criminels aux yeux de l’Eglise et en face des fidèles. Que dirait Notre-Seigneur en face du calice de son sang? C’est le sang qui sera répandu pour la rémission des péchés de tous. Eh bien! comment voulez-vous que ce calice se répande sur ceux qui ne sont pas avec l’Eglise? J’en suis effrayé pour vous; c’est affreux de perdre une seule âme; mais de perdre des peuples entiers!

Dernièrement, nous avons vu avec joie une armée française s’embarquer pour aller au secours de nos frères d’Orient lâchement égorgés, l’opinion catholique était vivement émue, 15.000 hommes, c’est constaté aujourd’hui, avaient péri par le glaive et 15.000 autres par la faim et les privations de toutes sortes; il y a là quelque chose d’affreux, mais le fanatisme musulman, après tout, n’avait fait que des martyrs, tandis que vous, auteurs des schismes, vous ne faites que des damnés, vous êtes les ouvriers du prince des démons et les instruments de l’enfer.

J’aborderai très brièvement maintenant la seconde considération:

2° Avilissement du schisme.

Ceux qui font des schismes sont des ambitieux comme Photius, des impudiques comme Bardas, des cupides comme l’électeur de Brandebourg, des infâmes et des hypocrites comme Henri VIII et Cramer, des insensés pour ne pas dire autre chose comme les auteurs de la Constitution civile du clergé de France, mais ce ne sont pas seulement ces hommes qui sont vils, il y a encore tout le troupeau qui les suit et les aide.

Qu’y a-t-il de plus grand que les rapports de l’homme avec Dieu? Or ce sont ces magnifiques rapports qu’il veulent détruire.

On peut se demander s’ils croient et s’ils ont la foi, comment ne craignent-ils pas que la terre s’entrouve pour les engloutir comme elle engloutit Dabiron, Coré et Dathan? Et si leurs forfaits ne reçoivent pas leur châtiment immédiat, il n’en est pas moins vrai que l’enfer ouvre sa bouche pour les recevoir, ore suo.

Un autre caractère de ces hommes est leur mépris pour leurs semblables, ils profaneront les sacrements et les vendront, ils feront la communion comme Voltaire.

Ils en arriveront nécessairement là, car toute Eglise nationale n’a que des sacrements avilis et n’a qu’un enseignement avili. Il y a quelque 50 ans un bon et saint prêtre élevé à l’épiscopat s’en défendait en disant: Je ne sais pas enseigner; et le ministre des cultes lui répond: cela ne fait rien, on vous enverra vos mandements tout faits. Cela est assez simple et voilà comment on arrive ensuite à remplacer par des assemblées humaines les assemblées des évêques.

Un autre caractère du schisme est l’avilissement du clergé; c’est là un de ces étonnants spectacles réservés à certaines époques, le mépris avec lequel on traite les représentants de la parole divine. Autrefois quand N.-S. fut attaché à la croix, les pharisiens qui passaient devant lui remuaient la tête et lui disaient: Toi qui te vantais de détruire le temple de Dieu et de le rebâtir en trois jours, sauve-toi, et si tu es fils de Dieu descends de ta croix (Math.27,40). Déjà précédemment les pharisiens avaient déclaré qu’ils n’avaient pas d’autre roi que César. Ainsi à ce moment l’Eglise juive descendait à l’avilissement et à l’humiliation de l’Eglise nationale.

Nous n’avons pas d’autre roi que César. Nous, prêtres catholiques, n’avons d’autre roi que J.-C., mais jetez les yeux sur cet Orient séparé, voyez comme les évêques achètent leur charge d’un grand vizir ou de je ne sais quel pacha; ce qui n’empêche pas l’emprunt turc. Voyez comme les archevêques sont obligés de rançonner les évêques qui à leur tour rançonnent le peuple, de sorte que le schisme n’est plus qu’une grande exploitation d’argent.

En Russie voyez ce pope à qui on vient demander l’absolution de ses péchés; on se retire quelques instants à l’écart avec lui, on lui verse quelques pièces de monnaie dans la main et sans autre confession il administre le sacrement.

Et le clergé anglican par quelles tortures ne passe-t-il pas en voyant à quelle ignominie le réduit le pouvoir public! Comment a-t-on pu penser à réduire à cet état le clergé français? Par la grâce de Dieu nous saurions comme nos pères nous tenir droits et fermes contre toutes les ambitions plutôt que de nous prostituer dans cet affreux avilissement.

Dernier caractère du schisme: Avilissement des populations.

En effet les religions nationales changent la hiérarchie, le culte, la foi et il faut que le peuple obéisse et suive ces changements; pauvre peuple, on lui couvre les yeux d’un bandeau religieux et on le mène où l’on veut.

Le clergé peut recevoir de l’or pour prix de son apostasie, mais vous, peuple de l’Eglise, que pouvez-vous avoir à gagner sinon la certitude de votre dégradation? C’est pourquoi je vous en conjure, priez le Seigneur d’éloigner bien loin ce malheur; il y a guerre éternelle entre l’Eglise de J.-C. et ceux qui viennent lui demander des concessions, à elle qui ne pactise pas.

(Citation de Mgr de Perpignan).

L’histoire prouve que l’Eglise est toujours opprimée, parce qu’elle n’est pas une servante, mais une reine; mais d’autre part, plus les pouvoirs sont forts, moins ils sentent le besoin de tirer d’elle cette servitude; c’est ce qui fait dire à Bossuet au milieu de ces discussions qui, pour le dire en passant, ne furent ni à la gloire du grand homme, ni à la gloire du clergé de France, c’est ce qui lui fait dire que les pouvoirs véritables méprisent ces extrémités où on ne se laisse aller que par désespoir ou par faiblesse.

Je vois autour de la chaire de Pierre d’incroyables défections, qu’elles n’atteignent pas la fille aînée de l’Eglise. Autour du Pontife qui est votre représentant, ô mon Dieu, nous marcherons dans votre foi et votre unité et dussions-nous être persécutés, nous ne reculerons pas; nous mériterons ainsi qu’un jour vous nous donniez la couronne de l’unité dans votre gloire. Ainsi soit-il.

Notes et post-scriptum