Aux Religieuses de l’Assomption

sep 1877 Auteuil RA
Informations générales
  • Aux Religieuses de l'Assomption
  • Retraite - du P. Emmanuel Bailly - attribuée au P. d'Alzon (septembre 1877)
    Sixième jour - De la Sainte Eucharistie (Troisième instruction)
  • DQ 352, p.158-168 (cahier d'auditrices anonymes).
Informations détaillées
  • 1 ADORATION DU SAINT-SACREMENT
    1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 ANEANTISSEMENT
    1 APOSTOLAT EUCHARISTIQUE
    1 ASSOMPTION
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 CREATION
    1 DIEU LE FILS
    1 ESPERANCE
    1 ETERNITE
    1 EUCHARISTIE
    1 FOI
    1 GRACE
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DU PARDON
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 MORT
    1 MORT DE JESUS-CHRIST
    1 OFFICE DIVIN
    1 PECHE
    1 PERSEVERANCE
    1 PROVIDENCE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 RESURRECTION DE JESUS-CHRIST
    1 SACRIFICE DE LA MESSE
    1 SATAN
    1 VIE ACTIVE
    1 VIE CONTEMPLATIVE
    3 EMMAUS
    3 JERUSALEM
  • Religieuses de l'Assomption
  • RA
  • septembre 1877
  • sep 1877
  • Auteuil
La lettre

En vérité, mes Soeurs, la bonté de Dieu semble vous avoir fait une part excellente dans la répartition de ses dons et vous avoir accordé des privilèges particuliers et qu’il n’a pas accordés aux autres ordres religieux.

Vous êtes une congrégation vouée à l’action, vous avez le bonheur de vous livrer à l’apostolat des oeuvres extérieures et cependant vous n’êtes pas privées du commerce intime avec Dieu dans la prière. Il vous est fait une large part dans la prière Eucharistique qui est la prière perpétuelle de J.C. Jésus ne parle plus sur la terre, mais par la voix de son sacrifice, il s’offre sans cesse sur l’autel dans son sang répandu. Et vous êtes appelées à une union plus intime à ce grand sacrifice eucharistique; certes c’est bien là que tous les ordres religieux vont puiser leur force, leur énergie, leur sainteté. Mais en vérité, vous, mes Soeurs, parce que vous êtes appelées à des prières plus suivies, plus intérieures, parce que vous êtes dévouées tout spécialement à l’Eucharistie, qui s’unissant à l’Office divin, à l’Office de l’Eglise récité au choeur devient comme la forme de votre vie intérieure, c’est pour cela que vous avez des énergies toutes puissantes pour le bien et une source surabondante de vie intime qui peut communiquer une force incomparable à votre vie extérieure. Réjouissez-vous, mes Soeurs, de ces dons merveilleux et exceptionnels, car en vérité je le répète: Non fecit taliter omni nationi, Il n’a point traité les autres avec cette magnificence. Mais comprenez aussi pourquoi Dieu vous a fait cette part excellente, cherchez pendant cette retraite quels fruits doit produire en vos âmes cette dévotion spéciale à la divine Eucharistie et voyez comment il vous communique toutes les aptitudes de la sainteté.

N.S. se communiquant à vous dans l’adoration du Saint Sacrement et dans la communion ne peut véritablement faire battre son coeur sur le vôtre dans cette union merveilleuse de la Sainte Table, il ne peut faire rayonner, si je l’ose dire, sa face divine sur vous, faire rayonner comme toute la chaleur de son amour sur votre coeur pendant vos adorations prolongées sans qu’il y ait communication des divines aptitudes dont il est rempli. Comment devez-vous les recevoir sans en rien laisser perdre ? Et d’abord Dieu vous donne avec son Fils dans l’Eucharistie celui qui a créé les mondes par sa parole et il vous communique une aptitude de création. Il vous donne celui qui a été vainqueur de la mort et qui est ressuscité glorieux et il vous communique une aptitude de résurrection. Enfin il vous donne celui qui a été vainqueur du temps et qui vous a rendu la vie éternelle de gloire, l’éternité bienheureuse qu’il a reconquise, et il vous communique une aptitude d’éternité, de persévérance.

Et premièrement vous venez recevoir dans l’Eucharistie une aptitude de création. Dieu par son Verbe a fait au commencement toutes choses de rien et il vous enseigne aussi à faire aussi de rien quelque chose, à créer en vérité un être nouveau en vous, à faire avec le néant de vos impuissances et de vos faiblesses tout ce qu’il vous commande. Si nous objectons que nous ne pouvons pas, il nous enseigne dans l’Eucharistie ses humiliations infinies, acceptées pour notre amour; si nous disons que nous ne savons pas comment organiser cette vie nouvelle avec ce sentiment tout nouveau des droits de Dieu sur nous et en même temps le sentiment si profond de notre néant. Ah! j’ai appris à me connaître et à sentir ce néant absolu; ma volonté j’ai appris par l’expérience qu’elle n’est rien; mes résolutions j’ai vu qu’elles n’étaient rien; et quoi qu’il en coûte à mon amour-propre, j’ai dû faire cet aveu sincère que ma vie tout entière n’est rien et ne peut rien donner et voilà sur quoi je dois bâtir l’édifice nouveau de ma perfection, de ma mortification. Comment faire ? Comment m’y prendre ?

Ah! vous avez J.C. dans l’Eucharistie. Vous viendrez au pied du Tabernacle, vous adorerez cette Puissance du Verbe Incarné, qui se met à votre disposition sans réserve et vous apprendrez qu’avec cet amour divin qui nous livre toutes ses forces et qui se donne ainsi à nous, vous pouvez tout faire. Là vous sentirez les atteintes de cette puissance divine, qui [a] fait le monde, qui a tiré tous les êtres du néant, par une parole : Dixit et facta sunt, et qui peut par conséquent tirer votre âme du néant, de ses misères, de ses craintes. Que pourriez-vous craindre en effet quand l’amour de J.C. vient en vous avec ses aptitudes divines de création ? Celui qui a créé votre être une première fois ne peut-il pas le refaire et le créer encore, s’il le faut ? Mais ce n’est pas tout, mes chères Soeurs, vous avez des oeuvres à accomplir.

Pourquoi l’Assomption se développe-t-elle d’une manière si merveilleuse qu’elle ne peut plus suffire à ses oeuvres ? Pourquoi dans cette efflorescence magnifique, demande-t-elle sans cesse des ouvrières pour faire face aux oeuvres multipliées qui la réclament dans ses maisons nombreuses qui naissent de toutes parts. Ah! c’est parce que vous avez dans l’amour de N.S. dans l’Eucharistie des aptitudes spéciales de création, une aptitude d’imitation souveraine; vous y trouvez une puissance créatrice pour vos oeuvres qui ne se trouve pas ailleurs. La pensée d’une oeuvre nait par le sentiment d’un besoin de la Ste Eglise et voilà qu’elle sort du néant, qu’elle grandit et prospère d’une façon étonnante et qui frappe le monde de stupeur! Ah! le centre de cette puissance, de cette initiative c’est J.C. dans l’Eucharistie se donnant à vos coeurs dans la communion, exposé dans vos adorations, dans vos chapelles. L’adoration du Saint-Sacrement, voilà le secret de votre puissance et qui vous donne cette confiance quand vous commencez une oeuvre parce que vous y portez la vie de J.C. Et quand les difficultés s’élèvent, il semble que vous soyez assurées d’avance de les vaincre, quand les obstacles humains s’accumulent pour entraver la création de ces oeuvres que vous donnez au Seigneur. Il y a comme une Providence particulière qui vous enseigne à les traverser sans jamais être arrêtées dans votre élan. Cette Providence des oeuvres extérieures c’est l’adoration du Saint-Sacrement qui la provoque. Et voyez comme elle fait épanouir autour de vous une merveilleuse germination d’oeuvres de toute nature.

Mais, direz-vous, cela est vrai, Dieu a la puissance de faire en moi ce qu’il demande, je le sais, mais remarquez, mon Père, qu’il faudra tant m’humilier pour entrer dans cette voie nouvelle, aurai-je le courage de subir l’humiliation d’un tel changement ? Pour recréer mon être et pour devenir une sainte, il faudrait accepter tel changement, telle modification de ma vie qui m’épouvante. Aurai-je le courage de consentir à ce qui peut m’abaisser de telle façon devant mes soeurs, d’accepter toutes les humiliations qu’il me faudra subir devant N.S. ? Eh bien, oui mes Soeurs, N.S. vous donnera cette force. Venez encore une fois devant le Saint Sacrement, contemplez les changements pleins d’une prodigieuse humiliation que N.S.J.C. accepte pour l’amour de votre âme. Voyez comment une petite parcelle de pain, une petite goutte de vin sont changées en Lui et comment il emprunte ces apparences pour voiler sa grandeur et sa divinité adorables. Et en présence de cette transformation étonnante, dites si J.C. ne vous offre pas l’exemple de changements plus surprenants, plus humiliants pour Lui que tout ce qu’il peut vous demander.

Et quand vous l’aurez reçu dans votre âme et qu’il vous sollicitera de vous abandonner à son action divine, ah! s’il veut prendre votre coeur pour le changer tout entier donnez-le lui, mes Soeurs, et puisqu’il demande avec tant d’amour, sachez ne rien refuser à Celui qui a traversé tant d’humiliations pour arriver jusqu’à vous. Ayez le courage et la simplicité de tous les changements nécessaires. Voyez encore comment il se fait que vous gardiez cette simplicité au milieu des oeuvres extérieures, qui est le cachet des oeuvres de l’Assomption. Ah! vous le prenez dans vos relations intimes avec l’Eucharistie, c’est la simplicité que J.C. conserve au milieu de toutes les oeuvres eucharistiques, dans les plus grandes merveilles de sa puissance, encore une fois, c’est l’esprit de Jésus dans l’Eucharistie.

Mais j’entends encore une autre objection, vous dites: Oui, je veux me convertir, mais puis-je me convertir pour toujours. Ah! mes Soeurs, je vous réponds que dans l’Eucharistie Jésus vous apporte des aptitudes de résurrection. Il est le vainqueur de la mort et du temps, le vainqueur du péché, le vainqueur de Dieu même, irrité contre lui et contre nous. Il est le vainqueur de la mort et du temps; ne dites pas: j’ai perdu tant de temps, tant d’années perdues, comment les racheter ? J’ai trop à faire, le temps a fui sans que j’en profite et voici la mort qui s’approche, je fléchis sous le poids de tant d’expiations. Ah! mes Soeurs, N.S. vient vous dire qu’il est vainqueur de la mort et du temps, c’est Lui qui rachète le temps et qui tient la mort en sa puissance. Et si votre vie, qui est une mort de tous les jours, semble vous avoir vaincue, courage, avec J.C. à l’autel vous possédez Celui qui peut en un instant vous faire regagner les années perdues. Venez adorer J.C. vainqueur de la mort, et entendez l’Apôtre vous dire: « Le Christ est mort une fois, mais il ne meurt plus », et quand la peur saisira votre âme, au souvenir de tant de défaillances passées, de tant de résolutions brisées, venez à J.C., il est ressuscité pour ne plus mourir. Près de Lui vous reprendrez la vie, en Lui, avec Lui vous trouverez au Saint Autel des surabondances de vie capables de racheter toutes nos défaillances et nos indigences perpétuelles.

Il vous avertit donc que votre excuse est un vain prétexte car il est encore vainqueur du péché et si vous disiez: non, non, j’ai trop péché, j’ai trop accumulé d’ingratitudes et de fautes, trop souvent je suis retombée pour ne pas retomber encore dans les mêmes faiblesses, venez donc encore aux pieds de Jésus dans l’Eucharistie et prenez-y des aptitudes de résurrection. Ah! ne voyez-vous pas là que sa miséricorde est infinie ? Y a-t-il une preuve plus palpable de sa miséricorde, un amour plus grand que celui qui nous attend au Tabernacle ? Ah! quand bien même les remords et les craintes envahiraient votre âme comme un océan sous l’action de Satan, elles n’atteindraient jamais les limites de la miséricordieuse tendresse de Jésus, car Satan est une créature, il n’ira jamais aussi loin dans la haine que Dieu dans l’amour. Et quand on a Dieu près de soi, sur son coeur, quand on l’adore à ce tribunal de l’autel où il ne sait que pardonner, comment trembler encore ? Livrons-nous entièrement à ces miséricordieuses avances de Jésus dans le Saint-Sacrement et chassons toute crainte.

Mais souvenez-vous que Jésus est encore le vainqueur de Dieu justement irrité. Ah! vous avez des frayeurs indicibles en songeant à cette Majesté de Dieu tant offensé. Vous dites: Dieu m’aime-t-il encore ? Me soutiendra-t-il ? Sa grâce descendra-t-elle encore visiter mon âme ? La distance n’est-elle pas trop grande entre Lui et mon abîme comme infini creusé par mon ingratitude ? Ah! sans doute, si vous étiez seule, vous ne pourriez jamais opérer la réconciliation de votre âme pécheresse avec Dieu irrité. Mais voici Jésus qui se présente, il dit à son Père: me voici, je viens pour remplacer tous les holocaustes et tous les sacrifices d’expiation. Il s’est présenté devant le trône de mon Père, et là il a versé pour moi des larmes de repentir et ces larmes, vous le savez bien, c’étaient des larmes de sang; il a semé ses larmes divines sur la terre au jour douloureux de sa Passion et il pleure encore tous les jours pour vous. Oui, mes Soeurs, Jésus ne cesse de répandre sur l’autel et sur le monde ses larmes divines de repentir et d’expiation et elles rejaillissent jusqu’à la face de son Père qui en est, si j’ose ainsi dire, inondé d’une façon permanente.

Ah! voilà les larmes toutes puissantes capables de satisfaire à son Père irrité et d’opérer pleinement votre réconciliation. Et ce n’est pas seulement là-haut, dans les splendeurs de son éternité, ce n’est pas seulement sur une croix dressée il a dix-huit siècles sur le Calvaire, que Jésus travaille à votre réconciliation, c’est dans votre âme; c’est le lieu qu’il a choisi pour l’accomplir, pour sceller ce divin traité d’amour; c’est cette chapelle, où il s’offre à votre adoration incessante, c’est cette famille religieuse où il vous a appelées, c’est là qu’il veut que toujours et toujours, suivant la parole du psaume: Veritas et misericordiae obviaverunt sibi, justitia et pax osculatae sunt, la justice et la paix sont allées au devant l’une de l’autre, la miséricorde et la vérité se tiennent perpétuellement embrassées. C’est pourquoi il vous a appelées dans un lieu où vous êtes conviées à l’adoration perpétuelle de son Eucharistie.

Et voilà comment, de quelque façon que vous envisagiez cette dévotion, vous trouvez dans l’adoration du Saint-Sacrement un refuge magnifique contre toutes les défaillances de votre nature. Souvenez-vous du tableau que l’Evangile nous présente au matin de la Résurrection. Jésus est sorti vivant du tombeau, la pierre est écartée, il y a là deux geôliers qui dormaient et deux anges assis à l’entrée du monument qui avertissent les saintes femmes que Jésus est ressuscité. Ces deux anges, mes Soeurs, c’est la foi et l’espérance qui doivent garder l’amour dans vos coeurs. Que votre foi, que votre espérance soient inébranlanbles et quand vous venez auprès du Tabernacle, réveillez votre foi, comptez sur Jésus, comptez sur ses promesses, sur le secours de la grâce, croyez à Jésus quand il vous défend de vous décourager et souvenez-vous que Celui qui s’est ressuscité lui-même peut aussi vous ressusciter avec Lui.

Mais vous dites encore: oui, cela peut bien durer quelque temps, pendant quinze jours, un mois peut-être, mais qui m’assurera d’une longue persévérance et surtout de cette persévérance prolongée qui aboutit à la persévérance finale ? C’est encore J.C., mes chères Soeurs, qui dans son sacrement vient vous donner des aptitudes d’éternité. Ah! quand le prêtre dépose l’hostie sainte sur vos lèvres, n’entendez-vous pas qu’il vous dit: Corpus Domini nostri Jesu Christi, custodiat animam tuam in vitam aeternam, Que le corps de J.C. garde votre âme pour la vie éternelle ? Ne vous laissez donc pas abattre, croyez à la vérité de ces paroles, et quand le prêtre les prononce en déposant Jésus sur vos lèvres, croyez que ce sont des paroles de vérité, des paroles pratiques qui opèrent ce qu’elles disent. Entendez Jésus lui-même vous dire du Tabernacle, du haut de l’ostensoir, qu’il vient à vous pour vous garder dans tous les temps de votre existence. Il est le Maître du temps, il est le Maître de l’éternité, croyez à sa parole. Croyez qu’en le recevant vous recevez une aptitude et une communication de l’éternité. C’est une loi que là où le sang de Jésus est versé, là se fait la rémission des péchés et l’Esprit Saint descend. Sine effusione sanguinis non fit remissio. Mais quand le sang de Jésus tombe dans votre âme, ah! toute rémission se fait, l’Esprit Saint entre avec ses trésors de grâce et dépose dans cette âme comme un germe de gloire qui s’épanouira dans l’éternité. Convenez donc qu’avec J.C. tellement à vous dans l’Eucharistie, vous n’avez encore une fois pas le droit de vous défier de votre persévérance.

Rappelez-vous, mes Soeurs, cette scène touchante que nous offre le Saint Evangile au lendemain de la mort et de la résurrection du Sauveur. Les Apôtres étaient inquiets et tristes, Jérusalem était troublée, et voilà deux hommes qui marchent avec abattement sur la route d’Emmaüs. Ils parlent de leur tristesse et de leur déception. Il avait bien dit, disent-ils, il avait bien dit qu’il sortirait du tombeau, mais voici le troisième jour qu’il est mort et nous n’avons rien vu. Qu’est-il devenu ? Tous ces miracles que nous avions cru, c’étaient donc des impostures; nous avions espéré en Lui, nous avions pris la résolution de le suivre ce Sauveur, ce Messie prétendu, mais ses promesses sont vaines, il nous a donc trompés et ces ambitions magnifiques que nous avions conçues, il faut les faire disparaître, il faut retourner à nos affaires humaines, à notre vie ordinaire. Et ils s’en allaient tristes, et voici que se présente à eux un homme, un voyageur qui marche auprès d’eux et leur explique les Ecritures et les Prophètes, et leur coeur restait fermé et comme couvert d’un voile.

Mais à la première maison qui se rencontre, ils s’arrêtent pour le repas du soir et ils invitent l’étranger, le contraignant pour ainsi dire à rester avec eux et à accepter leur hospitalité. Ils lui offrent du pain et ce divin voyageur, prenant le pain et le rompant dans ses mains divines, se révèle soudain à leurs yeux, car c’était Jésus et il les laisse pleins de joie et de vie.

Mes Soeurs, c’est l’histoire de cette retraite. Jésus a soulevé la pierre du tombeau et votre âme comme Jérusalem a tremblé jusqu’en ses fondements. La grâce a travaillé en vous, elle veut achever son oeuvre, elle veut arracher cette pierre et la rejeter bien loin. Mais vous hésitez et vous doutez encore, vous ne croyez pas assez aux promesses de J.C., vous dites bien : nous avons senti nos coeurs embrasés quand nous avons entendu sa parole, nous sentions que Dieu nous voulait, mais où trouver la lumière définitive ? Qui nous donnera la force d’être fidèles à nos promesses ? Ah! venez, venez, mes Soeurs, à l’Eucharistie! Adorez du fond du coeur ce pain mystérieux et il se révèlera à vous. Cognoverunt eum in fractione panis; vous le reconnaîtrez au pied du Tabernacle. Il se révèlera à votre âme, ce qu’il dira à chacune de vous, je n’en sais rien, il a des manières différentes d’attirer les coeurs, abandonnez-vous à sa conduite. Priez-le d’entrer dans la maison de votre âme, où vous lui avez préparé une hospitalité digne de Lui par vos désirs fervents et votre bonne volonté; et il entrera avec tout son amour, et vous trouvant entièrement abandonnées à Lui, il vous rendra une vie nouvelle et vous donnera les forces que vous croyez avoir perdues.

Notes et post-scriptum