Sermons divers

20 oct 1867 Bessèges

Ce n’est plus la religion qui fonde les villes mais elle ne leur est pas moins indispensable.

Informations générales
  • Sermons divers
  • Résumé de l'allocution du P. d'Alzon pour l'installation de l'abbé Comte, curé de Bessèges.
  • Semaine religieuse de Nîmes, 3e année, n°35 (27 octobre 1867), pp.418-420.
Informations détaillées
  • 1 CHRISTIANISME
    1 CITE
    1 INDUSTRIE
    1 OBLATES
    1 PRETRE
    1 SOCIETE
    2 COMTE, ANTOINE-THEODORE
    2 CORRENSON, EMMANUEL-MARIE
    2 CORRENSON, FAMILLE
    2 CORRENSON, MADAME CHARLES-LOUIS
    2 PIERRE, SAINT
    3 ALES
    3 BESSEGES
    3 NIMES
    3 ROME
  • 20 oct 1867
  • Bessèges
La lettre

Dimanche dernier, 20 octobre, le R.P. d’Alzon installait M. l’abbé Comte, nouveau curé de Bessèges. […]

Quel est ce prêtre, succédant à un autre prêtre très digne, qui est envoyé par son Evêque pour diriger l’importante paroisse de Bessèges ? Le R.P. d’Alzon avait mission de le dire, et, quand, à l’autorité de sa parole, à son éloquence, le R.P. d’Alzon ajoute en pareille circonstance, les sentiments du coeur, rien n’égale la perfection de ses portraits. Celui qu’il a fait de M. l’abbé Comte, qui doit à son mérite d’être l’un de ses meilleurs amis, a été parfait de vérité, et parfait de délicatesse(1).

Mais le R.Père ne pouvait laisser une occasion aussi solennelle sans toucher à quelques-unes des grandes considérations que son esprit aborde volontiers, et que la mission du prêtre rappelle si bien. Il l’avait fait, le dimanche précédent, pour une cérémonie semblable, dans la ville épiscopale. Il le fit non moins heureusement à Bessèges.

Cette ville de si récente création, et qui est due tout entière au développement de l’industrie(2), a besoin, plus que tout autre, à raison des éléments qui la composent et de son rapide accroissement, de la religion pour la fonder de manière solide, et pour la maintenir dans la voie d’une prospérité croissante. Autrefois, a dit le P. d’Alzon, la religion prenait partout l’initiative; les villes se bâtissaient autour du tombeau d’un Saint ou d’une Institution religieuse. Aujourd’hui, c’est de préférence autour d’un comptoir ou d’une usine, là où l’on peut, où on espère gagner de l’argent. C’est l’origine de Bessèges. Mais, soit qu’elle pose la première pierre, soit qu’elle arrive ensuite, la religion est toujours indispensable, et elle le sent si bien, que, si elle n’était appelée, elle viendrait d’elle-même.

Ces hardiesses datent de son origine, depuis le jour où son premier chef, le Pêcheur de Galilée, l’implanta hardiment dans cette Rome toute païenne alors, et de laquelle, après 1800 ans, on voudrait bannir son successeur. Le nouveau Bessèges n’a sous ce rapport que des félicitations à recevoir. Ses administrations successives, puissamment aidées par les Compagnies qui exploitent ses Mines, ont toujours considéré comme un devoir et comme une gloire de protéger la religion. – Il serait difficile de dire lequel des deux l’emporte, de leur dévouement ou de leur intelligence. Aussi Bessèges est-il pourvu de tout ce que les villes plus anciennes renferment d’établissements religieux et charitables: des Ecoles aux mains des Frères et des Religieuses, des Hôpitaux, etc., etc.

L’église seule laisse à désirer; mais ce n’est que provisoire, et les machines qui grondent sourdement au-dessous d’elle, disent assez quelle fut sa destination première.

C’est sur le bord opposé que s’élève, non sans majesté et sans grâce, et déjà presque achevé, le véritable édifice religieux, qui sera l’Eglise de Bessèges.

Notes et post-scriptum
1. Avant d'être nommé à Bessèges (v. *Lettre* 3131), l'abbé Antoine-Théodore Comte (1821-1872) était aumônier des Dames de Besançon à Nîmes. C'était le confesseur de Madame Correnson, mère de la première supérieure générale des Oblates de l'Assomption, et un ami de la famille. Le P. d'Alzon usa souvent de son intermédiaire pour aborder avec Madame Correnson la question de la vocation religieuse de sa fille.
2. Bessèges, chef-lieu de canton de l'arrondissement d'Alès, sur la Cèze, devait son rapide développement à ses mines de houille et de fer et à la métallurgie lourde qui s'installa sur ces matières premières.