PROPOS DU P. D’ALZON RAPPORTES PAR H. GALERAN

1846 Nîmes Tertiaires hommes
Informations générales
  • PROPOS DU P. D'ALZON RAPPORTES PAR H. GALERAN
  • Avis spirituels
  • H.D. Galeran, Croquis du P. d'Alzon, B.P. (1924)
  • Extrait de "Avis aux novices" p.43-44, dans *Croquis du P. d'Alzon*, p.41-45.
Informations détaillées
  • ** Aucun descripteur **
  • Association de l'Assomption
  • Tertiaires hommes
  • 1846
  • 1846
  • Nîmes
  • Collège de l'Assomption
La lettre

Voici le résumé succinct de quelques-uns des avis spirituels [du P. d’Alzon], notés par l’un de ses premiers quasi-novices du commencement de l’année 1846 (1):

« Evitez la singularité et l’exagération, ne soyez pas boudeurs; ayez une humeur toujours égale. Soyez dignes dans vos manières, sans recherche et sans affectation. Pas de cou tordu et ne cherchez pas à montrer aux anges le blanc de vos yeux quand vous priez, méditez ou contemplez. En méditant, laissez-vous aller doucement et simplement; ne cherchez pas à faire des traités sur le sujet de la méditation.

Aimez, avant toutes choses, les dévotions de l’Eglise, que vous devez préférer aux pratiques de dévotion de pure fantaisie; aimez la liturgie, le chant et le saint Office. En tout, conservez la liberté d’esprit, la douceur et la bonne humeur; un saint religieux, que j’ai connu, disait en souriant: « Il faut s’habituer à prier rondibiliter quoniam bon train; quia hilarem datorem diligit Dominus.

Prenez votre nourriture d’un air dégagé; non pas comme l’animal qui se courbe ou se couche sur l’herbe qu’il paît dans les champs.

Apprenez l’art de traiter avec Dieu; allez largement avec Notre-Seigneur; servez sa Majesté avec générosité et amour loyal. Sachez causer avec lui; écoutez-le. Dites-lui souvent: Loquere, Domine, quia audit servus tuus, et vous entendrez sa voix; ou plus exactement vous sentirez quelque chose d’onctueux qui pénétrera votre âme en éclairant votre esprit. Ayez la foi de cette supérieure qui allait frapper doucement à la porte du tabernacle en disant: « Seigneur, je vous en avertis, il n’y a plus de pain sur la planche. »

Ayez vos mortifications de choix. Par exemple: il fait chaud, vous marchez dans la campagne, la soif vous brûle sous un soleil ardent. Tout à coup, voilà les eaux fraîches d’une source qui jaillit du rocher, à l’ombre d’un arbre touffu. Ah! quelle chance! Mais votre coeur se souvient du Sauveur crucifié, éprouvant les angoisses de la soif: Vous dites alors: « Non, mon Dieu, non, je ne boirai pas! » Et vous passez sans boire.

Ayez vos petites industries de ce genre. Méfiez-vous de vous-même; comptez sur la grâce de Dieu, sans laquelle vous ne pouvez rien. Remerciez-le sans cesse de vous avoir préservé du péché, de vous avoir relevé quand vous êtes tombé. Ayez les sentiments de saint Philippe de Néri; quand il recevait la nouvelle de qeuelque scandale, il se jetait à genoux en s’écriant:

– Ah! Seigneur Jésus, je serais capable de faire pire si votre grâce ne me soutenait! »

Le Père disait à un de ses élèves d’humeur bizarre et difficile, porté à la misanthropie:

 » Allons courage, mon ami, vous voilà donc toujours en guerre avec l’humanité entière? Tout le monde doit supporter vos défauts, et vous pensez avoir le droit de vous plaindre des travers des autres. Ah! si vous étiez un peu habile, vous tourneriez ces humeurs aigres contre vous-même exclusivement, et vous deviendriez un saint! Les passions sont des forces; sachez user de ces forces à votre avantage et non à votre détriment. »

Notes et post-scriptum
1. Le cahier des procès-verbaux du Tiers-Ordre des Hommes de 1845 à 1847 est conservé (ACR, DI 208-210; dans ce fichier informatique: E00276 à E00295). C'est dans ce Tiers-Ordre ou Association de l'Assomption, que se retrouvaient les "quasi-novices".