PROPOS DU P. D’ALZON RAPPORTES PAR H. GALERAN

1848 Nîmes COLLEGE élèves
Informations générales
  • PROPOS DU P. D'ALZON RAPPORTES PAR H. GALERAN
  • Ouverture d'un cours d'Histoire ecclésiastique
  • H.D. Galeran, Croquis du P. d'Alzon, B.P. (1924)
  • Extrait de "Le professeur" p.114-116, dans *Croquis du P. d'Alzon*, p.112-117.
Informations détaillées
  • ** Aucun descripteur **
  • Elèves du collège
  • COLLEGE élèves
  • 1848
  • 1848
  • Nîmes
  • Collège de l'Assomption
La lettre

Pendant l’année scolaire 1848-1849, le P. d’Alzon entreprit de faire, aux élèves de la première division, chaque jeudi, à 11 heures, un cours d’histoire ecclésiastique. […] Je trouve dans mes souvenirs écrits quelques belles considérations […], je les copie ici sans en altérer un mot. Ces paroles furent dites à l’ouverture du cours:

« Dieu est le Maître unique et absolu. Il a fait l’homme pour lui; vers lui retournent les flots de vie dont il est la source, mais aussi la fin: Principium et finis.

« Il a toujours eu sur terre un représentant officiel: Adam d’abord, puis les patriarches. Après Moïse l’office de représentant se dédouble; le grand-prêtre, avec le chef de l’Etat, unis sous une même loi, séparés dans leurs fonctions. Le Christ-Messie paraît. Il unit dans sa personne le sacerdoce suprême et la royauté. Le sacerdoce nouveau lui vient directement de Dieu, non par voie de génération; la royauté lui est transmise, naturellement, par le sang de sa Mère vierge, de la race de David; légalement, par Joseph, le dernier des patriarches, fils et héritier de David. Joseph meurt au moment où le Messie commence sa vie publique. Celui-ci se présente donc comme prêtre et comme héritier légitime des droits de David. Les Juifs le savent et ne contestent jamais le titre de Fils de David, qui appartient au Sauveur. « Jésus, Fils de David, s’écrie Bartimée, l’aveugle de Jéricho, ayez pitié de moi! » Aucune voix ne s’élève pour protester.

« Après l’Ascension, le sacerdoce suprême, la dignité patriarcale et royale passent à Pierre pour être, après lui, transmis à ses successeurs. On ne peut nier ce fait: Le Pape est le premier homme du monde, le vrai primogenitus, par ses droits. Il est encore prêtre et souverain de cete immense empire, plus vaste et plus ferme que l’empire romain, c’est-à-dire la grande Eglise catholique. De plus, sa juridiction s’étend sur tous ceux qui sont baptisés; et, indirectement, il a la charge des non baptisés, puisqu’il est établi afin de faire entrer tous les hommes dans le bercail de Jésus-Christ. Ces derniers, selon Innocent III, sont les alias oves habeo quae non sunt ex hoc ovili: et illas oportet me adducere… (Ioann. X, 16).

« Avez-vous remarqué, dans l’Evangile, cette parole du Seigneur à ses disciples: Expedit vobis ut Ego vadam… (Ioann. XVI, 7) ? Tant que le Sauveur était sur la terre, les apôtres étaient des enfants, des disciples formant un petit groupe. Après l’Ascension, surtout après la Pentecôte, ils se présentèrent au monde comme des héritiers en possession de leur héritage, comme autant de chefs sous un chef suprême. Au lieu de rester un petit groupe, ils élargirent leur cercle, se partagèrent le monde et établirent cette société universelle qui est l’Eglise catholique. Saint Augustin a dit: Spiritus Sanctus in Pentecoste adveniens, ipsos ex discipulis fecit magistros eosque orbis doctores creavit.

C’est ainsi que les patriarches succédèrent aux patriarches, c’est ainsi que Joseph mourut au moment voulu pour laisser paraître Jésus dans la plénitude de ses droits et dans toute la majestueuse splendeur de sa personnalité; c’est ainsi que le Sauveur disparut pour faire des apôtres autant de princes.

Toutes les générations humaines, agitées par des événements divers, roulent, comme les flots de l’océan, autour du roc inébranlable sur lequel est assis le représentant de Dieu, le vrai monarque du monde, l’aîné de la race humaine, par droit de primogéniture transmise, le successeur de saint Pierre, le Vicaire de Jésus-Christ.

« Avant l’Incarnation, tout s’agitait pour le peuple de Dieu; depuis l’Incarnation, tout se meut pour l’Eglise. En un mot qui résume tout, Jésus-Christ est le commencement, la suite et la fin de l’histoire. On n’aura jamais la clé des événements et des révolutions, ni la science du gouvernement; on ne marchera jamais d’un pas ferme, on manquera de prévoyance, on tombera de faute en faute, tant qu’on n’aura pas adopté la seule politique qui puisse être sage et sûre: celle d’étudier la volonté de Dieu pour se courber sous son autorité en dirigeant les peuples dans cette voie, qui est la seule conduisant au bonheur et au salut. »

Notes et post-scriptum
1. Quelques vestiges de cours d'histoire ecclésiastique subsistent parmi les inédits du P. d'Alzon. Ainsi ce "Cours d'introduction à l'étude de l'Histoire écclésiastique" donné peut-être aux novices en octobre-novembre 1875 (Orig.ms. ACR, CR 146-150; D00675 à D00679), et le "Cours d'Histoire ecclésiastique. 1875-1876" (plan et notes de conférences), professé aux Conférences catholiques de Nîmes, pendant l'hiver 1875-1876 (Orig.ms. ACR, CT 59-74; D01026 à D01041 - voir *Lettre* 5530, n.2). Sur l'origine de ces conférences, voir *Lettre* 5245 et n.2. - D'autre part, des notes du P. V. de P. Bailly, alors directeur du collège de Nîmes, nous ont conservé une leçon d'histoire ecclésiastique du P. d'Alzon, datant de janvier 1865, sur "L'Eglise et la légalité" (ACR, GK 56,p.36-39; E00002).