- PROPOS DU P. D'ALZON RAPPORTES PAR H. GALERAN
- Sur le buste du Christ enseignant
- H.D. Galeran, Croquis du P. d'Alzon, B.P. (1924)
- Extrait de "Le buste du Christ enseignant" p.122-123, dans *Croquis du P. d'Alzon*, p.121-123.
- ** Aucun descripteur **
- Abbé Galeran
- GALERAN
- vers 1860
- 1860
- Nîmes
- Evêché de Nîmes
Un jour, à l’évêché de Nîmes, je me trouvais, avec le P. d’Alzon, dans la chambre de l’abbé de Cabrières. Le buste venait d’arriver (1); il était là sur une table. Les réflexions que fit alors le Père, me frappèrent, et je me hâtai, selon ma vieille coutume, de les consigner dans mon journal. Les voici:
« Voyez, mon ami, c’est bien là le Verbe incarné! Contemplez la noblesse de cette figure, à la fois divine et royale, malgré une légère raideur que le ciseau de l’artiste n’a pas su ou n’a pas voulu éviter. N’admirez-vous pas ce calme, cette douceur? cet oeil tranquille, si limpide, plein de vie, de suavité et d’amour? On se sent attiré sous l’influence d’un charme irrésistible, d’une fascination mystérieuse et délicieuse à la fois.
« Cette image du Christ est superbe, à sa place, au centre de la grande porte de l’antique cathédrale (2). Le Sauveur est assis, entouré d’apôtres et d’évêques qui forment un demi-cercle devant lui. Ils semblent l’écouter avec ravissement, tandis que les anges descendent pour l’admirer et l’adorer.
« Voilà un beau type de l’idéal qui, depuis l’Incarnation, a remplacé la grandeur matérielle de l’art grec, si admirable cependant. Il n’y a plus de milieu; en me servant d’une expression de Pascal, l’art ne peut plus être que « ou ange ou bête ». Il est bête quand il n’est pas chrétien. C’est fini; on ne l’emportera pas sur la sculpture antique pour la perfection de la forme; on la surpassera si l’on s’élève à l’expression sublime que Jésus-Christ a donnée à la nature humaine, depuis qu’en la prenant il l’a moulée de nouveau, d’une manière si éminente, à l’image de Dieu.
« Jésus-Christ et la Vierge immaculée, voilà, désormais, les types parfaits de l’idéal artistique; on pourra encore, sans doute, faire des corps, des torses, travailler le nu dans une variété d’attitudes, on ne réussira pas à faire quelque chose de vraiment beau s’il y manque le rayonnement de la face divine du « plus beau des enfants des hommes ». La pureté virginale et la douceur sont des vertus chrétiennes… »
2. Le P. d'Alzon avait eu plusieurs fois l'occasion de se rendre à Amiens, notamment en fin novembre 1849, juin 1850 et septembre 1852 (*Lettres*, passim).