- PROPOS DU P. D'ALZON RAPPORTES PAR H. GALERAN
- La distinction des manières
- H.D. Galeran, Croquis du P. d'Alzon, B.P. (1924)
- Extrait de "Aristocratie religieuse" p.219-220, dans *Croquis du P. d'Alzon*, p.217-221.
- ** Aucun descripteur **
- A des Assomptionistes
- AA
- Nîmes
[Le P. d’Alzon] aimait à répéter que la politesse du monde, à plus forte raison celle du religieux, repose sur ce principe: « Savoir se gêner pour les autres. » (1)
« La distintion des manières, ajoutait-il, doit caractériser un religieux sans cesse en contact avec la société. Il ne s’agit point de manières affectées, doucereuses, mignardes et féminines. Non, quelque chose de décidé et digne qui attire la sympathie en éloignant la familiarité. »
Il disait à un religieux qui marchait en balançant ses bras:
– Etes-vous chargé de semer du persil?
A un autre:
– Quand vous désirez vous moucher au choeur avec tant de bruit, veuillez nous avertir, et nous suspendrons l’office pour attendre la fin de la tempête.
A celui qui mangeait en étant trop courbé sur son assiette:
– Il vous faut bien longtemps pour contempler votre pitance; allons, prenez-moi ça un peu plus rondement.
[…]
Un dernier trait: J’accompagnais le Père, traversant l’esplanade de Nîmes. Il aperçut un jeune religieux qui venait vers nous.
– Soyez sûr, qu’il viendra donner de la tête contre vous ou contre moi; à moins de le laisser passer entre les deux, en nous écartant. Voyez-le! Il regarde en bas, la tête courbée, il file en ligne droite…, il passera sans nous voir.
En effet le bon Frère vint sur nous, la proue en avant, lorsque le Père l’arrêta en l’interpellant. Il leva des yeux ébahis, regarda, mais il reçut bientôt ce qu’il ne cherchait pas:
– Mon cher ami, dit le Père, les règles de la modestie sont établies pour nous rendre maîtres de nos sens et non pour nous donner la mine et la démarche d’un abruti. Fuyons l’exagération en tout.
Il observait un jeune religieux qui récitait son office. Il remarqua que ses lèvres n’avaient aucun mouvement perceptible. il alla vers lui et lui dit:
– Homère définit l’homme: un animal à la voix articulée. L’articulation est formée par les lèvres qui distinguent l’homme. Articulez donc votre prière en faisant usage des lèvres que Dieu vous a données pour chanter ou parler son Verbe.