PROPOS DU P. D’ALZON RAPPORTES PAR H. GALERAN

Nîmes COLLEGE élèves
Informations générales
  • PROPOS DU P. D'ALZON RAPPORTES PAR H. GALERAN
  • Des amitiés particulières
  • H.D. Galeran, Croquis du P. d'Alzon, B.P. (1924)
  • Des amitiés particulières, dans *Croquis du P. d'Alzon*, p.245-246.
Informations détaillées
  • ** Aucun descripteur **
  • Elèves du collège
  • COLLEGE élèves
  • Nîmes
  • Collège de l'Assomption
La lettre

Le vent chaud du Midi avait soufflé sur le collège de l’Assomption. A un ordre du jour, le Père parla ainsi aux élèves assemblés:

– Messieurs, quand j’ai fondé un collège, il n’est jamais entré dans mes plans d’en faire un colombier. Cependant un assez grand nombre, parmi vous, ont pris des attitudes de « pigeons s’aimant d’amour tendre ». On roucoule, et ces roucoulements troublent la paix, dérangent les esprits sérieux, nuisent aux études et rendent ridicules ceux qui les poussent. Nous avons, en ce moment, une collection de pigeons qui est très remarquable: nous avons les pigeons-paons qui font la roue, les pigeons-pattus assez gauches, les pigeons-ramiers un peu sauvages, les pigeons qui se rengorgent; nous avons aussi les plaintives tourterelles et les naïfs – pour ne pas dire les sots – tourtereaux. Ce serait à en mourir de rire, car, je vous l’affirme, je n’en suis nullement alarmé. Néanmoins, je vous prie de déposer vos divers plumages, de redevenir des hommes, de jouer en récréation, de cesser vos soupirs et de finir de vous rendre ridicules. Ah! ma division des grands! Qu’est devenu ton bon sens? Quantum mutatus… non, il faudrait: Quantum mutata ab illa… mais la fin du vers n’y serait plus; comment dire alors?

M. Germer-Durand souffla aussitôt:

Mutatur ab illa.

– C’est cela, reprit le Père: Quantum mutatur ab illa! Ah! ma chère division des grands!

Le vers y fut; ces paroles mirent fin aux roucoulements pour tout de bon: le vent changea tout à coup de direction (1).

Notes et post-scriptum
1. Dans une méditation pour la fête de saint Jean l'Evangéliste, le P. d'Alzon oppose à la fadeur des amitiés particulières, l'affection forte et généreuse, dédaigneuse des manifestations d'une tendresse extérieure, l'union des âmes dans l'amour de Notre-Seigneur, qui doit exister entre religieux (Méditations sur la perfection religieuse, I, p.14-15; C00288).