CRISE FINANCIERE DU COLLEGE DE NIMES

4 aug 1857 Tarascon Actionnaires

Conditions auxquelles il sera heureux de se consacrer à nouveau au collège de l’Assomption – Rapports à clarifier entre l’Assomption et Mgr de Nîmes.

Informations générales
  • CRISE FINANCIERE DU COLLEGE DE NIMES
  • DECLARATION DU P.D'ALZON AU COMITE DES ACTIONNAIRES
  • Dans une lettre du P. Picard au P. Galabert du 9 août 1857; Collection dactylographiée des Ecrits du P. Picard, I, n°88 et *Pages d'Archives*, 2, p.33-34.
Informations détaillées
  • ** Aucun descripteur **
  • Comité des actionnaires du collège de Nîmes
  • Actionnaires
  • [4 août 1857]
  • 4 aug 1857
  • Tarascon
La lettre

Je suis tout heureux de revenir et de me consacrer de nouveau à l’Assomption(1); je suis prêt à y sacrifier le peu de forces qui me restent, mais je désire tout à fait rester en dehors des questions matérielles, dont vous seriez chargés. Vous nommeriez un Comité et vous choisiriez votre économe; pour le choix du personnel et la direction morale, je m’en charge entièrement. (Satisfaction générale, ces bons messieurs n’osaient pas demander un pareil arrangement; ils ont donc été enchantés de voir aborder et trancher aussi rondement cette difficulté(2); leur enthousiasme et leur bonheur étaient au comble.) Une question plus importante et plus délicate, ce sont nos rapports avec Mgr l’évêque de Nîmes. Monseigneur n’ignore pas qu’il a fortement été question de moi pour l’évêché de Nîmes, que des propositions m’ont été faites par plusieurs archevêques et évêques, et que si mon nom n’a pas été mis en avant, c’est parce que j’ai refusé absolument pour me réserver tout entier à mon oeuvre. Un évêque a été choisi parmi les représentants d’idées qui n’étaient pas les miennes; malgré cela, il m’a nommé grand vicaire, et n’a pas voulu se laisser vaincre par mes répugnances(3). Je me suis posé franchement vis-à-vis de lui, et si j’ai cru devoir accepter ensuite, c’est pour ne plus faire qu’un seul homme avec lui et me ménager une retraite silencieuse et lente, afin de prouver ma soumission. J’exécutais mon projet, mais une manifestation évidente de la volonté du bon Dieu me rappelle à Nîmes; je suis prêt à y retourner et à correspondre au mouvement catholique qui se manifeste en ce moment, mais je tiens à déposer ce mouvement aux pieds de Monseigneur et à m’effacer autant que possible, afin d’agir avec prudence et de n’avoir pas l’air de me pser comme une puissance en face de lui. Je ne paraîtrai donc pas à Nîmes, et vous laisserai le soin de traiter vous-mêmes avec l’évêque. Il lui reste encore un moyen de manifester sa bienveillance pour l’Assomption, c’est de l’encourager par sa présence à la distribution des prix; s’il refuse d’y assister, cette distribution se fera sans solennité; sinon, elle sera aussi solennelle que possible. Seulement je n’y assisterai pas, afin que le contentement général soit reporté vers l’évêque, au lieu de venir vers moi.

Notes et post-scriptum
1. Un groupe de professeurs et d'anciens du collège de l'Assomption à Nîmes a décidé la constitution d'une société d'actionnaires pour racheter le collège, alors grevé de dettes, et éviter sa fermeture, fixée déjà au 11 août 1857, jour de la distribution des prix. L'abbé de Cabrières, directeur du collège depuis octobre 1855 - l'épuisement nerveux du P. d'Alzon l'ayant amené à abandonner cette charge - n'est pas favorable à ce rachat et il a fait partager son point de vue à l'évêque, Mgr Plantier. Il a même annoncé aux élèves la fermeture prochaine de l'école. Mais les promoteurs de la société des actionnaires ne laissent pas tomber les bras. Répondant à leurs appels pressants, le P. d'Alzon quitte Paris et les rencontre à Tarascon le 4 août. Dans la longue lettre qu'il écrit au P. Galabert, le P. Picard donne, selon son expression, "un résumé bien fade et bien succinct" des propos qu'il leur tint. - Le P. Picard n'a pas été témoin des faits qu'il raconte, mais il en tient les détails du P. d'Alzon lui-même, qui a quitté Nîmes le 7 août pour rentrer à Paris, après un séjour éclair dans le Midi. - Sur cette affaire, voir *VAILHE, *Vie*, II, p.236-249 et *Documentation biographique*, I, p.477-482.
2. Ces "bons messieurs" ne voulaient pas que le collège disparaisse. Ils étaient disposés à contribuer à son sauvetage financier et à sa gestion matérielle mais ne savaient pas encore à qui ils demanderaient d'assumer les autres charges. - La parenthèse représente évidemment une réflexion du P. Picard lui-même.
3. Nommé évêque de Nîmes le 30 août, sacré à Lyon le 18 novembre, Mgr Plantier a fait son entrée à Nîmes le 29 novembre 1855. Dès septembre il a contacté le P. d'Alzon pour la charge de vicaire général, mais la nomination officielle, après agrément du gouvernement, date du 16 décembre 1855.