A la plage, pour des bains de mer.

Je suis forcé par le mal aux dents de sortir de retraite, et je viens vite vous dire un petit bonjour, ma chère enfant. Quel effet vous produisent les bains de mer? Les prenez-vous de cinq minutes? Vous contentez-vous de respirer l’air de la plage? On m’écrit de Montpellier, qu’il y a des chaleurs atroces. Ici, nous avons, sauf quelques heures, un temps charmant. Il me semble qu’il vous serait meilleur que toutes les plages de la terre. Vous allez me répondre, oui, pour prendre mal aux dents. Eh! bien, non, je l’avais apporté de Nîmes; ce n’est pas ma faute s’il m’a accompagné ici. Me croirez-vous si je vous dis que j’ai faim et soif de vous voir et si je suis embarrassé de vous dire: venez vite ou restez. Cependant, comme je sais aimer mes amis pour eux, je vous dirai: restez tant que cela vous sera nécessaire, mais quand vous me reviendrez, vous serez reçue avec bonheur. Prenez le parti ci-dessus pour un éternuement. Augustine est-elle à Sète avec vous? Si elle y est, ne vous accompagnera-t-elle pas au Vigan? Je comprends que Mme Correnson la réclame, mais enfin elle aurait ici du monde pour l’accompagner à Nîmes, si besoin était, ou bien voudrait-elle venir nous chercher? Ne se sent-elle pas quelque envie de faire un pèlerinage à l’Espérou? Je vous préviens que je compte le faire à votre intention et que, si j’obtiens votre guérison, je prends sur ce que le chemin de fer me donnera pour ériger sur le sommet de l’Aigoual une statue à la Sainte- Vierge?

Lettre à Marie Correnson (Lettres, t. VII, p. 376).

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