Il me semble que les tracasseries dont vous me parlez doivent être très pénibles. Toutefois, ne vous découragez pas. Dieu est là. Dominez toutes ces misères par votre charité, votre humilité, votre paix. Pour Aimery, je ne suis pas inquiet: il peut avoir quelques petits torts de forme par où on le prendra, mais le fond est excellent. Je regrette en un sens le parti proposé pour l’une de vos filles. Ma sœur, à qui j’avais cru devoir en dire un mot pour arrêter ses démarches au sujet d’une autre demoiselle, non seulement avait coupé court à son projet, mais m’avait chargé de vous offrir Lavagnac, s’il vous était agréable d’y venir pour traiter l’affaire de plus près sans inconvénient. Je pense que vous pouvez parfaitement décourager vos filles du mariage. C’est ce que saint Liguori faisait, tant qu’il pouvait, dans ses sermons (1). Il me semble que rien ne pourrait vous être plus heureux sous tous les rapports, mais il faudrait dans ce cas les pousser à une vie chrétienne un peu énergique. Elles ont besoin d’être un peu plus que ratissées pour porter un pareils poids.
Lettre à la Comtesse de Narbonne-Lara (Lettres, t. V, p. 466).
(1) Quoi qu’il en soit des conseils du saint au sujet du mariage des jeunes filles, le P. d’Alzon avait une grande estime pour la morale liguorienne, plus circonstanciée et plus humaine que le legs jansénisant. Sa diffusion en France dans la première partie du XIXème siècle contrecarra la rigueur des doctrines jansénistes dont les marques étaient encore profondes dans le clergé.