Faut-il parler de ces processions solennelles, s’avançant au milieu des rues comme pour un triomphe? Quelquefois la marche s’ouvre par de jeunes enfants, couverts des emblèmes de leurs saints patrons; de petits anges avec des ailes d’or et d’azur offrent un spectacle plein de grâce. Il semble qu’empruntant le corps de ceux qu’ils sont chargés de protéger, ces princes du ciel soient descendus sur la terre pour rendre moins indigne le cortège de celui qui est le maître de tous. Après les jeunes vierges vêtues de blanc, voyez-vous ces vieillards avec une robe grise, un bourdon à la main; ce sont de pieux pèlerins; ils ont accompli bien des voyages, traversé bien des mers, et maintenant, dans leurs derniers jours, ils sont heureux de revoir encore les fêtes qui avaient charmé leur enfance. C’est quelque chose de majestueux que ce concours du clergé avec ses vêtements du sacrifice; il est beau de voir ces vieux prêtres, qui ont connu le poids du travail, entourer cette nourriture divine que leurs paroles ont fait si souvent descendre du ciel, que leur main a distribuée à tant d’âmes infirmes, et dans laquelle ils ont puisé leur force au jour du combat. Il y a aussi quelque chose de touchant dans ce chœur de jeunes lévites dont l’encensoir fume devant la victime, comme un symbole d’une ardente prière ou qui, avec les fleurs qu’ils jettent devant l’Agneau sans tâche, lui offrent les pures et délicates fleurs de leur virginité.
Article publié dans le Correspondant, juin 1829, d’après T.D. t. VII, p. 204, 205. Cf Lettres, t. A, p. 27.
Note. La solennité de la Fête-Dieu se déroulait alors volontiers dans ce cadre festif en plein air.