Benoît, abbé, Patron de l’Europe.

J’ai visité la chapelle où étant venue passer la journée avec son frère Benoît (1), celui-ci vers le soir voulut s’en retourner au monastère. Scholastique le conjurait de passer encore la nuit avec elle. Benoît s’y refusa, de peur d’avoir l’air de fournir prétexte à la violation de la règle. Mais Scholastique mettant la tête dans ses mains pria avec une telle abondance de larmes qu’aussitôt le ciel se couvrit de nuages, et la pluie, les tonnerres se précipitèrent avec une telle furie qu’il fut impossible à Benoît de sortir, et Scholastique se tournant vers lui: ‘Maintenant partez si vous le pouvez et voyez comment Dieu vient de m’accorder sur-le-champ ce que vous me refusiez avec tant de dureté’. Le lendemain ils se séparèrent, pour rentrer chacun dans leur couvent, et peu après Benoît, priant dans sa montagne, vit l’âme de sa sœur monter au ciel sous la forme d’une colombe… Faisons comme Scholastique, obtenons qu’un homme de Dieu reste longuement avec nous, ou du moins multiplie ses visites.

Homélie du P. d’Alzon, publiée dans Le Pèlerin, 9 février 1878, p. 83.

Note. Emmanuel d’Alzon a visité le couvent du Mont-Cassin et ses environs en janvier 1834 (San Germano). On sait que ces lieux historiques furent sévèrement touchés au cours de la seconde guerre mondiale, en mai 1944, lorsque les troupes anglo-polonaises durent déloger la résistance allemande (centre de la ligne Gustav). Ils furent reconstruits à l’identique et inaugurés par le pape Paul VI en 1964.