La fin de toute année scolaire, en ouvrant à un certain nombre de jeunes hommes les portes de la maison où ils furent formés et où ils ne rentreront plus comme élèves, en laisse plus d’un avec la préoccupation de l’avenir et d’une carrière à poursuivre. Cette préoccupation commence même avant le dernier moment. Elle s’empare non seulement d’un père, d’une mère sur qui pèse à cette heure une si grande responsabilité, mais aussi de ces bouillantes imaginations; et, au lieu de les pousser à l’étude, elles les en détournent quelquefois, comme une distraction funeste. C’est que tout, dans les pensées d’une tête de dix-huit ans, n’est pas toujours sérieux, et que, dans la poursuite de ce que l’on appelle le positif, on s’écarte quelquefois du réel. Hélas! que de fois n’avons-nous pas gémi, en voyant la vie considérée par le côté purement matériel! Non que nous ayons jamais pensé que tous dussent prendre leur vol vers les régions les plus sublimes; mais nous avons souvent regretté de ne pas sentir les résolutions les plus modestes ennoblies par des motifs supérieurs; et combien n’avons-nous pas déploré cet amour du terre-à-terre, qui classe seulement, parmi les résultats pratiques et sérieux, ceux qui se traduisent par l’ampleur du traitement ou du dividende!
Discours de distribution des prix, 1863, d’après T.D. t. 1-5, p. 207 bis et 208.
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