Chaire de saint Pierre à Rome. Sens ecclésial et amour de l’Eglise.

Or, l’Eglise, nous l’aimons, parce qu’elle renferme tous les trésors de l’ordre surnaturel qui lui ont été confiés par son divin Epoux et que la Révolution la déteste. En elle nous trouvons la prédication de la vérité, la loi parfaite, le germe de toutes les vertus; en elle, nous trouvons le véritable royaume de Dieu ici-bas (1), l’assemblée des saints et des disciples de Jésus-Christ; en elle, nous contemplons la stabilité au milieu des sociétés qui s’écroulent; par elle, nous avons la divine espérance d’un bonheur inaccessible à l’homme isolé; par elle, nous sentons la force de nous élancer de l’exil de la terre vers le ciel, notre éternelle et glorieuse patrie. Mais tout cela est au-dessus de la nature, tout cela est de l’ordre divin, auquel Notre-Seigneur par son Eglise seule nous initie, et c’est pour cela que notre amour pour l’Eglise est avant tout surnaturel.

Instruction de 1868, d’après Ecrits Spirituels, p. 137.

(1) La formule du P. d’Alzon assimile volontiers le couple Eglise-Royaume. L’Ecriture n’identifie pas l’Eglise au Royaume: l’Eglise est l’anticipation, la figure annonciatrice des réalités du Royaume (Mt 13, 53-18, 35).

Pierre a confessé la mission divine de Jésus, et Jésus, en échange, lui donne la mission merveilleuse d’être le roc sur lequel l’Eglise sera fondée. Il l’associe d’une manière admirable à son œuvre. Voulant construire un édifice aussi durable que les siècles sur la terre, il prend le pêcheur de Galilée et il le met à la base: Tu es Petrus et super hanc petram aedificabo Ecclesiam meam (1). Examinons: 1° le privilège de Pierre; 2° l’union dans laquelle nous devons nous établir avec lui. Ce n’est ni la chair ni le sang qui ont révélé au fils de Jean (2) que Jésus était le Christ salué de loin par les patriarches et les prophètes. C’est une révélation du ciel qui l’a illuminé, mais, fidèle à la lumière d’en haut, il a cru et il a parlé. Credidi propter quod locutus sum (3).

Méditations sur la Chaire de saint Pierre, Méditations sur la perfection religieuse, t. I, BP., p. 83-84.

(1) ĞTu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Egliseğ: Mt 16, 18.

(2) Mt 16, 17.

Ğ J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parléğ d’après Ps 116 [114-115], 10.