Mille fois merci, mon cher ami, des détails que vous me donnez sur nos enfants. Il ne faut pas trop se décourager parce que quelques-uns vont mal, les autres lentement. Il faut imiter l’admirable patience de Notre-Seigneur qui ne se décourage jamais. Il viendra un moment, comme de Dieu, où le St Esprit soufflera sur tous ces petits cœurs pulvérisés par le péché et la vie renaîtra; et il y aura encore de l’amour et de la chaleur, là où nous ne découvrions que des cendres éteintes.
Pour ceux qui vont bien, il ne faut pas se presser non plus. Craignons les plantes fumées avec de la chaux: la végétation hâtive n’est pas la plus forte ni la plus durable. Du reste, cher ami et cher fils, comment pouvez-vous y tenir? Tout le monde m’adresse cette question, et moi qui vous aime comme vous savez, je vous la fais en ajoutant: et le Diable, qu’en pense-t-il, vous laisse-t-il dormir en paix quand vous lui aurez fait quelques captures? Au moment où vous démasquez un de ses pièges tendus à quelques-uns de vos élèves, ne vous fait-il pas tomber dans quelque vilain trou creusé par l’amour-propre? Votre pensée s’élève-t-elle toujours bien pure, bien droite vers Dieu? Vous comprenez quel intérêt j’ai à vous faire cette question. Ils sont bien mes enfants, mais n’êtes-vous pas un de mes fils aînés?
Lettre à Jules Monnier (Lettres, t. XIV, p. 139-140).
(1) Un portrait sera consacré plus loin à cette belle figure que fut Jules Monnier, éducateur et fils spirituel du P. d’Alzon.