Demander l’esprit de force pour sortir de l’engourdissement.

Ce qui me fait plaisir dans votre lettre, c’est que vous demandez de la force, et je crois bien qu’elle ne peut vous venir que par une obéissance confiante. Il faut que vous permettiez que l’on vous force à faire ce que vous n’oseriez pas faire toute seule. Vous voyez le bien, vous avez des aspirations vers ce qui est beau, saint, grand, parfait, et si tout cela pouvait venir dans votre âme, pendant que vous regardez les nuages, ce serait à merveille. Eh bien! ma fille il faut travailler et tendre à la perfection que Dieu veut de vous. Votre âme est comme ces jardins engourdis, pendant l’hiver, sous une double couche de feuilles mortes et de neige. Mais vienne le printemps, tout reverdit et le repos de la saison morte décuple la vigueur de la végétation, aux premiers beaux jours. Vous avez été assez longtemps sous votre neige et dans votre sommeil. Saint Paul veut que, quand l’heure sonne, on se réveille et l’on se lève (1). Je ne sais pourquoi je me persuade que je n’aurai pas perdu pour attendre.

Lettre à Angélina Chaudordy (Lettres, t.V, p. 428-429).

(1) Eph. 5, 14.