Dieu d’amour, Dieu-Amour.

Deus caritas est (1). En Dieu l’amour n’est pas une faculté comme en nous, mais l’être même. Dieu ayant une volonté, cette volonté se porte sur certains objets, et voilà l’amour. Car l’amour est une force qui nous porte à nous unir à un objet, dans lequel nous trouvons notre bien, Amor est vis unitiva (2). Les créatures ont besoin d’un objet à aimer en dehors d’elles-mêmes, parce qu’aucune créature n’est son propre bien. Dieu, au contraire, ne peut chercher que lui-même, et ce qui serait le comble du désordre chez nous est l’ordre en Dieu, car l’être infini, le bien infini doit s’aimer infiniment lui-même par une intelligence et une volonté infinies. L’amour en nous est toujours accompagné de passion et d’émotion, parce que nous n’arrivons à Dieu que par les sens. En Dieu, au contraire, l’amour est élevé, calme, et c’est vers cette tranquillité, que nous devons tendre en nous séparant des sens. Notre amour sera d’autant plus parfait qu’il sera appuyé par une connaissance plus parfaite. Or, rien n’est plus parfait que la foi. Nous devons nous détacher de nos idées propres et revêtir par la foi des idées divines.

Octave du Saint-Sacrement, d’après les Ecrits Spirituels, p. 864.

(1) 1 Jn 4, 8.

(2) Expression typique de la pensée scolastique, l’amour comme voie ou force d’union. Cette élévation sur l’amour de Dieu rejoint une insistance marquée du P. d’Alzon qui se plaignait, en citant Bossuet à l’appui, que de son temps déjà on n’étudiait pas assez de théologie et que l’on se contentait trop de prêcher la morale. Pour lui il fallait nourrir la prédication de théologie de façon à développer la piété en soi et dans les autres.