Le temps s’en va, mais Dieu reste, éternel, immuable. Il était avant moi, et quand mon corps sera détruit, il sera encore. Il a donné l’immortalité à mon l’âme, et un moment vient où je serai seul à seul avec lui pour mon jugement. Mais avant d’être mon juge, il est mon Créateur, mon Père, mon Sauveur. Ne puis-je pas comprendre que s’il reste quand tout va m’être enlevé, c’est sur lui seul que je dois m’appuyer? Comme dit saint Augustin, ĞJe dois sans doute me servir des créatures passagères comme moi, mais ne m’appuyer que sur Dieuğ (1). J’entends chanter bien souvent ces paroles: Et veritas Dominis manet in aeternum (2). Qu’est-ce à dire? La vérité de Dieu, c’est l’être de Dieu, la réalité de Dieu; Dieu dans sa plénitude, la beauté de son être; Dieu avec son infini pouvoir, sa sagesse, sa bonté, son amour, sa gloire, son bonheur. Or, si Dieu reste, et si je puis aller à Dieu, qu’ai-je besoin d’autre chose. Mon Dieu, qui restez pour l’éternité, je n’ai plus besoin de quoi que ce soit puisque vous serez à moi éternellement, si je le veux.
Instructions des Tertiaires, B.P., 1930, p. 54.
(1) Pensée familière à saint Augustin, ainsi dans le De Doct. Christ., chap. III.
(2) Ps 117 [116], 2: ĞPour toujours sa véritéğ.