Du travail des mains.

A ce propos, je dois vous raconter le résultat de mes propres expériences et en même temps la différence d’opinion qu’on peut avoir sur cette question. Il arrive quelquefois, au Vigan, que le Père Hippolyte envoie ses novices aux travaux des champs, pour ramasser le foin, vendanger, selon que le travail l’exige. Quand le P. d’Alzon est au Vigan, il va aussi dans les prés pour donner l’exemple, mais il souffle bientôt et ses soixante ans l’obligent de s’arrêter. Eh bien: le P. Laurent qui est, vous le savez, un excellent religieux, très fervent, très scrupuleux même, est fort scandalisé de cette façon de faire; il trouve tout à fait inutile d’employer à des ouvrages serviles des novices destinés à être un jour prêtres, professeurs ou missionnaires. Examinons donc cette question, et, sans vouloir faire une mauvaise querelle au P. Laurent, je vous dirai tout d’abord que le P. Hippolyte a raison. Il est très utile d’imposer aux novices le travail des mains, parce qu’il est bon de subir quelquefois une humiliation; parce que, pour guérir la paresse et corriger certaines indépendances, le travail est un moyen admirable. Sans entrer dans les discussions de Mabillon et de M. de Rancé à ce sujet, ma conviction est que, dans certains cas, rien n’est bon pour mater les mauvaises [têtes] comme le travail en plein air. Si une religieuse fait endêver sa supérieure, qu’elle l’envoie ramasser du foin… Si on faisait tourner l’eau du puits aux religieuses malades d’esprit, bien des têtes s’arrangeraient.

Extrait d’une Conférence aux Religieuses de l’Assomption (novembre 1870), d’après Ecrits Spirituels, p. 673-674.

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