Entre guerre et paix, un patriotisme de charité.

A une guerre glorieuse succède une paix glorieuse aussi par la modération du vainqueur, les principes qu’elle consacre, les alarmes qu’elle apaise, les sacrilèges espérances qu’elle confond. Plus tard, on vous demandera des prières d’actions de grâces pour un bienfait si promptement obtenu; aujourd’hui, nous venons vous indiquer un devoir de bienfaisance chrétienne à proposer à vos paroissiens. Quelque rapide qu’ait été la lutte, elle n’en a pas moins fait des victimes: les unes ont succombé, les autres sont étendues sur un lit de douleur. Les familles privées d’un de leurs membres, les blessés réduits à l’inaction réclament des secours que la France doit être fière de leur offrir. Une souscription nationale a été ouverte à cet effet, et nous venons, Monsieur le curé, vous prier de faire appel au patriotisme autant qu’à la charité de votre troupeau. Vous recueillerez tous les dons en argent ou en nature qu’on voudrait bien vous confier et vous les verserez, soit entre les mains du maire de votre commune, soit entre les mains du maire de votre canton, nommé président du Comité particulier pour recevoir cette sorte de secours.

Lettre au clergé du diocèse de Nîmes (Lettres, t. III, p. 120).

Cet appel à une solidarité nationale en faveur des victimes de la guerre faisait suite au conflit franco-sardo-autrichien par lequel naissait une première forme d’état italien en 1859. Si l’Eglise ne peut empêcher les conflits, elle cherche toujours à en humaniser les tristes conséquences.