Jeu de boules à l’Assomption.

Le jeu de boules est très populaire dans le Midi. La partie est disputée, sous les yeux de spectateurs, entre deux équipes composées de tireurs et de pointeurs. Après le dîner, en sortant du Miserere, le P. d’Alzon, suivi de sa petite bande, se dirigeait vers le champ du combat. Il était tireur, mais tireur à faire éclater les boules sur lesquelles la sienne tombait. Il avait un avantage d’après les experts, car il était gaucher en jouant. Le P. Hippolyte [Saugrain] était un terrible tireur. Victor Cardenne était le premier pointeur. Le P. Tissot lui aussi pointait, avec un système à lui. Lyonnais d’origine, il pointait scientifiquement, c’est pourquoi il manquait habituellement son coup. Le P. Brun était brave; il levait la boule en l’air, avant de pointer, sûr de son affaire. Il le croyait aussi, mais trouvait immanquablement des excuses: ou il avait plu, ou la terre était trop sèche, ou le terrain était dérangé depuis la dernière fois. C’était un pointeur d’espérance et d’avenir, puisque plusieurs de ses anciens élèves m’assurèrent qu’il était par la suite devenu très fort. Les spectateurs suivaient le jeu en silence, le cœur palpitant, imitant par les mouvements du corps ceux de la boule qui roulait à droite, à gauche, pour arriver vers le but. Quand elle s’arrêtait, tous les corps se redressaient et alors les langues se mouvaient pour vociférer, selon le cas, approbations, moqueries, applaudissements ou quolibets. L’Assomption, d’origine nîmoise, avait son jeu de boules, de l’autre côté du viaduc.

Récit résumé, d’après Galeran, Croquis du P. d’Alzon, p. 166-168.

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