La perfusion de la prière, remède au dessèchement de l’orgueil.

Notre-Seigneur me disait, ce me semble, encore de vous rappeler ce que vous êtes, et, en revenant sur la fête d’hier, je repassais cette strophe de notre office: Ecce sedes hic Tonantis, Ecce coeli janua, Hic sacerdos, ara, templum, Hic Deus fit hostia (1). Je vous appliquais ces paroles, et dans mon cœur je voyais un trône pour Dieu, la porte du ciel pour vos élèves, un prêtre, un autel, un temple pour Jésus-Christ qui peut venir s’y faire victime, afin que vous soyez victime avec lui. Voilà, ma chère enfant, quelque chose de ce que j’ai pensé à votre sujet. Je vous le dis fort mal; mais ce que je ne puis pas, ce me semble, vous exprimer, c’est le désir qui se versait en quelque sorte de mon cœur avec tant de plénitude aux pieds de notre divin Maître, pour obtenir de lui que vous mettiez votre âme devant Notre-Seigneur comme une fleur devant le soleil. Oh! si ma prière pouvait porter quelque goutte de rosée à cette chère petite plante, et l’empêcher de se dessécher au vent de l’orgueil!

Lettre à Sœur Marie-Augustine Bévier (Lettres, t. XIV, p. 150).

(1) De l’office de la fête de la Dédicace de Saint-Jean de Latran.