Eh bien, la patrie du chrétien, c’est la vérité. Par la vérité le chrétien a un père qui est Dieu; par la vérité le chrétien a un frère qui est Jésus-Christ, des frères qui sont tous des hommes; par la vérité le chrétien a un champ que son intelligence cultivera; par la vérité il a la gloire, il a des lois, il a la liberté. Et si tout cela ne forme pas la patrie, je ne sais pas ce qu’est la patrie. Mais c’est quelque chose de plus: c’est le lieu où l’on se repose, le lieu où l’on est heureux. Le lieu où l’on est heureux n’est pas sur la terre, il est là-haut. Or quel repos là-haut? N’est-ce pas la claire vision? Le bonheur découle donc de la vérité, lumière de Dieu même, en qui il est donné de voir la lumière faite pour l’œil de l’homme: in lumine tuo videbimus lumen (1).
Sermon sur la vérité (T.D., t. 42, p. 208).
(1) Dans ta lumière nous verrons la lumière’, d’après le psaume 36 (35) 10b. Ce passage nous aide à saisir de manière concrète la méthode familière avec laquelle le P. d’Alzon cherchait à toucher son auditoire. Les mystères les plus élevés de la foi ne lui faisaient pas peur, mais il savait les présenter sous un jour concret, par l’analogie de la foi, en s’aidant des relations qui unissent intimement ces vérités entre elles. Les mots abstraits prennent une coloration toute humaine en formant image. Le P. d’Alzon était sans cesse préoccupé d’approfondir les multiples implications qu’entretiennent entre elles ces vérités de foi en les parant de vêtements tirés du langage de la terre: les relations de père et de frère, le champ à cultiver, la patrie du repos et du bonheur. L’horizon reste à Dieu d’où jaillit toute lumière.