L’affection mutuelle comme levier de perfection.

Je ne sais si vous avez, autant que vous pouvez l’avoir, la tendresse chrétienne de deux sœurs, chez qui l’amitié de l’âme est plus forte encore que les liens du sang. Sainte Thérèse parle quelque part de cette amitié et souhaiterait en être le but, parce qu’elle est utile à celle qui en est l’objet, et qu’elle est une vertu chez l’âme qui la possède. Voulez-vous désormais vous aimer ainsi? Vous répondez oui, assurément, et ce n’est pas là une de ces questions qui embarrassent et qui troublent quelqu’un de ma connaissance. Eh bien! si votre réponse est affirmative, il faut que vous fassiez l’une à l’autre la promesse de vous supporter réciproquement, de ne plus écouter les petites misères qui mirent un peu de froid entre vous, à l’époque du départ de Juliette pour Vichy. Ce n’est pas tout, ou plutôt ce n’est rien; il faut que, dans une communion que vous ferez l’une pour l’autre, vous demandiez à Notre-Seigneur la force d’accomplir les devoirs mutuels qui pèsent sur deux personnes résolues à s’exciter réciproquement à la perfection. Ce ne sera pas toujours facile. Le caractère de chacune de vous voudra quelquefois reprendre le dessus; l’une sera trop vive, l’autre sera trop sombre; l’une se découragera quand l’autre sera en ferveur. Il n’en est pas moins vrai que le Saint-Esprit a dit: ĞLe frère aidé par son frère est comme une citadelle fortifiéeğ (Pr 18, 19).

Lettre à Juliette Combié et à Mme Doumet (Lettres, t. II, p. 527-528).

Note. Les Combié étaient quatre. Outre les deux citées, Maurice et Sœur M.-Catherine.