Les auteurs classiques chrétiens : du vrai beau.

Nous dégagerons la querelle des auteurs classiques de certaines questions qu’il est inutile de traiter ici, et sur lesquelles nous dirons seulement que, les efforts faits pour constater l’union ayant constaté au contraire la divergence, jusqu’à ce qu’une autorité supérieure se prononce, nous garderons notre liberté et toute notre liberté. Dans toute controverse, un instinct infaillible avertit les hommes, comme à leur insu, du secret rapport qui subsiste, alors même qu’on ne l’aperçoit pas du premier coup, entre les questions en apparence secondaires et les questions majeures. Aussi la séparation se fait-elle tout naturellement; et, si nous savons qui est contre nous, nous savons également qui est pour nous. Contre nous, nous avons ceux qui, mettant le culte de la forme au-dessus de tout, prétendent trouver dans le paganisme la plus complète réalisation de la beauté littéraire; oubliant qu’un païen des plus éloquents, le divin Platon, définit le beau ‘la splendeur du vrai’. Alors même qu’on trouverait le beau jusqu’à un certain degré dans les œuvres païennes, son expression la plus haute ici-bas ne peut que se rencontrer dans la doctrine dépositaire de la plus haute et de la plus complète vérité. Contre nous sont tous ceux qui placent la perfection de la beauté dans l’expression du monde extérieur, dans tout ce qui flatte les sens, ne s’apercevant pas qu’autant l’âme est au-dessus du corps, autant les beautés du monde intellectuel sont au-dessus des beautés que peut offrir le monde de la matière.

Discours de distribution des prix, 1852, d’après T.D. t. 1-5, p. 152.

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