Lire la plume à la main.

Il ne suffit pas d’avoir lu vingt ou trente volumes pour avoir tiré de l’histoire de l’Eglise tout ce qu’on peut en obtenir; il faut encore s’arrêter à tous les problèmes soulevés à chaque instant, à chaque pas, dans cette marche à travers la vie des peuples. Ce n’est pas d’un coup d’œil rapide qu’il faut dévorer ces pages chargées de faits, d’affirmations, de réfutations plus ou moins développées. C’est la plume à la main qu’il faut fouiller tous ces filons et les épuiser en quelque sorte. Il faut, là où la vérité apparaît dans tout son jour, prendre pour point d’appui des vérités incontestables, là où la lumière semble faire défaut, revenir avec patience et obstination, n’avancer qu’avec prudence; il faut faire de nombreux extraits, mais aussi poser de nombreux points d’interrogation. On dit que les bibles de Bossuet et ses exemplaires de saint Augustin étaient criblés de notes; je voudrais que le jeune homme auquel je m’adresse, condamné à ces études solitaires, que fait le génie et qui le font à leur tour, comme dit M. de Bonald, je voudrais que, lui aussi, maltraitât de la sorte son exemplaire de l’histoire ecclésiastique, qu’il la prît, si l’expression est juste, corps à corps, et qu’après l’avoir lue une fois, il la relût encore, dût-il y trouver des taches, des lacunes, des solutions incomplètes.

D’après les Ecrits Spirituels, p. 1044-1045 (Histoire de l’Eglise).

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