Monte-Porzio est une des collines qui terminent les vastes plaines de la campagne de Rome, du côté du Sud-Est. Appuyée contre la montagne sur laquelle exista Tusculum, elle a, à gauche, la moderne Frascati, à droite Tivoli ou Tibur, comme il te plaira. Dans un horizon terminé par Tibur d’un côté et par Tusculum de l’autre, dans le fond par la mer, les Apennins, le mont Soracte, sentinelle avancée des montagnes dela Sabine, il faut placer l’immense plaine de Rome et, au milieu de cette plaine, la Ville Eternelle couchée dans ces campagnes arides et muettes. Ce tableau est admirable, surtout si tu peuples chaque inégalité de terrain de quelque souvenir grandiose. D’abord, c’est dans cette plaine que se sont passées toutes les aventures d’Enée, racontées dans les six derniers livres du poème de Virgile. Puis, ce sont des traditions plus historiques.C’est le lac Régille, toujours immobile depuis les guerres des anciens Romains; ce sont le mont Sacré, le tombeau de Néron, le champ que laboura Cincinnatus, la campagne de Régulus, les arcs de Claude, et puis mille et mille débris de villas, d’arcs de triomphe, de bains, de columbaria qui servent, avec les rares et magnifiques pins, à faire juger de l’immensité de ce théâtre abandonné de tant de victoires, de tant de plaisirs et de tant de douleurs.
Lettre à Clément Rodier (Lettres, t. A, p. 706-707).
Note. Clément Rodier est un cousin germain du P. d’Alzon.