Notre-Dame de Salut (1).

Ici je suis entièrement sur le terrain de Notre-Dame de Salut (2). Oui, il faut des prières et beaucoup de prières. Il faut se tourner vers Notre-Seigneur, crier vers lui et ne pas se décourager. Que dirai-je de toutes les prières que la persécution peut faire surgir? Que dire à cet égard, sinon que la prière continue a un poids infini dans les balances divines? Multum valet deprecatio justi assidua: la prière assidue du juste a une valeur immense (Jc 5, 16). C’est l’admirable travail de la communion des saints. Prions et faisons prier, poussons à la prière autant que nous en sommes capables. Cette prière finira par pénétrer les cieux avec celle de Jésus-Christ. Que la mollesse de la vie des chrétiens soit un obstacle à l’action de la miséricorde divine, rien de plus évident. Comment voulez-vous que le cœur de Dieu se laisse toucher par des prières, parties d’âmes plongées dans toutes les recherches de la vie commode et, quelquefois même, dans les plaisirs défendus? Oui, il faut avoir le courage de mener une vie plus sévère, il faut savoir rompre avec une foule de lâchetés, de concessions aux sens, lesquelles, énervant les caractères, nous donnent ces hommes prêts à tout céder à propos des grands intérêts religieux, pourvu qu’ils s’amusent.

Trentième méditation, d’après les Ecrits Spirituels, p. 566-567.

(1) L’œuvre de Notre-Dame de Salut doit ses origines à l’Association de prières du même nom créée le 24 janvier 1872 à la chapelle de la rue François Ier à Paris, sous les auspices d’une belle statue médiévale de la Vierge à l’Enfant, trouvée chez un brocanteur en 1855 par un élève du collège de Clichy pour être offerte au Supérieur de l’époque, le P. Charles Laurent. Transférée à Auteuil, défigurée lors de la Commune en 1871, la statue, restaurée, a retrouvé sa place dans la chapelle de la rue François Ier, après les transformations du lieu (1986).

(2)

L’Association de Notre-Dame de Salut avait, pendant les mois qui précédèrent l’année 1878-1879, où le Père d’Alzon écrivit cette méditation, provoqué, sous la direction des Religieux de l’Assomption, des pétitions couvertes de 1. 600. 000 signatures, et des prières nationales qui se répandirent avec un admirable élan dans tous les diocèses de France. L’Association de Notre-Dame de Salut se fit connaître par cet élan de prières publiques qui revendiquaient, après les années funestes de la guerre de 1870, un certain nombre de mesures à caractère social, comme le respect du dimanche, l’obligation du dimanche jour férié ou encore le droit pour les catholiques d’inspirer une législation chrétienne.