Office des Ténèbres (Semaine sainte à Rome, 1834)

Vous êtes surpris, je suis sûr, que deux pages d’une lettre datée de Rome, le Samedi-Saint, ne renferment pas un mot de la Semaine Sainte. Voici pourquoi. C’est que ce que j’en ai vu au commencement m’a dégoûté de voir la fin. J’allai, le Mercredi Saint, aux Ténèbres de la Chapelle Sixtine. Sans être musicien, je puis dire que les Jérémies et le Miserere furent admirables, mais c’est un vrai scandale. J’étais à côté de gens qui parlaient beaucoup, et, quoique le Saint Sacrement ne fût pas dans la chapelle, je fus vexé au suprême degré de me trouver au milieu de gens qui considéraient cet office comme un spectacle. Je n’y suis plus retourné. Le Jeudi-Saint, j’ai parcouru quelques églises qui sont superbes. Demain, j’irai à Saint-Pierre, parce qu’on peut se bien placer et n’avoir pas trop de bruit. La Semaine Sainte à Rome est la plus belle chose que l’on puisse voir, quand on est résolu de la passer en amateur, et dans ce cas je ne sais pas trop ce qu’on peut y voir, car sans la foi les cérémonies ne sont qu’une comédie.

Lettre à Henri d’Alzon (Lettres, t. A, p. 533).