Privilégier dans la vie spirituelle l’esprit d’amour à celui de la crainte.

Je sais qu’il est quelquefois difficile de bien marcher, quand on a dix-sept ou dix-huit ans. Je ne crois pas qu’il y ait un âge, pour lequel Notre-Seigneur réserve plus de miséricorde que celui-là. Il y a, à ce moment, tant de dangers à courir qu’il faut bien trouver auprès de Notre-Seigneur ce que notre faiblesse semble nous enlever d’activité pour le bien.

Continuez, mon cher Adolphe, les lectures comme celles que vous me citez. Seulement, je vous avoue que j’aime peu le genre désespérant de Massillon: c’est un homme qui vous damne, à force de vous menacer de l’enfer. Certes, la pensée du salut et de l’éternité est bien propre à faire réfléchir; mais, à côté de la justice de Dieu, je pense qu’ilfaut toujours parler de sa bonté; et, quoiqu’il ne faille pas en abuser, il y a dans un sentiment de confiance filiale quelque chose qui touche plus le cœur de Dieu et le dispose plus en notre faveur.

Lettre à Adolphe Amouroux (Lettres, t. I, p. 220).

(1) Adolphe Amouroux était un ancien élève du collège de l’Assomption de Nîmes, originaire de Perpignan, devenu par la suite notaire et Président de l’Association des anciens élèves, très lié affectivement au P. d’Alzon.