Saint Bruno, fondateur des Chartreux.

Je vous écris de Valbonne, Madame, où je suis venu faire une visite au P. de Vaulchier. Peut-être sont-ce des adieux, car où serons-nous dans quinze ou vingt jours? On veut procéder sous le coup de la franc-maçonnerie. Or, il faut que les religieux se voient et s’entendent pour mettre le plus d’ensemble possible dans leur conduite, quelle que soit la malveillance dont ils sont l’objet. En assistant à leurs offices, je me disais: On ne trouve aucun danger à tous ces chanteurs de rue, de café, de concerts; et des hommes qui ne se réunissent que pour prier Dieu, faire travailler et donner l’aumône, (car voilà leur vie), on les trouve un péril social, parce qu’ils se couchent quand M. Gambetta se met à table, et se lèvent pour demander à Dieu pardon de tous les crimes accomplis dans les ténèbres. La France est bien appauvrie dans son vieux caractère. Voilà ce qu’il faut conclure et voilà aussi ce qui vous explique pourquoi je suis venu ici, au lieu de prendre la route de Servas. Vous avez agi avec une parfaite prudence en ne m’invitant pas à baptiser M. Jean-Baptiste. Qui sait? J’en aurais peut-être fait un Chartreux, car saint Jean-Baptiste est le grand patron des fils de saint Bruno.

Lettre à Mme Varin d’Ainvelle (Lettres, t. XIII, p. 399).

(1) Le P. d’Alzon aimait et connaissait l’Ordre des Chartreux. Il visita la Grande-Chartreuse en 1835, et fréquenta surtout la chartreuse de Valbonne. Il eut quelques velléités de se faire lui-même chartreux, même si nous doutons quelque peu de ses aptitudes réelles à la vie cartusienne. Il conserva des liens étroits avec un ancien condisciple séminariste de Montpellier, l’abbé Roch Boussinet, devenu prieur général de l’Ordre en 1877.